MÉMOIRES ET TRAITÉS DIVERS - Chapitre XXX
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MÉMOIRES ET TRAITÉS DIVERS.
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CHAPITRE XXX.
De l'eau.
Qu'est-ce que l'eau ? Est-elle fluide ou solide de sa nature ? ne faut-il pas, pour qu'elle coule, qu'un feu secret en désunisse les parties ? Ôtez une grande quantité de ce feu, elle devient glace. Or, qu'est-ce qu'un élément qui a besoin d'un autre élément pour exister ?
L'eau de la mer est-elle de même nature que nos eaux de fontaines et de rivières ? Y a-t-il dans l'Océan et dans la Méditerranée de grands bancs de sel et des mines de bitume qui donnent à leurs eaux un goût différent de celui de notre eau ordinaire, quand nous l'avons chargée de sel marin ? Personne n'a jamais vu ces prétendues mines de sel ; personne n'a jamais extrait du bitume de l'eau de la mer.
Pourquoi l'eau est-elle incompressible ? pourquoi n'a-t-elle aucun ressort ? et qu'est-ce que le ressort ? Pourquoi de l'eau, enfermée dans un globe d'or, s'échappera-t-elle à travers les pores de l'or quand on frappera sur ce globe avec un marteau, quoique l'or soit près de vingt fois plus dense que l'eau ? Et pourquoi ne peut-elle passer à travers des pores du verre, tout diaphane qu'est ce verre ? Comment l'eau en vapeur a-t-elle une force si prodigieuse ? On serait embarrassé de répondre.
On ne sait pas encore même précisément pourquoi l'eau éteint le feu (1).
1 – L'eau de la mer est de l'eau pure qui tient en dissolution du sel commun et des sels marins à base terreuse : ce sont ces sels qui lui donnent cette amertume que plusieurs physiciens attribuent encore au bitume.
Depuis que l'on a su que la combustion ne pouvait s'exécuter sans qu'il se fit une combinaison d'air vital avec les parties non combustibles des corps, on connaît un peu mieux la raison pour laquelle l'eau éteint le feu. On est parvenu depuis quelques années, à prouver que l'eau n'est pas incompressible. (K.) - En lisant les trois articles précédents, on peut voir quel voile ont déchiré les travaux de Lavoisier. Il est certain que l'ignorance de ces temps, encore si rapprochés de nous était profonde, relativement à la nature et à la constitution des corps. On ne peut que s'étonner de voir Voltaire forcé, faute de preuves, d'admettre les éléments et cependant les repousser instinctivement dans certains cas. (Delavaut.)