LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 46

Publié le par loveVoltaire

LA BIBLE EXPLIQUÉE  - Partie 46

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LA BIBLE EXPLIQUÉE.

 

 

 

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ANCIEN TESTAMENT.

 

 

 

(Partie 46)

 

 

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JOSUÉ.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      ... Et pendant que les prêtres sonnaient du cornet au septième jour, Josué dit à tout Israël : Criez, car le Seigneur vous a donné la ville ; que cette ville soit dévouée en anathème. Ne sauvez que la prostituée Rahab avec tous ceux qui seront dans sa maison ; que tout ce qui sera d'or, d'argent, d'airain et de fer, soit consacré au Seigneur, et mis dans ses trésors... Ils prirent ainsi la ville, et ils tuèrent tout ce qui était en Jéricho, hommes, femmes, enfants, vieillards, bœufs, brebis, et ânes ; ils les frappèrent par la bouche du glaive... ; après celà ils brûlèrent la ville et tout ce qui était dedans. Or Josué sauva Rahab la prostituée, et la maison de son père avec tout ce qu'il avait, et ils ont habité au milieu d'Israël jusqu'à aujourd'hui (1).

 

      Alors Josué dit : Maudit soit devant le Seigneur celui qui relèvera et rebâtira Jéricho... (2).

 

      (Chapitre VII. v. 1) Or les enfants d'Israël prévariquèrent contre l'anathème, et ils prirent du réservé par l'anathème ; car Achan, fils de Charmi, déroba quelque chose de l'anathème, et Dieu fut en colère contre les enfants d'Israël ; et comme Josué envoya de Jéricho contre Haï près de Béthel, il dit : Il suffit qu'on envoie deux ou trois mille hommes contre Haï. Trois mille guerriers allèrent donc ; mais ils s'enfuirent, et ils furent poursuivis par les hommes de Haï qui les tuèrent comme ils fuyaient ; et les Juifs furent saisis de crainte, et leur cœur se fondit comme de l'eau ; et Dieu dit à Josué : Israël a péché, il a prévariqué contre mon pacte, ils ont dérobé de l'anathème, ils ont volé, et ils ont menti ; vous ne pouvez tenir contre vos ennemis jusqu'à ce que celui qui s'est souillé de ce crime soit exterminé.

 

      Josué se levant donc (chapitre VII, v. 16) de grand matin, fit venir toutes les tribus d'Israël, et le sort tomba sur la tribu de Juda, puis sur la famille de Zaré..., puis sur Achan, fils de Charmi, fils de Zabdi, fils de Zaré..., et Achan répondit : Il est vrai, j'ai péché contre le Dieu d'Israël ; et ayant vu parmi les dépouilles un manteau d'écarlate fort bon, deux cents sicles d'argent, et une règle d'or de cinquante sicles, je les ai pris et je les cachai dans ma tente... Et Josué lui dit : Puisque tu nous a troublés, que Dieu te trouble en ce jour. Et tout Israël le lapida, et tout ce qu'il possédait fut brûlé par le feu (3).

 

      (Chapitre VIII, v. 3.) Josué se leva donc, et toute l'armée avec lui, pour marcher contre Haï, et on choisit trente mille hommes des plus vaillants... Josué brûla la ville, et y fit pendre à une potence le roi qui avait été tué ; puis on jeta son corps à l'entrée de la ville, et on mit dessus un grand tas de pierres, qui y est encore aujourd'hui (4).

 

 

 

 

 

 

 

1 - C'est avec douleur que nous rapportons, sur cet événement, les réflexions du lord Bolingbroke, lesquelles M. Mallet fit imprimer après la mort de ce lord.

 

"Est-il possible que Dieu, le père de tous les hommes, ait conduit lui-même un barbare à qui le cannibale le plus féroce ne voudrait pas ressembler ? Grand Dieu ! venir d'un désert inconnu pour massacrer toute une ville inconnue ! égorger tous les animaux ! brûler les maisons et les meubles contre toutes les lois du bon sens, dans le temps qu'on n'a ni maisons ni meubles ! ne pardonner qu'à une vile putain digne du dernier supplice ! Si ce conte n'était pas le plus absurde de tous, il serait le plus abominable. Il n'y a qu'un voleur ivre qui puisse l'avoir écrit, et un imbécile ivre qui puisse le croire. C'est offenser Dieu et les hommes, que de réfuter sérieusement ce misérable tissu de fables dans lesquelles il n'y a pas un mot qui ne soit ou le comble du ridicule, ou celui de l'horreur."

 

Milord était bien échauffé quand il écrivit ce morceau violent. On doit plus de respect à un livre sacré. Il ajoute que des mots, jusqu'à aujourd'hui, montrent que ce livre n'est pas de Josué. Mais quel que soit son auteur, il est dans le canon des Juifs, il est adopté par toutes les Églises chrétiennes. Nous savons bien que les rigueurs de Josué révoltent la faiblesse humaine ; qu'il serait affreux de les imiter, soit que les habitations qu'il détruisit, et qui nagèrent dans le sang, fussent des villes ou des villages. Nous ne nions pas que si un peuple étranger venait nous traiter ainsi, cela ne parût exécrable à toute l'Europe. Mais n'est-ce pas précisément la manière dont on en usa envers les Américains au commencement de notre seizième siècle ? Josué fut-il plus cruel que les dévastateurs du Mexique et du Pérou ? Et si l'histoire des barbaries européanes est vraie, pourquoi celle des cruautés de Josué ne le serait-elle pas ? Tout ce qu'on peut dire, c'est que Dieu commanda et opéra lui-même la ruine de Canaan, et qu'il n'ordonna pas la ruine de l'Amérique.

 

 

2 - La sentence contre Jéricho ne fut pas exécutée. Jérocho existait sous David et du temps des Romains, et existe encore tel qu'il fut toujours, c'est-à-dire un petit hameau à six lieues de Jérusalem.

 

3 - M. Boulanger s'exprime encore plus violemment, s'il est possible que le lord Bolingbroke sur ces morceaux de l'histoire de Josué. "Non-seulement on nous représente Josué comme un capitaine de voleurs arabes, qui vient tout ravager et tout mettre à sang dans un pays qu'il ne connaît pas ; mais ayant, dit-on, six cent mille hommes de troupes réglées, il trouve le secret d'être battu par deux ou trois cents paysans à l'attaque d'un village. Et pour achever de peindre ce général d'armée, on en fait un sorcier qui devine qu'on a été battu parce qu'un de ses soldats a pris pour lui précédemment une part du butin, et s'est approprié un bon manteau rouge et un bijou d'or. On se sert, pour découvrir le coupable, d'un sortilège dont les petits enfants se moqueraient aujourd'hui : c'est de tirer la vérité aux dés, ou à la courte paille, ou à quelque autre jeu semblable. Achan n'est pas heureux à ce jeu. On le brûle vif, lui, ses fils, ses filles, ses bœufs, ses ânes, ses brebis ; et on brûle encore le manteau d'écarlate, et le bijour d'or que l'on cherchait. Si Cartouche, continue M. Boulanger, avait fait un pareil tour, madame Oudot, l'aurait imprimé dans sa Bibliothèque bleue. Nos histoires de voleurs et de sorciers n'ont rien de semblable."

 

Ce discours blasphématoire, ces dérisions de M. Boulanger, pourraient faire quelque impression s'il s'agissait d'une histoire ordinaire arrivée et écrite de nos jours, mais ne peuvent rien contre un livre sacré, miraculeusement écrit et miraculeusement conservé pendant tant de siècles. Dieu était le maître d'exterminer les Cananéens, qui étaient de grands pécheurs. Il n'appartenait qu'à lui de choisir la manière du châtiment. Il voulut que tout le butin fût également partagé entre les enfants d'Israël exécuteurs de ses vengeances. Il se servit toujours de la voie du sort dans l'ancien et le nouveau Testament, parce qu'il est le maître du sort. La place de Judas même, de ce Judas qui fut cause de la mort de notre Seigneur, a été tirée au sort. Voilà pourquoi saint Augustin a toujours distingué la cité de Dieu de la cité mondaine. Dans la cité mondaine tout est conforme à notre faible raison, à nos faux préjugés : dans la cité de Dieu tout est contraire à nos préjugés et à notre raison.

 

4 - Ces mots, "un grand tas de pierres qui y est encore aujourd'hui," semblent indiquer que ce livre de Josué n'est pas écrit par les contemporains. Mais, en quelque temps qu'il ait été fait, il est sûr qu'il a été inspiré. Jamais un homme abandonné à lui-même n'aurait osé écrire de pareilles choses.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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