OPÉRA - LE BARON D'OTRANTE - Partie 1

Publié le par loveVoltaire

OPÉRA - LE BARON D'OTRANTE  - Partie 1

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LE BARON D'OTRANTE.

 

 

 

 

OPÉRA BUFFA EN TROIS ACTES.

 

 

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AVERTISSEMENT POUR LA PRÉSENTE ÉDITION.

 

(1)

 

 

 

Cette petite pièce fut faite pour Grétry, qui, à son retour d'Italie, avait passé six mois à Genève, d'où il se rendait fréquemment à Ferney. Voltaire et madame Denis sur quelques essais de musique qu'il leur fit entendre, conçurent une si grande espérance de ses talents, qu'ils le pressèrent vivement d'aller les exercer à Paris ; et, pour l'y déterminer d'autant mieux, Voltaire s'offrit de travailler dans un genre nouveau, dont il n'osait cependant espérer, disait-il, d'atteindre la sublimité.

 

Il donna en effet le Baron d'Otrante à Grétry, qui vint le présenter aux comédiens italiens, comme l'ouvrage d'un jeune homme de province. Les comédiens refusèrent la pièce, en avouant cependant que l'auteur n'était pas sans talent, et qu'il promettait beaucoup. Ils engagèrent même Grétry à mander au jeune homme que s'il voulait venir à Paris, on pourrait lui indiquer quelques changements nécessaires pour faire peu d'étude de leur théâtre, il pourrait lui devenir utile par ses travaux, et se rendre digne d'y être attaché. Leur défiance venait principalement de la nouveauté de ce genre d'opéra comique, où l'un des principaux rôles était en italien, et tous les autres en français ; mais si l'on a vu longtemps sur le même théâtre, dans des comédies, un principal personnage parler français, et tous les autres lui répondre en italien, pourquoi l'inverse n'aurait-il pas réussi dans un opéra comique rempli d'ailleurs de gaieté et de philosophie ?

 

Quoi qu'il en soit, le jeune auteur reconnut son insuffisance, et ne jugea pas à propos de se déplacer. Il aima mieux renoncer à une gloire qu'il désespérait d'obtenir. Cet événement empêcha Grétry de mettre la pièce en musique, et l'auteur de la Henriade et de Mahomet de faire des opéras comiques. Il s'en tint à ses premiers essais, le Baron d'Otrante et les Deux Tonneaux.

 

Il est assez remarquable que Voltaire donna le premier un opéra à Grétry, comme il avait, le premier, vers 1730, donné une tragédie lyrique à Rameau, avant que ces deux grands musiciens se fussent encore exercés dans les genres où ils ont excellé. Le grand poète découvrit leur génie et pressentit leurs succès. Si les encouragements qu'il leur donna ont pu les déterminer à embrasser la carrière dramatique, on lui serait en partie redevable des chefs-d'œuvre dont ils ont enrichi la scène, et des progrès qu'ils ont fait faire à l'art musical. Quel homme grave, à ce prix, ne pardonnerait à Voltaire d'avoir fait des opéras comiques (2) ?

 

 

 

 

 

1 – Cet Avertissement est de Decroix, l'un des éditeurs de Kehl.

 

2 - Nous n'avons rien à ajouter à cette Préface, si ce n'est que Grétry se trouvait à Genève en 1767 ; qu'il reçut de Ferney le Baron d'Otrante en 1769 ; que Voltaire avait pris le sujet de cet opéra dans son conte l'Éducation d'un prince (voir aux POÉSIES) ; et que ce sujet a été mis depuis lors et en vaudeville, et en opéra, et en drame même, par Mercier de Compiègne, Castel et Lieutaud. (G.A.)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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