LA BIBLE EXPLIQUÉE -Partie 34

Publié le par loveVoltaire

LA BIBLE EXPLIQUÉE -Partie 34

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LA BIBLE EXPLIQUÉE.

 

 

 

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ANCIEN TESTAMENT.

 

 

 

(Partie 34)

 

 

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NOMBRE.

 

 

 

 

 

 

 

      En ce temps, Marie et Aaron parlèrent contre Mosé... Aussitôt le Seigneur descendit dans la colonne de nuée ; il se mit à la porte du tabernacle, et il dit à Aaron et à Marie : S'il y a entre vous un prophète, je lui apparaîtrai en vision, ou je lui parlerai en songe ; mais il n'en est pas ainsi de Mosé mon serviteur ; car je lui parle de bouche à bouche ; il me voit clairement, sans énigme et sans figure : pourquoi donc, avez-vous mal parlé de mon serviteur Mosé ? Ayant dit cela, il s'en alla en colère. La nuée, qui était sur le tabernacle, se retira (chapitre XII, v. 10), et Marie fut couverte de lèpre (1).

 

      Et Aaron la voyant lépreuse, dit à Mosé son frère : Je te prie, ne nous punis pas du péché que nous avons commis follement, et que Marie ne meure pas ; car la lèpre lui a déjà mangé la moitié du corps... Marie fut donc jetée hors du camp (chapitre XII, v. 15) pendant sept jours (2).

 

      Et Mosé envoya du désert de Pharan douze hommes pour considérer la terre de Canaan... et ces hommes montèrent du côté du midi, et vinrent à Hébron, qui a été bâti sept ans avant Tanis, ville d'Égypte (3).

 

      Et s'étant avancés, ils coupèrent une branche avec son raisin, que deux hommes portèrent sur une voiture avec des grenades et des figues (4) ; d'autres, qui avaient été dans ce pays, dirent : La terre que nous avons parcourue dévore ses habitants ; et ils sont d'une grandeur démesurée : ce sont des monstres de la race des géants, devant qui nous ne paraissons que comme des sauterelles. Et ils se dirent l'un à l'autre : Établissons-nous un autre chef, et retournons en Égypte (5).

 

      Et Dieu dit à Mosé : Aucun des Israélites ne verra la terre que j'ai promis par serment de donner à leurs pères ; mais pour Caleb mon serviteur, je le ferai entrer dans ce pays dont il a fait le tour ; et sa semence le possédera ; mais parce que les Amalécites et les Cananéens habitent dans les vallées, ne montez pas par les montagnes, et retournez-vous-en tous dans les déserts vers la mer Rouge... Vous n'entrerez point dans le pays dans lequel j'ai juré de vous faire entrer, excepté Cale, fils de Séphoné, et Josué, fils de Nun... et les Cananéens et les Amalécites, qui habitaient sur les montagnes, descendirent contre eux, les battirent et les poursuivirent jusqu'à Horma (6).

 

 

 

 

 

 

 

1 - Le texte dit que la femme de Mosé était Éthiopienne : l'histoire ancienne de Mosé, dont nous avons déjà parlé, dit qu'il avait épousé la reine d'Éthiopie ; mais que, loin que cette reine le suivit dans cet horrible désert où il erra quarante ans, elle le chassa de ses États. L'écriture dit que Mosé avait épousé Séphora la Madianite, fille de Jéthro. Il se peut qu'il ait eu plusieurs femmes comme tous les autres patriarches ; et il est naturel que Marie se soit brouillée avec cette Éthiopienne.

 

Le Seigneur venge Mosé des injures de Marie et d'Aaron. Mais Marie est seule punie, et Aaron ne l'est jamais.

 

2 - Cette espèce de lèpre était donc un cancer ; car la lèpre, qui n'est qu'une forte gale, ne détruit pas les chairs en si peu de temps.

 

Dieu déclare ici qu'il parle toujours bouche à bouche à Mosé : cela semble contraire à ce qui est dit ailleurs, que Dieu ne lui permit de le voir que par derrière. Marie dit aussi que Dieu lui a parlé tout comme à son frère. On concilie ces contradictions apparentes aisément.

 

3 - On ne peut guère excuser la méprise des copistes qui, sans doute, ont pris ici le nord pour le midi. On va droit au nord du désert de Sin à celui de Pharan, de Pharan à Cadès-Barné, à Azéroth, de ces déserts à celui de Bersabée ou pays de Canaan.

 

4 - Plusieurs interprètes disent que ces espions n'apportèrent qu'un seul raisin ; mais on peut entendre que cette branche portée par deux hommes était chargée de plusieurs grappes. Dom Calmet cite des moines qui ont vu dans la Palestine des raisins si prodigieux, que deux hommes n'en auraient pu porter un seul : ainsi un raisin aurait donné un quartaut de vin comme dans la Jérusalem céleste ; mais les raisins de ce pays-là ne sont pas si gros aujourd'hui.

 

5 - Ces deux rapports des espions juifs sont entièrement contradictoires. On demande, d'ailleurs, comment ces géants si redoutables laissèrent prendre et emporter leurs raisins, leur grenades et leurs figues par des étrangers qui ne leur venaient pas à la ceinture. Ceux qui virent ces raisins ne virent pas apparemment les gros raisins, et s'ils voulurent choisir un autre chef que Mosé, ils ne firent que ce que font encore aujourd'hui tous les Arabes et les Maures de Tunis, d'Alger et de Tripoli, qui déposent leurs chefs, et qui souvent les tuent quand ils en sont mécontents. Mais on est surpris que des gens qui voyaient tous les jours Dieu même parler à Mosé, et qui ne marchaient qu'au milieu des miracles, pussent imaginer de déposer ce même Mosé déclaré si souvent le ministre de Dieu, et qui était armé de toute sa puissance. On peut bien conspirer contre un chef à qui on espère de succéder ; mais personne ne pouvait se flatter d'obtenir de Dieu les mêmes faveurs qu'il avait faites à Mosé son représentant. Les mœurs de ce temps-là sont bien différentes des mœurs modernes : on le voit à chaque ligne.

 

6 - Nous voyons qu'il était ordinaire chez les anciens que les dieux fissent serment comme les hommes. Il y en a des exemples dans tous les poètes héroïques. Les critiques ne peuvent concileir ce que Dieu dit ici, que les Cananéens et les Amalécites habitent les vallées, avec ce qui est dit le moment d'après, qu'ils descendirent des montagnes. La chose cependant est très possible. Mais ils trouvent Mosé aussi mauvais général que mauvais législateur ; car, disent-ils, en supposant que Mosé fût à la tête de six cent mille combattants, il devait s'emparer de tout le pays en se montrant ; il avait assez de monde pour se saisir de tous les défilés, et il se laisse battre en rase campagne par une poignée d'Amalécites ; il ne fait plus ensuite qu'errer pendant quarante ans, aller de désert en désert, et revenir sur ses pas, sans aucun projet de campagne. Ils ne reçoivent point pour excuse les décrets de Dieu ; ils disent qu'il est trop aisé de supposer qu'on n'a été battu que pour avoir offensé Dieu ; ils ajoutent que quand on est errant pendant quarante ans sans avoir pu prendre une seule ville, ce ne peut être que par sa faute ; et après avoir regardé Mosé comme un homme très mal entendu dans son métier, ils persistent à dire que toute cette histoire ne peut être qu'une fable encore plus mal inventée. Nous nous sommes fait une loi de rapporter toutes leurs objections auxquelles nous avons déjà répondu. Il se peut que Mosé, à l'âge de cent ans, ait été un très mauvais capitaine et un législateur ignorant ; mais s'il obéissait à Dieu, nous devons le respecter.

 

 

 

 

 

 

 

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