ANNALES DE L'EMPIRE - CATALOGUE DES EMPEREURS - HENRI V - Partie 2 - Partie 26
ANNALES DE L’EMPIRE.
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CATALOGUE DES EMPEREURS
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(Partie 2)
HENRI V,
Henri V achève cette comédie en demandant au pape la permission de faire enterrer son père en terre sainte, lui assurant qu’il est mort pénitent : et il retourne en Allemagne faire les obsèques de Henri IV, sans avoir affermi son pouvoir en Italie.
Pascal II ne trouva pas mauvais que les cardinaux et ses légats, dans tous les royaumes, désavouassent sa condescendance pour Henri V.
Il assemble un concile dans la basilique de Saint-Jean de Latran. Là, en présence de trois cents prélats, il demande pardon de sa faiblesse, offre de se démettre du pontificat, casse, annule tout ce qu’il a fait, et s’avilit lui-même pour relever l’Église.
1113 – Il se peut que Pascal II et son concile n’eussent pas fait cette démarche, s’ils n’eussent compté sur quelqu’une de ces révolutions qui ont toujours suivi le sacre des empereurs. En effet, il y avait des troubles en Allemagne au sujet du fisc impérial ; autre source de guerres civiles.
1114 – Lothaire, duc de Saxe, depuis empereur, est à la tête de la faction contre Henri V. Cet empereur ayant à combattre les Saxons comme son père, est défendu comme lui par la maison de Souabe. Frédéric de Stauffen, duc de Souabe, père de l’empereur Barberousse, empêche Henri V de succomber.
1115 – Les ennemis les plus dangereux de Henri V sont trois prêtres : le pape, en Italie ; l’archevêque de Mayence, qui bat quelquefois ses troupes, et l’évêque de Burtzbourg, Erlang, qui, envoyé par lui aux ligueurs, le trahit et se range de leur côté.
1116 – Henri V, vainqueur, met l’évêque de Vurtzbourg, Erlang, au ban de l’empire. Les évêques de Vurtzbourg se prétendaient seigneurs directs de toute la Franconie, quoi qu’il y eût des ducs, et que ce duché même appartînt à la maison impériale.
Le duché de Franconie est donné à Conrad, neveu de Henri V. Il n’y a plus aujourd’hui de duc de cette grande province, non plus que de Souabe.
L’évêque Erlang se défend longtemps dans Vurtzbourg, dispute les remparts l’épée à la main, et s’échappe quand la ville est prise.
La fameuse comtesse Mathilde meurt, après avoir renouvelé la donation de tous ses biens à l’Église romaine.
1117 – L’empereur Henri V, déshérité par sa cousine et excommunié par le pape, va en Italie se mettre en possession des terres de Mathilde, et se venger du pape. Il entre dans Rome, et le pape s’enfuit chez les nouveaux vassaux et les nouveaux protecteurs de l’Église, les princes normands.
Le premier couronnement de l’empereur paraissant équivoque, on en fait un second qui l’est bien davantage. Un archevêque de Brague (1) en Portugal, Limousin de naissance, nommé Bourdin, s’avise de sacrer l’empereur.
1118 – Henri, après cette cérémonie, va s’assurer de la Toscane. Pascal II revient à Rome avec une petite armée des princes normands. Il meurt, et l’armée s’en retourne après s’être fait payer.
Les cardinaux seuls élisent Gaëtan (2), Gélase II. Censio, consul de Rome, marquis de Frangipani, dévoué à l’empereur, entre dans le conclave l’épée à la main, saisit le pape à la gorge, l’accable de coups, le fait prisonnier. Cette férocité brutale met Rome en combustion. Henri V va à Rome ; Gélase se retire en France ; l’empereur donne le pontificat à son Limousin Bourdin.
1119 – Gélase étant mort au concile de Vienne (3) en Dauphiné, les cardinaux qui étaient à ce concile élisent, conjointement avec les évêques, et même avec des laïques romains qui s’y trouvaient, Gui de Bourgogne, archevêque de Vienne, fils d’un duc de Bourgogne, et du sang royal de France. Ce n’est pas le premier prince élu pape. Il prend le nom de Calixte II.
Louis-le-Gros, roi de France, se rend médiateur dans cette grande affaire des investitures entre l’empire et l’Église. On assemble un concile à Reims. L’archevêque de Mayence y arrive avec cinq cents gendarmes à cheval, et le comte de Troyes va le recevoir à une demi-lieue avec un pareil nombre.
L’empereur et le pape se rendent à Mouzon. On est prêt de s’accommoder, et, sur une dispute de mots, tout est plus brouillé que jamais. L’empereur quitte Mouzon, et le concile l’excommunie.
1120 – 1121 – Comme il y avait dans ce concile plusieurs évêques allemands qui avaient excommunié l’empereur, les autres évêques d’Allemagne ne veulent plus que l’empereur donne les investitures.
1122 – Enfin, dans une diète de Vorms, la paix de l’empire et de l’Église est faite. Il se trouve que dans cette longue querelle on ne s’était jamais entendu. Il ne s’agissait pas de savoir si les empereurs conféraient l’épiscopat, mais s’ils pouvaient investir de leurs fiefs impériaux des évêques canoniquement élus à leur recommandation. Il fut décidé que les investitures seraient dorénavant données par le sceptre, et non par un bâton recourbé et par un anneau. Mais ce qui fut bien important, l’empereur relança en termes exprès à nommer aux bénéfices ceux qu’il devait investir. Ego, Henricus, Dei gratia Romanorum imperator, concedo in omnibus ecclesiis fieri electionem et liberam consecrationem. Ce fut une brèche irréparable à l’autorité impériale.
1123 – Troubles civils en Bohême, en Hongrie, en Alsace, en Hollande. Il n’y a, dans ce temps malheureux, que de la discorde dans l’Église, des guerres particulières entre tous les grands, et de la servitude dans les peuples.
1124 – Voici la première fois que les affaires d’Angleterre se trouvent mêlées avec celles de l’empire. Le roi d’Angleterre Henri Ier, frère du duc de Normandie, a déjà des guerres avec la France au sujet de ce duché.
L’empereur lève des troupes, et s’avance vers le Rhin. On voit aussi que dès ce temps-là même tous les seigneurs allemands ne secondaient pas l’empereur dans de telles guerres. Plusieurs refusent de l’assister contre une puissance qui, par sa position, devait être naturellement la protectrice des seigneurs des grands fiefs allemands contre le dominateur suzerain, ainsi que les rois d’Angleterre s’unirent depuis avec les grands vassaux de la France.
1125 – Les malheurs de l’Europe étaient au comble par une maladie contagieuse. Henri V en est attaqué, et meurt à Utrecht le 22 mai, avec la réputation d’un fils dénaturé, d’un hypocrite sans religion, d’un voisin inquiet, et d’un mauvais maître.
1 – Ou mieux, Braga. (G.A.)
2 – Jean de Gaête. (G.A.)
3 – Ou plutôt, dans l’abbaye de Cluny. (G.A.)