LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 20

Publié le par loveVoltaire

LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 20

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LA BIBLE EXPLIQUÉE.

 

 

 

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ANCIEN TESTAMENT.

 

 

 

(Partie 20)

 

 

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EXODE.

 

 

 

 

 

 

      Tous ceux qui étaient sortis de Jacob étaient au nombre de soixante et dix personnes, quand Joseph demeurait en Égypte (1). Après sa mort et celle de ses frères, et celle de toute cette race, les enfants d'Israël s'accrurent, se multiplièrent comme des plantes, se fortifièrent, et remplirent cette terre.

 

      Or, il s'éleva un nouveau roi dans l'Égypte qui ignorait Joseph (2), et il dit à son peuple : Voilà le peuple des enfants d'Israël qui est plus fort que nous ; venez, opprimons-les sagement, de peur qu'ils ne se multipient, et si nous avons une guerre, qu'ils ne se joignent à nos ennemis, et qu'après nous avoir vaincus, ils ne sortent de l'Égypte (3).

 

      Il établit donc sur eux des intendants de leurs travaux, et il leur fit bâtir les villes de Phiton et de Ramessès (4). Le roi parla aussi aux accoucheuses des Hébreux, dont l'une était appelée Séphora, et l'autre Phua, et il leur commanda ainsi : Quand vous accoucherez les femmes des Hébreux, tuez l'enfant si c'est un mâle ; si c'est une fille, qu'on la conserve. Ces sages-femmes craignirent Dieu et n'obéirent point au roi ; mais elles conservèrent les mâles. Le roi les ayant appelées, leur dit : Qu'avez-vous fait ? vous avez conservé les garçons. Elles répondirent : Les Israélites ne sont pas comme les Égyptiennes ; elles ont la science d'accoucher, et elles enfantent avant que nous soyons venues (5). Alors le pharaon commanda à son peuple, disant : Que tout ce qui naîtra masculin soit jeté dans le fleuve (6) ; conservez le féminin.

 

      Après cela un homme de la famille de Lévi se maria, sa femme conçut et enfanta un fils ; et voyant que cet enfant était beau, elle le tint caché pendant trois mois ; mais voyant qu'elle ne pouvait pas le cacher plus longtemps, elle prit une corbeille de joncs, l'enduisit de bitume et de poix-résine, et l'exposa au milieu des roseaux sur le bord du fleuve ; et elle dit à la sœur de cet enfant de se tenir loin et de voir ce qui arriverait. La fille du roi étant venue pour se baigner dans le fleuve, ses suivantes marchant sur la rive, elle aperçut la corbeille, et elle aperçut l'enfant qui poussait des vagissements. Elle en eut pitié ; elle dit : C'est sans doute un des enfants des Hébreux. Sa sœur qui était là dit à la princesse : Voulez-vous que j'aille chercher une femme des Hébreux pour le nourrir ? Elle répondit : Allez-y ; et la fille fit venir sa mère, qui nourrit son fils, et qui le rendit à la princesse quand il fut en âge (7).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 - Il n'est pas aisé de nombrer ces soixante et dix personnes sorties de Jacob. Cependant saint Étienne, dans son discours, en compte soixante et quinze.

 

2 - Il y a une grande dispute entre les savants pour savoir quel était ce nouveau roi. Manéthon dit qu'il vint de l'Orient des hommes inconnus qui détrônèrent la race des Pharaons, du temps d'un nommé Timaüs ; que ce roi s'appelait Salathis ; qu'il s'établit à Memphis, c'es-à-dire à Moph, nommé Memphis par les Grecs, et que les rois de la race de Salathis, régnèrent deux cent cinquante ans ; mais ensuite il dit qu'ils possédèrent l'Égypte cinq cent onze ans, après quoi ils furent chassés. L'historien Flavius Josèphe dit tout le contraire, et prétend que cette nation, venue d'Orient, était celle des Israélites. Lorsque les événements sont obscurs dans une histoire, que faire ? il faut les garder comme obscurs.

 

3 - Ce roi-là tient un singulier discours. Il semble qu'au lieu de craindre que les Israélites vainqueurs ne s'en allassent, il devait craindre qu'ils ne restassent et qu'ils ne régnassent à sa place. On ne s'enfuit guère d'un beau pays dont on s'est rendu le maître.

 

4 - Apparemment que la ville de Ramessès tira son nom de l'endroit où il est dit que Joseph avait établi ses frères.

 

5 - On peut remarquer, que les femmes israélites furent exceptées en Égypte de la malédiction prononcée dans la Genèse contre toutes les femmes condamnées à enfanter avec douleur. On a dit que deux accoucheuses ne suffisaient pas pour aider toutes les femmes du mal d'enfant, et pour tuer tous les mâles. On suppose que ces deux sages-femmes en avaient d'autres sous elles.

 

6 - Si la terre de Gessen était dans le Nome arabique, entre le mont Casius et le désert d'Ethan, comme on l'a prétendu, il ne laisse pas d'y avoir loin de là au Nil ; il fallait faire plusieurs lieues pour aller noyer les enfants.

 

7 - Les critiques ont dit que la fille d'un roi ne pouvait se baigner dans le Nil, non-seulement par bienséance, mais par la crainte des crocodiles. De plus, il est dit que la cour était à Memphis, au delà du Nil. Et de Memphis à la terre de Gessen, il y a plus de cinquante lieues de deux mille cinq cents pas. Mais il se peut que la princesse fût venue dans ces quartiers avec son père.

 

L'auteur de l'ancienne Vie de Mosé, en trente-six parties, laquelle paraît écrite du temps des Rois, dit que soixante ans après la mort de Joseph, le pharaon vit en songe un vieillard tenant en main une balance. Tous les habitants de l'Égypte étaient dans la balance, et dans l'autre il n'y avait qu'un enfant dont le poids égalait celui de tous les habitants de l'Égypte. Le roi appela tous ses mages. L'un d'eux lui dit que sans doute cet enfant était un Hébreu qui serait fatal à son royaume Il y avait alors en Égypte un lévite nommé Amran, qui avait épousé sa sœur utérine, appelée Jocaed. Il en eut d'abord une fille nommée Marie ; ensuite Jocabed lui donna Aaron, ainsi appelé parce que le roi avait ordonné de noyer tous les enfants hébreux. Trois ans après, il eut un fils très beau qu'il cacha dans sa maison pendant trois mois.

 

L'auteur raconte ensuite l'aventure de la princesse qui adopta l'enfant et qui l'appela Mosé, sauvé des eaux ; mais son père l'appela Chabar, sa mère l'appela Jechotiel, sa tante Jared : Aaron le nomma Abisanah, et ensuite les Israélites lui donnèrent le nom de Nathanael. Mosé n'avait que trois ans lorsque le roi se maria et qu'il donna un grand festin ; sa femme était à sa droite, et sa fille était avec le petit Mosé à sa gauche ; cet enfant, en jouant, prit la couronne du roi et se la mit sur la tête. Le mage Balaam, eunuque du roi, lui dit : Seigneur, souviens-toi de ton rêve ; certainement l'esprit de Dieu est dans cet enfant. Si tu ne veux que l'Égypte soit détruite, il faut le faire mourir. Cet avis plut beaucoup au roi.

 

On était près de tuer le petit José, lorsque Dieu envoya l'ange Gabriel, qui prit la figure d'un des princes de la cour de Pharaon, et dit au roi : Je ne crois pas qu'on doive faire mourir un enfant qui n'a pas encore de jugement, mais il faut l'éprouver : présentons-lui à choisir d'une perle ou d'un charbon ardent ; s'il choisit le charbon, ce sera une preuve qu'il est sans raison, et qu'il n'a pas en mauvaise intention en prenant la couronne royale ; mais s'il prend la perle, ce sera une preuve qu'il a du jugement, et alors on pourra le tuer. Aussitôt on met devant Mosé un charbon ardent et une perle : Mosé allait prendre la perle, mais l'ange lui arrêta la main subitement, et lui fit prendre le charbon qu'il porta lui-même à sa langue. L'enfant se brûla la langue et la main, et c'est ce qui le rendit bègue pour le reste de sa vie.

 

L'historien Flavius Josèphe avait lu, sans doute, l'auteur juif que nous citons ; car il dit dans son livre second, chapitre V, qu'un des mages égyptiens, un des grands prophètes du pharaon, lui dit qu'il y avait un enfant parmi les Hébreux, dont la vertu serait un prodige, qu'il relèverait sa nation, et qu'il humilierait l'Égypte entière. Ensuite Flavius Josèphe raconte comment le petit Mosé, à l'âge de trois ans, prit le diadème du roi et marcha dessus ; et comment un prophète du pharaon conseilla au roi de la faire mourir.

 

Toutes ces différentes leçons ont fait dire aux savants qu'il en a été de l'histoire sacrée de Mosé comme de l'histoire profane d'Hercule, à quelques égards ; et que chaque auteur qui en a parlé y a mis beaucoup du sien, en ajoutant à la sainte Écriture des aventures dont elle ne parle pas.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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