ANNALES DE L'EMPIRE - CATALOGUE DES EMPEREURS - FERDINAND III - Partie 55.2

Publié le par loveVoltaire

ANNALES DE L'EMPIRE - CATALOGUE DES EMPEREURS - FERDINAND III - Partie 55.2

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FERDINAND III,

 

 

QUARANTE-SEPTIÈME EMPEREUR.

 

 

 

(Partie 2)

 

 

 

 

 

1637. Ferdinand III monta sur le trône d'Allemagne dans un temps où les peuples fatigués commençaient à espérer quelque repos ; mais ils s''en flattaient bien vainement. On avait indiqué un congrès à Cologne et à Hambourg, pour donner au moins au public les apparences de la réconciliation prochaine : mais ni le conseil autrichien ni le cardinal de Richelieu ne voulaient la paix. Chaque parti espérait des avantages qui le mettraient en état de donner la loi.

 

Cette longue et funeste guerre, fondée sur tant d'intérêts divers, se continuait donc parce qu'elle était entreprise. Le général suédois Bannier désolait la Haute-Saxe ; le duc Bernard de Veimar, les bords du Rhin ; les Espagnols étaient entrés dans le Languedoc, après avoir pris auparavant les îles Sainte-Marguerite, et ils avaient pénétré par les Pays-Bas jusqu'à Pontoise. Le vicomte de Turenne se signalait déjà dans les Pays-Bas, contre le cardinal infant, gouverneur de Flandre. Tant de dévastations n'avaient plus le même objet que dans le commencement des troubles. Les ligues catholique et protestante, et la cause de l'électeur palatin les avaient excités ; mais alors l'objet était la supériorité que la France voulait arracher à la maison d'Autriche ; et le but des Suédois était de conserver une partie de leur conquête en Allemagne : on négociait, et on était en armes dans ces deux vues.

 

1638. Le duc Bernard de Veimar devient un ennemi aussi dangereux pour Ferdinand III que Gustave-Adolphe l'avait été pour Ferdinand II. Il donne deux batailles en quinze jours auprès de Rheinfeld, l'une des quatre villes forestières dont il se rend maître ; et à la seconde bataille, il détruit toute l'armée de Jean de Vert, célèbre général de l'empereur ; il le fait prisonnier avec tous les officiers généraux. Jean de Vert est envoyé à Paris. Veimar assiège Brisach ; il gagne une troisième bataille, aidé du maréchal de Guébriant (1) et du vicomte de Turenne contre le général Gœuts ; il en donne une quatrième contre le duc de Lorrain, Charles IV, qui, comme Veimar, n'avait pour tout état que son armée.

 

Après avoir remporté quatre victoires en moins de quatre mois, il prend le 18 décembre la forteresse de Brisach, regardée alors comme la clef de l'Alsace.

 

Le comte palatin, Charles-Louis, qui avait enfin rassemblé quelques troupes, et qui brûlait de devoir son rétablissement à son épée, n'est pas si heureux en Vestphalie, où les impériaux défont sa faible armée ; mais les Suédois, sous le général Bannier, font de nouvelles conquêtes en Poméranie. La première année du règne de Ferdinand III n'est presque célèbre que par des disgrâces.

 

1639. La fortune de la maison d'Autriche la délivre de Bernard de Veimar, comme elle l'avait délivrée de Gustave-Adolphe. Il meurt de maladie, à la fleur de son âge, le 18 juillet ; il n'était âgé que de trente-cinq ans.

 

Il laissait pour héritage son armée et ses conquêtes ; cette armée était à la vérité soudoyée secrètement par la France ; mais elle appartenait à Veimar ; elle n'avait fait serment qu'à lui. Il faut négocier avec cette armée pour qu'elle passe au service de la France, et non à celui de la Suède : la laisser aux Suédois, c'était dépendre de son allié. Le maréchal de Guébriant achète le serment de ces troupes ; et Louis XIII est le maître de cette armée veimarienne, de l'Alsace, et du Brisgau, à peu de chose près.

 

Les traités et l'argent faisaient tout pour lui ; il disposait de la Hesse entière, province qui fournit de bons soldats. La célèbre Amélie de Hanau, landgrave douairière, l'héroïne de son temps, entretenait à l'aide de quelques subsides de la France, une armée de dix mille hommes dans ce pays ruiné qu'elle avait rétabli ; jouissant à la fois de cette considération que donnent toutes les vertus de son sexe, et de la gloire d'être un chef de parti redoutable.

 

La Hollande, à la vérité, était neutre dans la querelle de l'empereur ; mais elle occupait toujours l'Espagne dans les Pays-Bas, et par là opérait une diversion considérable.

 

Le général Bannier était vainqueur dans tous les combats qu'il donnait ; il soumettait la Thuringe et la Saxe, après s'être assuré de toute la Poméranie.

 

Mais le principal objet de tant de troubles, le rétablissement de la maison palatine, était ce qu'il y avait de plus négligé ; et par une fatalité singulière, le prince palatin fut mis en prison par les Français mêmes qui, depuis si longtemps, semblaient vouloir le placer sur le siège électorat. Le comte palatin, à la mort du duc de Veimar, avait conçu un dessein très beau et très raisonnable ; c'était de rentrer dans ses États avec l'armé veimarienne, qu'il voulait acheter avec l'argent de l'Angleterre. Il passa en effet à Londres ; il y obtint de l'argent ; il retourna par la France : mais le cardinal de Richelieu, qui voulait bien le protéger et non le voir indépendant, le fit arrêter et ne le relâcha que quand Brisach et les troupes veimariennes furent assurées à la France ; alors il lui donna un appui que ce prince fut contraint d'accepter.

 

1640. Les progrès des Français et des Suédois continuent. Le duc de Longueville et le maréchal de Guébriant se joignent au général Bannier. Les troupes de Hesse et de Lunebourg augmentent encore cette armée.

 

Sans le général Piccolomini on marchait à Vienne ; mais il arrêta tant de progrès par des marches savantes. Il était d'ailleurs très difficile à des armées nombreuses d'avancer en présence de l'ennemi, dans des pays ruinés depuis si longtemps, et où tout manquait aux soldats comme aux peuples.

 

La fin de cette année 1640 est encore très fatale à la maison d'Autriche. La Catalogne se soulève, et se donne à la France.

 

Le Portugal, qui depuis Philippe II n'était qu'une province d'Espagne appauvrie, chasse le gouvernement autrichien, et devient bientôt pour jamais un royaume séparé et florissant.

 

Ferdinand commence alors à vouloir traiter sérieusement de la paix ; mais en même temps il demande à la diète de Ratisbonne une armée de quatre-vingt-dix mille hommes pour soutenir la guerre.

 

1641. Tandis que l'empereur est à la diète de Ratisbonne, le général Bannier est sur le point de l'enlever, lui et tous les députés ; il marchait avec son armée sur le Danube glacé, et sans un dégel qui survint, il prenait Ferdinand dans Ratisbonne, qu'il foudroya de son canon.

 

La même fortune qui avait fait périr Gustave et Veimar au milieu de leurs conquêtes, délivre encore les impériaux de ce fameux général Bannier : il meurt dans le temps qu'il était le plus à craindre ; une maladie l'emporte le 20 mai, à l'âge de quarante ans (2), dans Halberstadt. Aucun des généraux suédois n'eut une longue carrière.

 

On négociait toujours ; le cardinal de Richelieu pouvait donner la paix, et ne le voulait pas : il sentait trop les avantages de la France ; et il voulait se rendre nécessaire pendant la vie et après la mort de Louis XIII, dont il prévoyait la fin prochaine. Il ne prévoyait pas que lui-même mourrait avant le roi. Il conclut donc avec la reine de Suède, Christine, un nouveau traité d'alliance offensive pour préliminaire de cette paix, dont on flattait les peuples oppressés ; et il augmenta le subside de la Suède de deux cent mille livres.

 

Le comte de Torstenson (3) succède au général Bannier dans le commandement de l'armée suédoise, qui était en effet une armée d'Allemands. Presque tous les Suédois qui avaient combattu sous Gustave et sous Bannier étaient morts ; et c'était sous le nom de la Suède que les Allemands combattaient contre leur patrie. Torstenson, élève du grand Gustave, se montre d'abord digne d'un tel maître. Le maréchal de Guébriant et lui défont encore les impériaux, près de Volffenbuttel.

 

Cependant, malgré tant de victoires, l'Autriche n'est jamais entamée ; l'empereur résiste toujours. L'Allemagne, depuis le Mein jusqu'à la mer Baltique, était toute ruinée ; on ne porta jamais la guerre dans l'Autriche. On n'avait pas assez de forces : ces victoires tant vantées n'étaient donc pas entièrement décisives : on ne pouvait donc poursuivre à la fois tant d'entreprises, et attaquer puissamment un côté sans dégarnir l'autre.

 

 

 

 

 

 

1 – Le comte de Guébriant ne fut nommé maréchal qu'en 1612. (G.A.)

 

2 – Ou plutôt, de quarante-cinq ans. (G.A.)

 

3 – Voyez, sur Torstenson, une note du chapitre III du Siècle de Louis XIV. (G.A.)

 

 

 

 

 

 

 

 

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