MÉMOIRES ET TRAITÉS DIVERS - Chapitre V

Publié le par loveVoltaire

MÉMOIRES ET TRAITÉS DIVERS - Chapitre V

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MÉMOIRES ET TRAITÉS DIVERS.

 

 

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CHAPITRE V.

 

 

Des huîtres à l'écaille.

 

 

 

 

 

      Les huîtres sont un grand prodige pour nous, non pas pour la nature. Un animal toujours immobile, toujours solitaire, emprisonné entre deux murs aussi durs qu'il est mou, qui fait naître ses semblables sans copulation, et qui produit des perles sans qu'on sache comment, qui semble privé de la vue, de l'ouïe, de l'odorat, et des organes ordinaires de la nourriture : quelle énigme ! On les mange par centaines sans faire la moindre réflexion sur leurs singulières propriétés.

 

      Il faudrait faire sur elles les mêmes tentatives que sur les limaçons, leur couper sur leur rocher ce qui leur sert de tête, refermer ensuite leur écaille, et voir au bout d'un mois ce qui leur sera arrivé. Sont-elles des zoophytes ? Quelles bornes divisent le végétal et l'animal ? Où commence un autre ordre de choses ? Quelle chaîne lie l'univers ? Mais y-a-t-il une chaîne ? ne voit-on pas une disproportion marquée entre les planètes et leurs distances, entre la nature brute et l'organisée, entre la matière végétante et la sensible ; entre la sensible et la pensante ? Qui sait si elles se touchent ? Qui sait s'il n'y a pas entre elles un infini qui les sépare ! Qui saura jamais seulement ce que c'est que la matière ?

 

 

 

 

 

 

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