LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 64
Photo de PAPAPOUSS
LA BIBLE EXPLIQUÉE.
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ANCIEN TESTAMENT.
(Partie 64)
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RUTH.
Au milieu de la nuit, Booz fut tout étonné de trouver une femme à ses pieds, et lui dit : Qui es-tu ? Elle répondit : Je suis Ruth, ta servante ; étends-toi sur ta servante, car tu es mon proche parent... Booz lui dit : Ma fille, Dieu te bénisse ; tu vaux encore mieux cette nuit que ce matin ; car tu n'as point été chercher des jeunes gens, soit riches, soit pauvres... Ne crains rien ; car je ferai tout ce que tu as dit ; car on sait que tu es une femme de bien... J'avoue que je suis ton parent ; mais il y en a un autre plus proche que moi... Reste ici cette nuit, et si demain matin le proche parent veut te prendre, à la bonne heure ; s'il n'en veut rien faire, je te prendrai sans nulle difficulté, comme Dieu est vivant... Dors jusqu'au matin...
Elle se leva avant que le jour parût ; et Booz lui dit : Prends bien garde que personne ne sache que tu es venue ici ; étends ta robe ; tiens-là des deux mains. Elle étendit sa robe et la tint des deux mains, et il y mis six boisseaux d'orge qu'elle emporta à Bethléem (1)...
(Chapitre IV.) Le proche parent de Ruth n'ayant pas voulu l'épouser, Booz dit à ce proche parent : Ôte ton soulier. Et le parent ayant ôté son soulier (2)... Booz prit Ruth en femme ; il entra en elle, et Dieu lui donna de concevoir et d'enfanter un fils. Ils l'appelèrent Obed ; c'est lui qui fut père d'Isaï, père de David (3).
1 - Le conseil que donne Booz à Ruth de se lever avant le jour, et de prendre garde qu'on ne la voie, fait croire qu'au moins Ruth a fait une action plus qu'imprudente. Le texte dit que Booz était devenu plus gai après avoir bu. Cette circonstance, jointe à la hardiesse de cette femme de s'aller mettre dans le lit d'un homme, peut faire penser que le mariage fut consommé avant d'avoir été proposé. Nos mœurs ne sont pas plus chastes, mais elles sont plus décentes. Il semble que les six boisseaux d'orge soient une récompense des plaisirs de la nuit : mais quelle récompense que de l'orge dans son tablier !
Notre réponse à ces censures est qu'il se peut très bien que Booz n'ait rien fait à Ruth cette nuit-là, et que le conseil de s'évader avant le jour n'ait été qu'une précaution pour dérober Ruth aux railleries des moissonneurs.
2 - La loi portée dans le Deutéronome, chapitre XXV, était qu'une femme veuve, que le frère de son mari refusait d'épouser, était en droit de le déchausser et de lui cracher au visage. Mais c'était à la femme seule à s'acquitter de cette cérémonie, et on ne pouvait cracher qu'au visage de son beau-frère. Il devait épouser sa belle-sœur ; et il n'est point dit qu'un autre parent dût l'épouser. Il n'est pas permis parmi les catholiques romains d'épouser la veuve de son frère, à moins d'une dispense du pape. On sait que le pape Clément VII fut cause du schisme de l'Angleterre pour n'avoir pas voulut souffrir les prétendus remords du roi Henri VIII d'avoir épousé sa belle-sœur, et que le pape Alexandre VII donna toutes les dispenses qu'on voulut, quand la princesse de Nemours, reine de Portugal, fit casser son mariage avec le roi Alphonse, et épousa le prince Pierre, frère d'Alphonse, après avoir détrôné et enfermé son mari.
3 - On trouve extraordinaire que Ruth, dont descendent David et Jésus-Christ, soit une étrangère, une Moabite, une descendante de l'inceste de Loth avec ses filles. Cet événement prouve, comme nous l'avons dit, que Dieu est le maître des lois, que nul n'est étranger à ses yeux, et qu'il n'a acception de personne.