LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 51

Publié le par loveVoltaire

LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 51

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LA BIBLE EXPLIQUÉE.

 

 

 

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ANCIEN TESTAMENT.

 

 

 

(Partie 51)

 

 

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JUGES.

 

 

 

 

 

 

 

 

      Les enfants d'Israël (chapitre III, v. 14) furent esclaves d'Eglon; roi des Moabites, pendant dix-huit ans... Les enfants d'Israël envoyèrent un jour des tributs à Eglon, roi des Moabites, par Aod, fils de Géra. Aod se fit un poignard à deux tranchants, ayant au milieu une poignée de la longueur d'une palme, et le mit sous sa tunique, sur sa cuisse droite... Et il dit au roi dans sa chambre d'été : J'ai un mot à vous dire de la part de Dieu. Et le roi se leva de son trône, et Aod ayant porté sa main gauche sur son poignard à son côté droit (chapitre III, v. 21), le lui enfonça dans le ventre si vigoureusement, que le manche suivit le fer et fut recouvert de la graisse d'Eglon, qui était fort gras. Et aussitôt les excréments du roi, qui étaient dans son ventre, sortirent par en bas (1)...

 

      Aod se sauva pendant que tout le monde était troublé, et il sonna de la trompette sur la montagne d'Ephraïm. Les Israélites suivirent Aod : ils se saisirent des gués du Jourdain par où l'on passe au pays des Moabites, et ils en tuèrent environ dix mille, et aucun n'échappa (2).

 

      Et le pays fut en repos pendant quatre-vingts ans... Après Aod fut Sangar, qui tua six cent Philistins avec un soc de charrue, et qui défendit Israël.

 

      Et après la mort d'Aod (chapitre IV, v.1), les fils d'Israël recommencèrent à faire le mal aux yeux du Seigneur, et le Seigneur les livra à Jabin, roi des Cananéens, dont la capitale était Asor (3).

 

 

 

 

 

 

 

1 - C'est cette aventure si célèbre qui a été tant de fois citée chez plus d'un peuple chrétien, et dont on a tant abusé pour exciter les fanatiques au parricide et à l'assassinat des rois. On sait assez que du temps de la Ligue en France, les prédicateurs criaient en chaire : "Il nous faut un Aod. Grand Dieu, donnez-nous un Aod ! La sainte Église n'aura-t-elle jamais un Aod !"

 

On sait comme le moine Jacques Clément fut béatifié, comme on mit son portrait sur l'autel, comme on l'invoqua ; et on en aurait fait autant de Ravaillac, si Henri IV s'était trouvé dans les mêmes circonstances que Henri III. Les Romains ont toujours révéré Scévola, qui voulut assassiner leur roi Tarquin. Les Athéniens dressèrent des statues à Harmodius et à Aristogiton, assassins des enfants de Pisistrate. Henri de Transtamare a été loué des historiens espagnols pour avoir assassiné son propre frère et son roi légitime désarmé dans sa tente, Philippe II, roi d'Espagne, donna la noblesse, non-seulement de mâle en mâle, mais de fille en fille, à la famille de Balthazar Gérard, assassin de Guillaume, prince d'Orange.

 

Milton a fait un livre entier pour justifier l'assassinat juridique du roi Charles Ier ; et dans ce livre il parcourt tous les meurtres des rois rapportés dans l'histoire sainte et dans l'histoire profane. On peut regarder ce livre comme le dictionnaire des assassinats.

 

Gordon, dans ses notes, est pénétré d'une respectueuse admiration pour l'assassinat de Jules César, tué en plein sénat par vingt pères conscrits qu'il avait comblés de biens et d'honneurs. Ces assassins avaient le même prétexte qu'Aod, la liberté.

 

Il n'est point spécifié, dans la sainte Écriture, que Dieu ait ordonné à cet Aod d'aller enfoncer son poignard dans le ventre de son roi ; mais Aod, pour récompense, fut jugé du peuple de Dieu. Cet exemple ne peut tirer à conséquence ; un jugement particulier du Seigneur ne peut prévaloir contre les lois du genre humain émanées de Dieu même. Aod était inspiré par le Seigneur, et le moine Jacque Clément ne fut inspiré que par la rage du fanatisme.

 

2 - Les Moabites ont été détruits par Josué, et ils reparaissent et reparaîtront encore : Aod en tue dix mille. Il faut remarquer que ce petit pays de Moab n'est point situé dans le Canaan propre, mais fort loin dans le désert de Syrie ; qu'il n'y a jamais eu dans ce désert qu'une très petite horde d'Arabes vagabonds ; que jamais il n'y eut ni ville ni habitation fixe ; que le pays n'est qu'un sable stérile, que ce n'est qu'un passage pour aller vers Damas.

 

3 - Qu'entend l'auteur par un repos de quatre-vingt ans ? Ces mots ne peuvent signifier que les Juifs furent les maîtres de la contrée pendant ce grand nombre d'années, mais seulement qu'on ne les inquiéta pas. Il faut bien pourtant qu'on les inquiétât, puisque Sangar, successeur d'Aod, tue six cents Palestins, ou Philistins, ou Phéniciens, avec le fer d'une charrue. Il fallait que ce Sangar fût aussi fort que Samson.

 

Immédiatement après, les Juifs sont réduits en esclavage pour la troisième fois par ces mêmes Cananéens qui avaient été exterminés jusqu'au dernier. Ce chaos historique est bien difficile à débrouiller. L'auteur sacré écrivait pour des Juifs, qui probablement, étaient instruits des particularités de leur histoire, et qui entendaient aisément ce que nous ne pouvons comprendre.

 

 

 

 

 

 

 

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