IMPROMPTU, fait à un souper dans une cour d'Allemagne.
Photo de PAPAPOUSS
IMPROMPTU,
FAIT A UN SOUPER DANS UNE COUR D’ALLEMAGNE.
‒ 1750 ‒
(1)
Il faut penser, sans quoi l’homme devient,
Malgré son âme, un vrai cheval de somme :
Il faut aimer, c’est ce qui nous soutient ;
Sans rien aimer, il est triste d’être homme.
Il faut avoir douce société
De gens savants, instruits, sans suffisance,
Et de plaisirs grande variété,
Sans quoi les jours sont plus longs qu’on ne pense.
Il faut avoir un ami qu’en tout temps,
Pour son bonheur, on écoute, on consulte,
Qui puisse rendre à notre âme en tumulte
Les maux moins vifs et les plaisirs plus grands.
Il faut, le soir, un souper délectable,
Où l’on soit libre, où l’on goûte à propos
Les mets exquis, les bons vins, les bons mots,
Et sans être ivre il faut sortir de table.
Il faut, la nuit, tenir entre deux draps
Le tendre objet que votre cœur adore,
Le caresser, s’endormir dans ses bras,
Et le matin recommencer encore.
Mes chers amis, avouez que voilà
De quoi passer une assez douce vie :
Or, dès l’instant que j’aimai ma Sylvie,
Sans trop chercher j’ai trouvé tout cela.
1 – Date du second voyage à Berlin. (G.A.)