LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 37

Publié le par loveVoltaire

LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 37

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LA BIBLE EXPLIQUÉE.

 

 

 

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ANCIEN TESTAMENT.

 

 

 

(Partie 37)

 

 

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NOMBRE.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      C'est pourquoi le Seigneur envoya des serpents ardents : plusieurs en furent blessés et en moururent. Le peuple vint à Mosé ; ils dirent : Nous avons péché, prie Dieu qu'il nous délivre de ces serpents. Mosé pria pour le peuple. Le Seigneur dit à Mosé : Fais un serpent d'airain pour servir de signe ; et ceux qui auront été mordus le regarderont, et ils vivront (1).

 

      Israël demeura dans le pays des Amorrhéens ; et il envoya des batteurs d'estrade pour considérer le pays de Jazer, dont ils prirent les villages et les habitants ; et ils se détournèrent pour aller vers le chemin de Basan. Et Og, roi de Basan, vint avec tout son peuple et son pays. Ils le frappèrent donc lui et tout son peuple : tout fut tué ; et ils se mirent en possession de sa terre. Et étant partis de ce lieu, ils campèrent dans les plaines de Moab (chapitre XXII, v.1), où est situé Jéricho, au delà du Jourdain. Or Balac, fils de Séphor, ayant vu tout ce qu'Israël avait fait aux Amorrhéens, et considérant que les Moabites le craignaient et ne pouvaient lui résister. Balac, roi de Moab, envoya des députés à Balaam, fils de Béor ; c'était un devin qui demeurait sur le fleuve du pays des Ammonites (2).

 

      Il lui fit dire : Voilà un peuple sorti de l'Égypte, qui couvre toute la face de la terre, et qui s'est campé vis-à-vis de moi ; viens donc pour maudire ce peuple, parce qu'il est plus fort que moi ; car je sais que ce que tu béniras sera béni, et que celui que tu maudiras sera maudit.

 

      Les anciens de Moab et ceux de Madian s'en allèrent donc, portant dans leurs mains de quoi payer le prophète... Dieu dit à Balaam : Garde-toi bien d'aller avec eux et de maudire ce peuple, car il est béni. Balaam leur répondit donc : Quand Balac me donnerait sa maison pleine d'or et d'argent, je ne pourrais dire ni plus ni moins que ce que le Seigneur m'a ordonné... Dieu étant venu encore à Balaam, lui dit : Si ces hommes sont venus encore à toi, marche et va avec eux, à condition que tu m'obéiras.

 

 

 

 

 

 

 

 

1 - Les Égyptiens avaient dans leur temple de Memphis un serpent d'argent qui se mordait la queue, et qui était, selon les prêtres d'Égypte, un symbole de l'éternité. On voit encore des figures de ce serpent sur quelques monuments qui nous restent. C'est une nouvelle preuve, si l'on en croit les savants, que les Hébreux furent en beaucoup de choses les copistes des Égyptiens.

 

On ne sait pas trop ce que c'est que ces serpents ardents ; mais la grande difficulté est d'expliquer comment cette figure peut s'accorder avec la loi, qui défendait si expressément de faire aucune figure. Il est aisé de détruire cette objection en montrant que le législateur peut se dispenser de la loi. Grotius dit que l'airain est contraire à ceux qui ont été mordus des serpents, et que le danger du malade redouble si on lui montre seulement l'image de l'animal qui l'a mordu. Grotius n'était pas grand physicien. Il se peut que l'imagination de tout malade se trouble à la vue de toute figure qui lui représentera l'animal qui cause son mal, de quelque espèce que cet animal puisse être. Si Grotius avait raison, Mosé sera allé contre son but, et en élevant un serpent d'airain, il aurait aubmenté le mal au lieu de le guérir.

 

Les incrédules trouvent mauvais que Dieu envoie des serpents à son peuple, au lieu du pain qu'il lui demande ; et ils disent que le serpent d'airain ne ressuscita pas ceux que les serpents avaient tués. Ce qui pourrait confondre les incrédules, c'est que le serpent d'airain érigé par le grand Mosé est soigneusement conservé à Milan ; et cela est d'autant plus admirable, que, selon la sainte Écriture; le roi juif Ezéchias avait fait fondre ce serpent, comme un monument d'idolâtrie et de magie qui souillait le temple juif.

 

2 -Tout ce pays des Moabites, et d'Og, roi de Basan, est le désert qu conduit à Damas, et par lequel les Arabes passent encore pour aller en Syrie. Ce désert est à la gauche du Jourdain, près des montagnes de la Célésyrie. La Terre promise, qui contient Jéricho, Sichem, Samarie, Jérusalem, est à la droite de ce petit fleuve.

 

Il n'y a point d'autre fleuve dans le pays, il n'y a que des torrents ; aussi le texte hébreu ne dit point que Balaam demeurât sur le fleuve des Ammonites ; il dit que Balac envoya des députés à Balaam, à Petura (Pethor) situé sur le fleuve de la patrie de Balaam, et les commentateurs conviennent que le texte hébreu est corrompu dans la Vulgate. Le Deutéronome, au chapitre XXIII. dit formellement que Balaam, fils de Béor, était de Mésopotamie de Syrie. Ce fleuve, dont il est parlé dans les Nombres, ne peut donc être que l'Euphrate ; et les doctes conviennent que, suivant le texte chaldéen, Balaam demeurait vers l'Euphrate. Mais nous avons déjà remarqué qu'il y a plus de trois cents milles de l'Euphrate à l'endroit où étaient alors les Hébreux ; cela forme une nouvelle difficulté. Comment le petit roitelet Balac, le petit chef d'une horde d'Arabes, poursuivi par douze cent mille hommes, pouvait-il, pour tout secours, envoyer chercher un prophète en Chaldée à cent cinquante lieues de chez lui ?

 

Les critiques demandent encore de quel droit et par quelle fureur douze cent mille étrangers venaient ravager et mettre à feu et à sang un petit pays qu'ils ne connaissaient pas. Si on répond que ces douze cent mille hommes étaient les enfants de Jacob et d'Abraham, les critiques répliquent qu'Abraham n'avait jamais possédé qu'un champ, et que ce champ était en Hébron, de l'autre côté du Jourdain, et que les Moabites et les Ammonites, descendants, selon l'Écriture, de Loth, neveu d'Abraham, n'avaient rien à démêler avec les Juifs. Ou il les connaissaient, ou ils ne les connaissaient pas : si les Juif les connaissaient, ils venaient détruire leurs parents ; s'ils ne les connaissaient pas, quelle raison avaient-ils de les attaquer ? (Voltaire.) - Le fleuve que dans cette note Voltaire prend pour l'Euphrate n'est autre, paraît-il, que le torrent appelé aujourd'hui Wadi-Kerek. (G.A.)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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