ÉPÎTRE - A MADEMOISELLE DE LUBERT

Publié le par loveVoltaire

ÉPÎTRE - A MADEMOISELLE DE LUBERT

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A MADEMOISELLE DE LUBERT

 

 

 

− 1736 −

 

 

 

 

 

 

 

 

Charmante Iris, qui sans chercher à plaire,

Savez si bien le secret de charmer ;

Vous dont le cœur, généreux et sincère,

Pour son repos sut trop bien l’art d’aimer ;

Vous dont l’esprit, formé par la lecture,

Ne parle pas toujours mode et coiffure ;

Souffrez, Iris, que ma muse aujourd’hui

Cherche à tromper un moment votre ennui.

Auprès de vous on voit toujours les Grâces :

Pourquoi bannir les Plaisirs et les Jeux ?

L’Amour les veut rassembler sur vos traces :

Pourquoi chercher à vous éloigner d’eux :

Du noir Chagrin volontaire victime,

Vous seule, Iris, faites votre tourment,

Et votre cœur croirait commettre un crime

S’il se prêtait à la joie un moment.

De vos malheurs je sais toute l’histoire ;

L’Amour, l’Hymen, ont trahi vos désirs (1) :

Oubliez-les ; ce n’est que des plaisirs

Dont nous devons conserver la mémoire.

Les maux passés ne sont plus de vrais maux ;

Le présent seul est de notre apanage,

Et l’avenir peut consoler le sage,

Mais ne saurait altérer son repos.

Du cher objet que votre cœur adore

Ne craignez rien ; comptez sur vos attraits :

Il vous aima ; son cœur vous aime encore,

Et son amour ne finira jamais.

Pour son bonheur bien moins que pour le vôtre,

De la fortune il brigue les faveurs ;

Elle vous doit, après tant de rigueurs,

Pour son honneur rendre heureux l’un et l’autre.

D’un tendre ami, qui jamais ne rendit

A la fortune un criminel hommage,

Ce sont les vœux. Goûtez, sur son présage,

Dès ce moment le sort qu’il vous prédit.

 

 

 

 

 

1 – Elle aimait le fils du président Rougeot ; on s’opposa à leur mariage, à cause de son goût pour les lettres. (G.A.)

 

 

 

 

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