LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 41

Publié le par loveVoltaire

LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 41

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LA BIBLE EXPLIQUÉE.

 

 

 

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ANCIEN TESTAMENT.

 

 

 

(Partie 41)

 

 

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DEUTÉRONOME.

 

 

 

 

 

 

 

 

      Voici les paroles que Mosé parla à tout Israël (chapitre I, v. 1) au-delà du Jourdain dans le désert près de la mer Rouge, entre Pharan et Thophel, et entre Laban et Haseroth, où il y a beaucoup d'or. En la quarantième année, le onzième mois, le premier jour du mois, Mosé dit aux fils d'Israël tout ce que le Seigneur lui avait ordonné de leur dire. Après que le Seigneur eut frappé Séhon, roi des Amorrhéens, qui habitait en Hesebon, et Og, roi de Basan, qui demeurait à Astaroth et à Edraï qui est au delà du Jourdain dans la terre de Moab ; et Mosé commença à expliquer la loi et à dire :

 

      Le Seigneur notre Dieu nous parla en Horeb , disant : Il vous suffit d'avoir demeuré sur cette montagne, retournez à la montagne des Amorrhéens, et à tous les lieux voisins dans les campagnes (1), et les montagnes vers le midi, et le long des côtes de la mer, terre des Cananéens et du Liban, jusqu'au grand fleuve de l'Euphrate (2)... et je vous ordonnai alors tout ce que vous deviez faire. Et étant parti d'Oreb, nous passâmes par ce grand et effroyable désert.

 

      (Chapitre VIII, v.4) . Voici la quarantième année que vous êtes en chemin, et cependant les vêtements dont vous étiez couverts ne sont point usés de vétusté, et vos pieds n'ont point été déchaussés... (3) (chapitre IX, v. 1). Écoute, Israël : Tu passeras aujourd'hui le Jourdain pour te rendre maître de grandes nations plus fortes que toi, qui ont de grandes villes et des murailles jusqu'au ciel et un peuple grand et sublime, des géants que tu as vus et que tu as entendus, et à qui nul ne peut résister (4).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 - Le savant Lacroze s'explique ainsi sur ce commencement du Deutéronome dans son manuscrit qui est à Berlin : "Autant de paroles, autant de faussetés puériles, et autant de preuves sautant aux yeux qu'il est impossible que Moïse ait pu composer aucun des livres que l'ignorance lui attribue.

 

Il est faux que Moïse ait parlé au delà du Jourdain, puisqu'il ne le passa jamais, et qu'il mourut sur le mont Nébo, loin et à l'orient du Jourdain, à ce que dit l'Écriture elle-même.

 

Il est faux et impossible qu'il pût être alors dans l'autre désert de Pharan, puisque l'auteur vient de dire qu'il gagna une bataille dans ce temps-là même dans le désert de Moab , à plus de cinquante lieux de Pharan.

 

Il est faux et impossible qu'il ait été dans ce désert de Pharan, proche de la mer Rouge, puisqu'il y a encore plus de cinquante lieues de la mer Rouge à ce Pharan.

 

Il est faux qu'il y ait beaucoup d'or à Hazeroth près de ce Pharan. Ce misérable pays, loin de porter de l'or, n'a jamais porté que des cailloux.

 

Dom Calmet répète en vain les explications de quelques commentateurs, assez impudents pour dire qu'au delà du Jourdain signifiait au deçà du Jourdain. Il vaut autant dire que dessus signifie dessous, que dedans signifie dehors, et que les pieds signifient la tête.

 

L'auteur, quel qu'il soit, fait parler Moïse sur le bord de la mer Rouge, dans la quarantième année et onze mois après la sortie d'Égypte, pour donner plus de poids à son récit par le soin de marquer les dates ; mais ce soin même le trahit et constate tous ses mensonges. Moïse sortit d'Égypte à l'âge de quatre-vingts ans ; et l'Écriture dit qu'il mourut à cent vingt. Il était donc déjà mort lorsque le Deutéronome le fait parler ; et il le fait parler dans un endroit où il n'était pas, et où il ne pouvait être."

 

Ces critiques hardies, imputées au savant Lacroze, peuvent n'être point de lui. On n'y reconnaît point son caractère ; il a toujours parlé avec respect de la sainte Écriture. (Voltaire.) - Lacroze, savant orientaliste, né en 1661, mort en 1739. (G.A.)

 

 

2 - Nous avouons au célèbre Lacroze, ou à celui qui a pris son nom, qu'il y a de grandes difficultés dans ce commencement du Deutéronome ; Calmet en convient : "Nos meilleurs critiques, dit-il, reconnaissent qu'il y a dans ces livres des additions qu'on y a mises pour expliquer quelques endroits obscurs, ou pour suppléer ce qu'on croit y manquer pour une parfaite intelligence."

 

Ce discours du commentateur Calmet ne rend pas l'intelligence plus parfaite. Si on a, selon lui, ajouté aux livres saints, le Saint-Esprit n'a donc pas tout dicté ; et si tout n'est pas du Saint-Esprit comment distinguera-t-on son ouvrage de celui des hommes ? Peut-on supposer que Dieu ait dicté un livre pour l'instruction du genre humain, et que ce livre ait besoin d'additions et de corrections ? On ne peut se tirer de ce labyrinthe qu'en recourant à l'Église, qui peut seule dissiper tous nos doutes par ses décisions infaillibles.

 

3 - La Bible grecque, attribuée aux Septante, traduit : "Vos pieds n'ont point eu de calus ;" mais le Deutéronome, en un autre endroit, répète encore que les souliers des

Hébreux ne se sont point usés, dans le désert pendant quarante ans. Ce miracle est aussi miracle que tous les autres. Collins suppute que le peuple de Dieu étant parti du beau pays de l'Égypte au nombre d'environ trois millions de personnes pour aller mourir dans les déserts dans l'espace de quarante années, ce fut trois millions de vestes et de robes, et trois millions de paires de souliers à vendre, et que les Juifs, qui ont toujours été fripiers, pouvaient gagner beaucoup à revendre ces effets à Babylone, à Damas, ou à Tyr. Mais puisqu'il restait six cent un mille sept cent trente combattants par le dénombrement que Mose ordonna, si on suppose que chaque combattant avait une femme, et chaque ménage eût deux enfants, cela ferait quatre millions huit cent treize mille huit cent quarante personnes à chausser et à vêtir ; en ce cas, le miracle aurait été beaucoup plus grand, et il aurait fallu que le Seigneur eût donné à son peuple un million huit cent treize mille huit cent quarante paires de souliers de plus.

 

Pour répondre plus sérieusement à Collins, nous le renverrons à saint Justin, qui, dans son dialogue avec Tryphon, soutient que non-seulement les habits des Hébreux ne s'usèrent point dans leur marche de quarante années au soleil et à la pluie, et en couchant sur la dure, mais que ceux des enfants croissaient avec eux, et s'élargissaient merveilleusement à mesure qu'ils avançaient en âge. Nous le renverrons encore à saint Jérôme, qui ajoute dans une épître, laquelle est la trente-huitième de la nouvelle édition, ces propres mots: "En vain les barbiers apprirent leur art dans le désert pendant quarante années ; ils savaient que les cheveux et les ongles des Israélites ne croissaient pas."

 

4 - Aujourd'hui ne signifie pas ce jour-là mùeme, puisque le peuple de Dieu ne passa le Jourdain qu'un mois après.

 

Pour ce qui ne concerne les géants, les critiques y trouvent une contradiction, parce qu'il est dit dans le même Deutéronome, que Og était resté le seul de la race des géants. Mais Og demeurait à l'orient du Jourdain ; et il pouvait y avoir d'autres géants à l'occident. Mais dans cet endroit où il est dit que Og était resté seul de la race des géants, l'auteur ajoute :"On montre encore son lit de fer dans Rabath, qui est une ville des enfants d'Ammon, et il a neuf coudées de long, et quatre de large." C'est encore une des raisons pour lesquelles on a prétendu que Mosé ne pouvait avoir écrit les livres qui sont sous son nom, parce que ces mots : "On montre encore son lit," prouvent que l'auteur n'était pas contemporain ; et Mosé, dit-on, ne pouvait l'avoir vu dans Rabath, qui ne fut prise que longtemps après par David.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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