ANNALES DE L'EMPIRE - CATALOGUE DES EMPEREURS - ALBERT II D'AUTRICHE - Partie 46

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ANNALES DE L'EMPIRE - CATALOGUE DES EMPEREURS - ALBERT II D'AUTRICHE - Partie 46

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ANNALES DE L’EMPIRE.

 

 

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CATALOGUE DES EMPEREURS

 

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ALBERT II D'AUTRICHE.

 

 

 

 

 

 

 

Né en 1399 (1), empereur en 1438, mort en 1439.

 

 

 

Sa femme :

  • Élisabeth, fille de Sigismond, héritière de Bohême et de Hongrie.

 

Ses enfants :

  • George, mort jeune ;

  • Anne, mariée à un duc de Saxe ;

  • Élisabeth, à un prince de Pologne ;

  • Ladislas, posthume, roi de Bohême et de Hongrie.

 

 

 

 

1 – Ou plutôt 1397. (G.A.)

 

 

 

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ALBERT II D'AUTRICHE.

 

 

TRENTE-HUITIÈME EMPEREUR.

 

 

 

 

 

1438. Il parut alors que la maison d'Autriche pouvait être déjà la plus puissante de l'Europe. Albert II, gendre de Sigismond, se vit roi de Bohême et de Hongrie, duc d'Autriche, souverain de beaucoup d'autres pays, et empereur. Il n'était roi de Hongrie et de Bohême que par élection ; mais, quand le père et l'aïeul ont été élus, le petit-fils se fait aisément un droit héréditaire.

 

Le parti des hussites, qu'on nommait les calistins, élit pour roi Casimir, frère du roi de Pologne. Il faut combattre. L'armée de l'empereur, commandée par Albert-l'Achille, alors burgrave de Nuremberg, et depuis électeur de Brandebourg, assure par des victoires la couronne de Bohême à Albert II d'Autriche.

 

Dans une grande diète à Nuremberg, ou réforme l'ancien tribunal des austrègues, remède inventé, comme on a vu (1), pour prévenir l'effusion de sang dans les querelles des seigneurs. L'offensé doit nommer trois princes pour arbitres ; ils doivent être approuvés par les états de l'empire, et juger dans l'année.

 

On divise l'Allemagne en quatre parties, nommées cercles, Bavière, Rhin, Souabe et Vestphalie. Les terres électorales ne sont pas comprises dans ces quatre cercles, chaque électeur croyant de sa dignité de gouverner son État sans l'assujettir à ce règlement. Chaque cercle a un directeur et un duc ou général, et chaque membre du cercle est taxé à un contingent en hommes ou en argent pour la sûreté publique.

 

On abolit dans cette diète cette ancienne loi veimique, qui subsistait encore en quelques endroits de la Vestphalie, loi qui n'en mérite pas le nom, puisque c'était l'opposé de toutes les lois. Elle s'appelait le jugement secret, et consistait à condamner un homme à mort, sans qu'il en sût rien. Elle fut instituée, comme nous l'avons vu (2), par Charlemagne contre les Saxons.

 

Cette manière de juger, qui n'est qu'une manière d'assassiner, a été pratiquée dans plusieurs États, et surtout à Venise, lorsqu'un danger pressant, ou qu'un intérêt d'État supérieur aux lois pouvait servir d'excuse à cette barbarie. Mais le décret de la diète abolit en vain cette loi exécrable : le tribunal secret subsista toujours. Les juges ne cessèrent point de nommer leurs assesseurs. Ils osèrent même citer l'empereur Frédéric III. Il n'y a point d'excès à quoi ne puisse se porter une compagnie qui croit n'avoir point de compte à rendre. Cette cour infâme ne fut pleinement détruite que par Maximilien 1er.

 

1439. D'un côté le concile de Bâle continue à troubler l'Occident ; de l'autre les Turcs et les Tartares, qui se disputent l'Orient, portent leurs dévastations aux frontières de la Hongrie.

 

L'empereur grec, Jean Paléologue II, auquel il ne restait guère plus que Constantinople, croit en vain pouvoir obtenir du secours des chrétiens. Il s'humilie jusqu'à venir dans Rome soumettre l'Église grecque au pape.

 

Ce fut dans le concile de Ferrare, opposé par Eugène IV au concile de Bâle, que Jean Paléologue et son patriarche furent d'abord reçus. L'empereur grec et son clergé, dans leur soumission réelle, gardèrent en apparence la majesté de leur empire et la dignité de leur Église. Aucun de ces fugitifs ne baisa les pieds du pape ; ils avaient en horreur cette cérémonie, reçue par les empereurs d'Occident, qui se disaient souverains du pape. Cependant on avait, dans les premiers siècles, baisé les pieds des évêques grecs.

 

Paléologue et ses prélats suivent le pape de Ferrare à Florence. Il y est solennellement décidé et convenu par les représentants des Églises latine et grecque, « que Saint-Esprit procède du Père et du Fils par la production d'inspiration ; que le Père communique tout au Fils, excepté la paternité ; et que le Fils a de toute éternité la vertu productive, par laquelle le Saint-Esprit procède du Fils comme du Père. »

 

Le grand point intéressant et glorieux pour Rome était l'aveu de sa primatie. Le pape fut solennellement reconnu, le 6 juillet, pour le chef de l'Église universelle.

 

Cette union des Grecs et des Latins fut à la vérité, désavouée bientôt après par toute l'Église grecque. La victoire du pape Eugène fut aussi vaine que les subtilités métaphysiques sur lesquelles on disputait.

 

Dans le même temps qu'il rend ce service aux Latins, et qu'il finit, autant qu'il est en lui, le schisme de l'Orient et de l'Occident, le concile de Bâle, le dépose du pontificat, le déclare rebelle, simoniaque, schismatique, hérétique, et parjure.

 

Il faut avouer que les Pères de Bâle agirent quelquefois comme des factieux imprudents, et qu'Eugène se conduisit comme un homme habile. Mais c'était un grand exemple des inconséquences qui gouvernent le monde, que la religion chrétienne étant née et détruite en Judée, le chef de cette religion, souverain à Rome, fût jugé et condamné en Suisse (3),

 

On ne doit pas oublier que Paléologue, de retour à Constantinople, fut si odieux à son Église, pour l'avoir soumise à Rome, que son propre fils lui refusa la sépulture.

 

Cependant les Turcs avancent jusqu'à Semendria en Hongrie. Au milieu de ces alarmes, Albert d'Autriche, dont on attendait beaucoup, meurt le 27 octobre, laissant l'empire affaibli comme il l'avait trouvé, et l'Europe malheureuse.

 

 

 

 

1 – Années 1269-1272 (G.A.)

 

2 – Année 792 (G.A.)

 

3 – Voyez des inconséquences analogues signées par Voltaire à l'année 1316. (G.A.)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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