LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 11

Publié le par loveVoltaire

LA BIBLE EXPLIQUÉE - Partie 11

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LA BIBLE EXPLIQUÉE.

 

 

 

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ANCIEN TESTAMENT.

 

 

 

(Partie 11)

 

 

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GENÈSE.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      Isaac devenu vieux, ses yeux s'obscurcirent ; il ne pouvait plus voir. Il appela donc Esaü son fils aîné, et il lui dit : Mon fils. Esaü répondit : Me voilà. Son père lui dit : Tu vois que je suis vieux, et que j'ignore le jour de ma mort. Prends ton carquois et ton arc ; va-t-en aux champs ; apporte-moi ce que tu auras pris ; fais-m'en un ragoût comme tu sais que je les aime ; apporte-le-moi, afin que j'en mange, et que mon âme te bénisse avant que je meure.Rébecca ayant entendu cela, et qu'Esaü était aux champs selon l'ordre de son père, dit à Jacob son fils : J'ai entendu Isaac ton père qui disait à ton frère Esaü : Apporte-moi de ta chasse, fais-en un ragoût, afin que j'en mange, et que je te bénisse devant le Seigneur avant de mourir. Suis donc mes conseils, va-t'en au troupeau ; apporte-moi deux des meilleurs chevreaux, afin que j'en fasse à ton père un plat que je sais qu'il aime ; et quand tu les auras apportés et qu'il en aura mangé, qu'il te bénisse avant qu'il meure. Jacob lui répondit : Tu sais que mon frère est tout velu (1), et que j'ai la peau douce. Si mon père vient à me tâter, je crains qu'il ne pense que j'ai voulu le tromper, et que je n'attire sur moi sa malédiction au lieu de sa bénédiction. Rébecca lui dit : Que cette malédiction soit sur moi, mon fils ; entends seulement ma voix, et apporte ce que j'ai dit. Il y alla ; il l'apporta à sa mère qui prépara le ragoût que son père aimait (2). Elle habilla Jacob des bons habits d'Esaü, qu'elle avait à la maison ; elle lui couvrir les mains et le cou avec les peaux des chevreaux, puis lui donna la fricassée et les pains qu'elle avait cuits. Jacob les ayant apportés à Isaac, lui dit : Mon père. Isaac répondit : Qui es-tu , mon fils ? Jacob répondit : Je suis Esaü ; j'ai fait ce que tu m'as commandé : lève-toi, assieds-toi, mange de ma chasse, afin que ton âme me bénisse. Isaac dit à son fils : Comment as-tu pu si tôt trouver du gibier ? Jacob répondit : La volonté de Dieu a été que je trouvasse sur-le-champ du gibier. Isaac dit : Approche-toi, que je te touche, et que je m'assure si tu es mon fils ou non. Jacob s'approcha de son père ; et Isaac l'ayant tâté, dit : La voix est la voix de Jacob, mais les mains sont les mains d'Esaü. Et il ne le connut point, parce que ses mains étant velues parurent semblables à celles de son fils aîné. Il le bénit donc, et lui dit : Es-tu mon fils Esaü ? Jacob répondit : Je le suis. Isaac dit : Apporte-moi donc de ta chasse, mon fils, afin que mon âme te bénisse. Jacob lui présenta donc à manger ; il lui présenta aussi du vin qu'il but, et lui dit : Approche-toi de moi, et baise-moi, mon fils ; et il s'approcha et baisa Isaac qui, ayant senti l'odeur de ses habits, lui dit en le bénissant : Voilà l'odeur de mon fils comme l'odeur d'un champ tout plein béni du Seigneur.

 

      Et il dit (3) : Que Dieu te donne de la rosée du ciel et de la graisse de la terre, abondance de blé et de vin ! Que les peuples te servent ! Que les tribus t'adorent ! Sois le seigneur de tes frères. Que les enfants de ta mère soient courbés devant toi... A peine Isaac avait fini son discours, que Jacob étant sorti, Esaü arriva, apportant à son père la fricassée de sa chasse, en lu disant : Lève-toi, mon père, afin que tu manges de la chasse de ton fils, et que ton âme me bénisse. Isaac lui dit : Qui es-tu ? Esaü répondit : Je suis ton premier-né Esaü. Isaac fut tout épouvanté et tout stupéfié ; et admirant la chose plus qu'on ne peut croire, il dit : Qui est donc celui qui m'a apporté de la chasse ? J'ai mangé de tout avant que tu vinsses ; je l'ai béni, et il sera béni. Esaü, ayant entendu ce discours, se mit à braire d'une grande clameur ; et consterné, il dit : Bénis-moi aussi, mon père. Isaac dit : Ton frère est venu frauduleusement, et a attrapé ta bénédiction. Esaü repartit : C'est justement qu'on l'appelle Jacob ; car il m'a supplanté deux fois ; il m'a pris mon droit d'aînesse, et à présent il me dérobe ta bénédiction . N'y a-t-il point aussi de bénédiction pour moi (4) ? Isaac répondit : Je l'ai établi ton maître, et je lui ai soumis tous ses frères ; il aura du blé et du vin ; que puis-je après cela faire pour toi ? Esaü dit : Père, n'as-tu vu qu'une bénédiction ? bénis-moi, je t'en prie. Et il pleurait en jetant de grands cris.

 

      Isaac ému lui dit : Eh bien ! dans la graisse de la terre et dans la rosée du ciel sera ta bénédiction. Tu vivras de ton épée ; et tu serviras ton frère, et le temps viendra que tu secoueras le joug de ton cou...

 

 

 

 

 

 

1 - Cette supercherie de Rébécca et de Jacob est regardée comme très criminelle ; mais le succès n'en est pas concevable. Il paraît impossible qu'Isaac, ayant reconnu la voix de Jacob, ait été trompé par la peau de chevreau dont Rébecca avait couvert les mains de ce fils puîné. Quelque poilu que fût Esaü, sa peau ne pouvait ressembler à celle d'un chevreau. L'odeur de la peau d'un animal fraîchement tué devait se faire sentir. Isaac devait trouver que les mains de son fils n'avaient point d'ongles. La voix de Jacob devait l'instruire assez de la tromperie ; il devait tâter le reste du corps. Il n'y a personne qui puisse se laisser prendre à un artifice si grossier.

 

2 - Rébecca paraît encore plus méchante que Jacob : c'est elle qui prépare toute la fraude ; mais elle accomplissait les décrets de la Providence sans le savoir. On punirait dans nos tribunaux Jacob et Rébecca comme ayant commis un crime de faux : mais la sainte Écriture n'est pas faite comme nos lois humaines. Jacob exécutait les arrêts divins, même par ses fautes.

 

3 - On demande comment Dieu put attacher ses bénédictions à celles d'Isaac, extorquées par une fraude si punissable, et si aisée à découvrir ? C'est rendre Dieu esclave d'une vaine cérémonie, qui n'a par elle-même aucune force. La bénédiction d'un père n'est autre chose qu'un souhait pour le bonheur de son fils. Tout cela, encore une fois, étonne l'esprit humain, qui n'a, comme nous l'avons dit souvent, d'autre parti à prendre que de soumettre sa raison à la foi. Car, puisque la sainte Église, en abhorrant les Juifs et le judaïsme, adopte pourtant toute leur histoire, il faut croire aveuglément toute cette histoire.

 

4 - Esaü a toujours raison ; cependant son père lui dit qu'il servira Jacob. Esaü ne fut point assujetti à Jacob. Une partie de ceux que l'on croit les descendants d'Esaü furent vaincus à la vérité par la race des Asmonéens ; mais ils prirent toujours leur revanche. Ils aidèrent Nabuchodonosor à ruiner Jérusalem. Ils se joignirent aux Romains. Hérode, Iduméen, fut créé par les Romains roi des Juifs, et longtemps après ils s'associèrent aux Arabes de Mahomet. Ils aidèrent Omar, et ensuite Saladin, à prendre Jérusalem ; ils en sont encore les maîtres en partie, et ils ont bâti une belle mosquée sur les mêmes fondements qu'Hérode avait établis pour élever son superbe temple. Ils partagent avec les Turcs toute la seigneurie de ce pays, depuis Joppé jusqu'à Damas. Ainsi, presque dans tous les temps, c'est la race d'Esaü qui a été véritablement bénie ; et celle de Jacob a été tellement infortunée, que les deux tribus et demie qui lui restèrent sont aujourd'hui aussi errantes, aussi dispersées et beaucoup plus méprisées que les anciens Parsis, et que ne l'ont été les restes des prêtres isiaques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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