LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 26
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LA BIBLE EXPLIQUÉE.
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ANCIEN TESTAMENT.
(Partie 26)
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EXODE.
Le troisième jour étant arrivé, voilà qu'on entendit des tonnerres, que les éclairs brillèrent, que la trompette fit un bruit épouvantable, et le peuple fut épouvanté, et Mosé parlait à Dieu, et Dieu lui répondait, et Mosé étant descendu vers le peuple, lui raconta tout, et Dieu parla de cette manière (1) :
Tu ne feras aucun ouvrage de sculpture, ni aucune image de tout ce qui est dans le ciel en haut, ni dans la terre en bas, ni dans les cieux sous la terre...
Je suis ton Dieu fort, je suis le Dieu jaloux, punissant les iniquités des pères jusqu'à la troisième et quatrième génération de tous ceux qui me haïssent, faisant miséricorde en mille générations à ceux qui m'aiment...
Tu ne monteras point à mon autel par des degrés afin de ne point découvrir ta nudité...
Si quelqu'un frappe son esclave ou sa servante, et s'ils meurent entre ses mains, il sera coupable d'un crime ; mais si son esclave survit un jour ou deux, il ne sera sujet à aucune peine, parce que l'esclave est le prix de son argent...
Œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied.
Si un taureau frappe de ses cornes un homme ou une femme, on lapidera le taureau, et on ne mangera point sa chair...
Vous punirez de mort les magiciens, celui qui aura fait le coït avec une bête, celui qui sacrifie aux dieux...
Tu ne diras point de mal des dieux, et tu ne maudiras point les princes de ton peuple...
Tu ne différeras point à payer les dîmes (2)...
1 - Nos critiques remarquent d'abord que la bataille d'Amalec ne fut d'aucune utilité aux Juifs, et qu'il semble que cette bataille, dont ils doutent, ne soit rapportée dans l'Exode que pour inspirer de la haine contre les Amalécites, qui furent leurs ennemis, du temps des rois. Ils fondent leurs sentiments sur ce que Dieu même, en parlant à Mosé, ne lui dit pas un mot de ce prétendu combat, et qu'il ne lui parle que de ce qu'il a fait aux Égyptiens. On lui fait proposer, disent-ils, les conditions de son pacte avec les Hébreux, de la même manière que les hommes font entre eux des alliances. On fait descendre Dieu au son des trompettes, comme si Dieu avait des trompettes. On fait parler Dieu comme on ferait parler un crieur d'arrêts. Et il faut supposer que Dieu parlait égyptien, puisque les Hébreux ne parlaient pas d'autre langue, et qu'il est dit dans le psaume LXXX que les Juifs furent étonnés de ne point entendre la langue qu'on parlait au delà de la mer Rouge. Toland assure qu'il est visible que tous ces livres ne furent écrits que longtemps après par quelque prêtre oisif, comme il y en a tant eu, dit-il, parmi nous au douzième, treizième et quatorzième siècles ; et qu'il ne faut pas ajouter plus de foi au Pentateuque qu'aux livres des sibylles, qui furent regardés comme sacrés pendant des siècles.
Tous ces blasphèmes font horreur à toute âme persuadée et timorée. Il n'est pas surprenant que Dieu ait parlé sur le mont Sinaï au son des trompettes, qu'il ne l'est d'ouvrir la mer Rouge pour faire enfuir son peuple, et pour submerger toute l'armée égyptienne. Si on nie un prodige, on est forcé de les nier tous. Or, il n'est pas possible, selon les commentateurs les plus accrédités, que tous ces livres ne soient qu'un tissu de mensonges grossiers. Il est vrai que les premières histoires théologiques des brachmanes, des prêtres de Zoroastre, de ceux d'Isis, de ceux de Vesta, ne sont que des recueils de fables absurdes ; mais il ne faut pas juger des livres hébreux comme des autres. On a beau dire que si le Pentateuque fut écrit dans le désert, il ne pouvait l'être qu'en égyptien ; et que les Hébreux n'étant point encore entrés dans le pays des Cananéens, ils ne purent savoir la langue de ces peuples, qui fut depuis la langue hébraïque. En quelque langue que Mosé ou Moïse ait écrit dans le désert, il est aisé de supposer que le Pentateuque fut traduit après dans la langue de la Palestine, qui était un idiome du syriaque, puisqu'il fut traduit ensuite en chaldéen, en grec, en latin, et longtemps après en ancien gothique. Les objections des incrédules sont récentes ; et ce livre aurait 2290 ans d'antiquité, quand même il n'aurait été compilé que du temps d'Esdras, comme les critiques le prétendent. Il serait presque aussi ancien que la république romaine établie après les Tarquins. Les incrédules répondent qu'un livre, pour être ancien, n'en est pas plus vrai ; qu'au contraire, presque tous les anciens livres étant écrits par des prêtres, et étant extrêmement rares, chaque auteur se livrait à son imagination, et que la saine critique était entièrement inconnue. Cette manière de penser renverserait tous les fondements de l'ancienne manière de penser renverserait tous les fondements de l'ancienne histoire dans tous les pays du monde ; on ne saurait plus sur quoi compter. Il faudrait douter de l'histoire de Cyrus, de Crésus, de Pisistrate, de Romulus, de tout ce qui s'est passé dans la Grèce avant les Olympiades ; et ce scepticisme universel ne ferait qu'un chaos indébrouillable de toute l'antiquité. (Voltaire.) - Toland, dont il est parlé plus haut, est un écrivain anglais, né en 1670, mort en 1722. Voyez les Lettres du prince de Brunswick. (G.A.)
2 -Nous n'avons spécifié ici, de toutes les premières lois juives, que celles contre lesquelles nos adversaires s'élèvent avec le plus de témérité. Si on les en croit, la défense de faire aucune image n'a jamais été observée. Mosé lui-même fit sculpter des chérubins, des bœufs ou des veaux, qu'il plaça sur l'arche ambulatoire. Il fit faire un serpent d'airain. Salomon mit des veaux de bronze dans le temple qu'il fit bâtir.
Les incrédules ne peuvent souffrir que Dieu s'annonce comme puissant et jaloux. Ils disent que rien ne rabaisse l'Être tout-puissant comme de lui faire dire toujours qu'il est puissant, et que c'est bien pis de lui faire dire qu'il est jaloux, que ce livre ne parle jamais de Dieu que comme d'une divinité locale qui veut l'emporter sur les autres divinités, et qu'on nous le représente comme les dieux des Grecs, jaloux les uns des autres.
La punition dont on menace la troisième et quatrième génération innocente d'un aïeul coupable leur semble une injustice atroce ; et ils prétendent que cette vengeance exercée sur les enfants est une des preuves que les Juifs n'ont jamais connu l'immortalité de l'âme et les peines après la mort que vers le temps des Pharisiens. C'est l'opinion du docteur Warburton, et de plusieurs théologiens qui ont abusé de leur science. Arnauld dit positivement la même chose, quoi qu'il n'en tire pas les mêmes conséquences que l'absurde Warburton.
La peine de mort contre les magiciens prouve que les Juifs croyaient à la magie ; et comment n'y auraient-ils pas cru, s'ils avaient vu les miracles des magiciens de Pharaon, et si Joseph avait fait des opérations magiques avec sa tasse !
On tire de la punition du coït avec des bêtes une preuve que les Juifs étaient fort enclins à cette abomination.
On croit trouver de la contradiction entre l'ordre de mettre à mort ceux qui auront sacrifié aux dieux, et la défense de parler mal des dieux.
On prétend que l'ordre de payer exactement les décimes, avant qu'il y eût des lévites et des décimes, est une preuve que cela fut écrit dans des temps postérieurs par quelques prêtres intéressés à la dîme.
La vengeance exercée sur la quatrième génération semblerait abolie dans le Deutéronome : " Les pères ne mourront point pour leurs enfants, ni les enfants pour leurs pères." La première loi est une menace de Dieu, et la seconde est une loi positive qui suppose qu'on ne doit point faire pendre le fils pour le père ; mais cette loi n'empêche pas que Dieu ne soit toujours supposé punir jusqu'à la quatrième génération.