LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 61

Publié le par loveVoltaire

LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 61

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LA BIBLE EXPLIQUÉE.

 

 

 

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ANCIEN TESTAMENT.

 

 

 

(Partie 61)

 

 

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JUGES.

 

 

 

 

 

 

 

 

      (Chapitre XXI, v. 1.) Or, les enfants d'Israël avaient juré à Maspha, disant : Nul de nous ne donnera ses filles en mariage aux fils de Benjamin. Ils vinrent donc tous en la maison de Dieu, à Silo, et ils commencèrent à braire et à pleurer, disant : Pourquoi un si grand mal est-il arrivé ? Faudra-t-il qu'une de nos tribus périsse ? ...Où nos frères de Benjamin prendront-ils des femmes (1) car nous avons juré tous ensemble que nous ne leur donnerions point nos filles !... Ils dirent alors : Il n'y a qu'à voir qui sont ceux de toutes les tribus qui ne se sont point trouvés au rendez-vous de l'armée à Maspha. Et il se trouva que ceux de Jabès ne s'y étaient point trouvés. Ils envoyèrent donc dix mille hommes très robustes avec cet ordre : Allez et frappez dans la bouche du glaive tous les habitants de Jabès, tant les femmes que les petits enfants ; tuez tous les mâles et les femmes qui ont connu des hommes, et réservez les filles... Or, il se trouva dans Jabès quatre cents filles qui étaient encore vierges. On les amena au camp de Silo, dans la terre de Canaan (2).

 

 

      Alors les enfants de Benjamin revinrent, et on leur donna pour femmes ces quatre cents filles de Jabès ; mais il en fallait encore deux cents, et on ne pouvait les trouver. Voici donc la résolution que les Israélites prirent : Voici une fête qui va se célébrer au Seigneur dans Silo : Benjamites, cachez-vous dans les vignes ; et, lorsque vous verrez les filles de Silo venir danser en rond selon la coutume, sortez tout d'un coup des vignes, que chacun prenne une fille pour sa femme, et allez au pays de Benjamin.

 

      Les fils de Benjamin firent selon qu'il leur avait été prescrit ; chacun prit une des filles qui dansaient en rond, et ils allèrent rebâtir leurs villes et leurs maisons (3).

 

 

 

 

 

 

 

1 - Ceux qui nient la possibilité de tous ces événements doivent pourtant convenir que le caractère des Juifs est bien marqué dans cette douleur qu'ils ressentent, au milieu de leurs victoires, de voir qu'une de leurs tribus court risque d'être anéantie ; ce qui aurait détruit les prophéties et les prédictions de l'empire des douze tribus sur la terre entière.

 

La destruction de la ville de Gabaa, de tous les hommes et de toutes les bêtes selon leur coutume, ne les effarouche pas ; mais la perte d'une de leurs tribus les attendrit. Rien n'est plus naturel dans une nation qui espérait que ses douze tribus asserviraient un jour toute la terre.

 

2 - Cette manière de repeupler une tribu a paru bien singulière à tous les critiques. Tout le peuple juif est ici supposé égorger tous les habitants d'une de ses propres villes, pour donner des filles. Le curé Meslier dit que ces fables de sauvages feraient dresser les cheveux à la tête si elles ne faisaient pas rire. Nous avouons que cet expédient pour rétablir la tribu de Benjamin est d'une barbarie singulière ; mais Dieu ne l'ordonna pas. Ce n'est point à lui qu'on doit s'en prendre de tous les crimes que commet son peuple. Ce sont des temps d'anarchie.

 

Les critiques insistent ; ils disent que Dieu fut consulté pendant cette guerre, que son arche y était présente : mais on ne trouve point dans le texte que Dieu ait été consulté quand ils tuèrent tous les habitants de Jabès avec toutes les femmes et les petits enfants.

 

3 - Nous ne savons comment excuser cette nouvelle manière de compléter le nombre des six cents filles qui manquaient aux Benjamites. C'est précisément devant l'arche qui était à Silo, selon le texte, c'est dans une fête célébrée en l'honneur du Seigneur, c'est sous ses yeux que l'on ravit deux cents filles. Les Israélites joignent ici le rapt à l'impiété la plus grande. On doit convenir que tout cet amas d'atrocités du peuple de Dieu est difficile à justifier.

 

Ce dernier rapt a quelque ressemblance avec l'enlèvement des Sabines dans Rome. Il y a, dans l'établissement de tous les peuples, quelque chose de si féroce, qu'il semblerait qu'on dût pardonner aux critiques qui révoquent en doute toutes les histoires anciennes ; mais nous ne pouvons pas douter de celle des Juifs. S'il y a des choses embarrassantes et révoltantes pour le commun des lecteurs, ce qu'il y a de divin doit nous fermer la bouche.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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