ANNALES DE L'EMPIRE - VERS TECHNIQUES
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ANNALES DE L’EMPIRE.
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VERS TECHNIQUES
QUI CONTIENNENT
LA SUITE CHRONOLOGIQUE DES EMPEREURS,
ET LES PRINCIPAUX ÉVÉNEMENTS DEPUIS CHARLEMAGNE.
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NEUVIÈME SIÈCLE.
Charlemagne en huit cent renouvelle l'Empire,
Fait couronner son fils ; en quatorze il expire.
Louis, en trente-trois par des prêtres jugé,
D'un sac de pénitent dans Soissons est chargé :
Rétabli, toujours faible, il expire en quarante.
Lothaire est moine à Prum, cinq ans après cinquante.
On perd après vingt ans le second des Louis :
Le Chauve lui succède, et meurt au mont Cenis.
Le Bègue, fils du Chauve, à l'empire une année.
Le Gros, soumis au pape, ô dure destinée !
En l'an quatre-vingt-sept dans Tribur déposé,
Cède au bâtard Arnoud son trône méprisé.
Arnoud, sacré dans Rome ainsi qu'en Lombardie,
Finit avec le siècle en quittant l'Italie.
DIXIÈME SIÈCLE.
Louis, le fils d'Arnoud, quatrième du nom,
Du sang de Charlemagne avorté rejeton,
Termine en neuf cent douze une inutile vie.
On élit en plein champ Conrad de Franconie.
On voit en neuf cent vingt le Saxon l'Oiseleur,
Henri, roi des Germains bien plutôt qu'empereur.
Othon, que ses succès font grand prince et grand homme,
En l'an soixante-deux se rend maître de Rome.
Rome, au dixième siècle en proie à trois Othons,
Gémit dans le scandale et dans les factions.
ONZIÈME SIÈCLE.
Saint-Henri de Bavière, en l'an trois après mille,
Puis Conrad-le-Salique, Henri trois dit le Noir,
Henri quatre, pieds nus, sans sceptre sans pouvoir,
Demande au fier Grégoire un pardon inutile :
Meurt en l'an mil cent six à Liège, son asile,
Détrôné par son fils et par lui déterré.
DOUZIÈME SIÈCLE.
Le cinquième Henri, ce fils dénaturé,
Sur le trône soutient la cause de son père.
Le pape en vingt et deux soumet cet adversaire.
Lothaire le Saxon, en vingt-cinq couronné,
Baise les pieds du pape, à genoux prosterné,
Tient l'étrier sacré, conduit la sainte mule.
L'empereur Conrad trois, par un autre scrupule,
Va combattre en Syrie, et s'en revient battu ;
Et l'empire romain pour son fils est perdu.
C'est en cinquante-deux que Barberousse règne ;
Il veut que l'Italie le serve et le craigne ;
Détruit Milan, prend Rome, et cède au pape enfin ;
Il court dans les saints lieux combattre Saladin ;
Meurt en quatre-vingt-dix : sa tombe est ignorée.
Par Henri six, son fils, Naples au meurtre est livrée :
Il fait périr le sang de ses illustres rois,
Et huit ans à l'Empire il impose des lois.
TREIZÈME SIÈCLE.
Philippe le régent se fait bientôt élire ;
Mais en douze cent huit il meurt assassiné.
Othon quatre à Bouvine est vaincu, détrôné :
C'est en douze cent quinze. Il fuit et perd l'Empire.
De Frédéric second les jours trop agités,
Par deux papes hardis longtemps persécutés,
Finissent au milieu de ce siècle treizième.
Après lui Conrad quatre a la grandeur suprême.
C'est en soixante-huit que la main d'un bourreau
Dans Conradin son fils éteint un sang si beau.
Après les dix-huit ans qu'on nomme d'anarchie.
Dans l'an soixante et treize Habsbourg, plein de vertu,
Il défait Ottocare, il venge la patrie,
Et de sa race auguste il fonde la grandeur.
Adolphe de Nassau devient son successeur :
En quatre-vingt-dix-huit une main ennemie
Finit dans un combat son empire et sa vie.
QUATORZIÈME SIÈCLE.
Albert, fils de Habsbourg, est cet heureux vainqueur ;
Il meurt en trois cent huit, et par un parricide.
On dit qu'en trois cent treize une main plus perfide,
Au vin de Jésus-Christ mêlant des sucs mortels,
Fit périr Henri sept au pied des saints autels.
Déposant, déposé, Louis cinq de Bavière.
Fait contre Jean vingt-deux l'anti-pape Corbière,
Meurt en quarante-sept. Charles quatre après lui
Fait cette bulle d'or qu'on observe aujourd'hui.
De l'an cinquante-six elle est l'époque heureuse.
De ce père si sage héritier insensé.
Venceslas est connu par une vie affreuse;
Mais en quatorze cent il se voit déposé.
QUINZIÈME SIÈCLE.
Robert règne dix ans ; Josse moins d'une année.
Venceslas traîne encor sa vie infortunée.
Son frère Sigismond, moins guerrier que prudent,
Dans l'an quinze finit le schisme d'Occident.
Son gendre Albert second, sage, puissant, et riche,
Fixe le trône enfin dans la maison d'Autriche.
Frédéric son parent en quarante est élu :
Mort en quatre-vingt-treize, et jamais absolu.
SEIZIÈME SIÈCLE.
De Maximilien le riche mariage,
Et de Jeanne à la fin l'Espagne en héritage,
Font du grand Charles-Quint un empereur puissant,
Vainqueur heureux des lis, de Rome et du croissant.
Il meurt en cinquante-huit, las des grandeurs suprêmes.
Son frère Ferdinand porte trois diadèmes :
Et l'an soixante-quatre il les laisse à son fils.
Rodolphe en quitta deux.
DIX-SEPTIÈME SIÈCLE.
Mathias fut assis
En douze après six cent au trône de l'Empire.
Gustave, Richelieu, la fortune conspire
Contre le puissant roi second des Ferdinand,
Qui laisse en trente-sept ses États chancelants.
Munster donne la paix à Ferdinand troisième.
DIX-HUITIÈME SIÈCLE.
Léopold, délivré du fer des Ottomans,
Expire en sept cent cinq et Joseph l'an onzième.
Charles six en quarante : et le sang des Lorrains
S'unit au sang d'Autriche, au trône des Germains (1),
1 – On voit que Voltaire a fabriqué avec conscience ces vers techniques. Il y eut même des variantes. C'est ainsi que l'édition de 1753 donnait autrement le dernier vers. On lisait :
A réuni l'Autriche au beau sang des Germains.
En vérité, on ne saurait trop admirer ces grands philosophes du dix-huitième siècle qui se sont appliqués aux plus humbles travaux pour l'instruction de l'enfance. Le marquis de Ximenès a donné une suite à ces vers jusqu'en 1801. (G.A.)