MÉMOIRES ET TRAITÉS DIVERS - Chapitre I

Publié le par loveVoltaire

MÉMOIRES ET TRAITÉS DIVERS - Chapitre I

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MÉMOIRES ET TRAITÉS DIVERS.

 

 

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CHAPITRE PREMIER.

 

 

Des pierres figurées.

 

 

 

 

 

      Ces pierres, soit agates, soit espèces de marbres et de cailloux, sont fort communes ; on les appelle dendrites, quand elles représentent des arbres ; herborisées ou arborisées, lorsqu'elles ne figurent que de petites plantes ; zoomorphites, quand le jeu de la nature leur a imprimé la ressemblance imparfaite de quelques animaux. On pourrait nommer domatistes celles qui représentent des maisons. Il y en a quelques-unes de cette espèce très étonnantes. J'en ai vu une sur laquelle on discernait un arbre chargé de fruits, et une face d'homme très mal dessinée, mais reconnaissable.

 

      Il est clair que ce n'est ni un arbre ni une maison qui a laissé l'empreinte de son image sur ces petites pierres dans le temps qu'elles pouvaient avoir de la mollesse et de la fluidité. Il est évident qu'un homme n'a pas laissé son visage sur une agate. Cela seul démontre que la nature exerce dans le genre des fossiles, comme dans les autres, un empire dont nous ne pouvons révoquer en doute la puissance, ni démêler les ressorts.

 

      Dire qu'on a vu sur ces dendrites des empreintes de feuilles d'arbres qui ne croissent qu'aux Indes, n'est-ce pas avancer une chose peu prouvée (1) ? Une telle fiction n'est-elle pas la suite du roman imaginé par quelques-uns que la mer des Indes est venue autrefois en Allemagne, dans les Gaules, et dans l'Espagne ? Les Huns et les Goths y sont bien venus : oui ; mais la mer ne voyage pas comme les hommes. Elle gravite éternellement vers le centre du globe. Elle obéit aux lois de la nature, et quand elle aurait fait ce voyage, comment aurait-elle apporté des feuilles des Indes pour les déposer sur des agates de Bohême ? Nous commençons par cette observation, parce qu'elle nous servira plus qu'aucune autre à nous défier de l'opinion que les petits poissons des mers les plus éloignées sont venus habiter les carrières de Montmartre et les sommets des Alpes et des Pyrénées. Il y a eu sans doute de grandes révolutions sur ce globe ; mais on aime à les augmenter : on traite la nature comme l'histoire ancienne, dans laquelle tout est prodige.

 

 

 

 

1 – Il y a des dendrites qui sont véritablement des empreintes de plantes ; d'autres sont produites par des parties métalliques déposées sur ces pierres ou dans leur intérieur ; d'autres sont formées par des bulles d'air. Quant aux pays des plantes qui ont produit ces impressions, on doit être très réservé à en décider : la plupart n'ont point toutes les espèces de nos climats. Les botanistes font chaque année des découvertes en ce genre. (K.)

 

 

 

 

 

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