HISTOIRE DE RUSSIE - PREMIÈRE PARTIE - Chapitre II - Partie 4

Publié le par loveVoltaire

Photo de PAPAPOUSS

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HISTOIRE DE RUSSIE.

 

 

 

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CHAPITRE II.

 

 

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SUITE DE L’ÉTAT OU ÉTAIT LA RUSSIE

AVANT PIERRE-LE-GRAND.

 

 

 

 

         La Russie, qui doit uniquement à Pierre-le-Grand sa grande influence dans les affaires de l’Europe, n’en avait aucune depuis qu’elle était chrétienne. On la voit auparavant faire sur la mer Noire ce que les Normands faisaient sur nos côtes maritimes de l’Océan, armer du temps d’Héraclius quarante mille petites barques, se présenter pour assiéger Constantinople, imposer un tribut aux césars grecs. Mais le grand knès Vladimir, occupé du soin d’introduire chez lui le christianisme, et fatigué des troubles intestins de sa maison, affaiblit encore ses Etats en les partageant entre ses enfants. Ils furent presque tous la proie des Tartares, qui asservirent la Russie pendant deux cents années. Ivan Basilides la délivra et l’agrandit ; mais après lui les guerres civiles la ruinèrent.

 

         Il s’en fallait beaucoup avant Pierre-le-Grand que la Russie fût aussi puissante, qu’elle eût autant de terres cultivées, autant de sujets, autant de revenus que de nos jours. Elle ne possédait rien dans la Finlande, rien dans la Livonie ; et la Livonie seule vaut mieux que n’a valu longtemps toute la Sibérie. Les Cosaques n’étaient point soumis ; les peuples d’Astracan obéissaient mal ; le peu de commerce que l’on faisait était désavantageux. La mer Blanche, la Baltique, celle du Pont-Euxin, d’Azof, et la mer Caspienne, étaient entièrement inutiles à une nation qui n’avait pas un vaisseau, et qui même dans sa langue manquait de terme pour exprimer une flotte. S’il n’eût fallu qu’être au-dessus des Tartares et des peuples du Nord jusqu’à la Chine, la Russie jouissait de cet avantage ; mais il fallait s’égaler aux nations policées, et se mettre en état d’en surpasser un jour plusieurs. Une telle entreprise paraissait impraticable, puisqu’on n’avait pas un seul vaisseau sur les mers, qu’on ignorait absolument sur terre la discipline militaire, que les manufactures les plus simples étaient à peine encouragées, et que l’agriculture même, qui est le premier mobile de tout, était négligée. Elle exige du gouvernement de l’attention et des encouragements, et c’est ce qui a fait trouver aux Anglais dans leurs blés un trésor supérieur à celui de leurs laines.

 

         Ce peu de culture des arts nécessaires montre assez qu’on n’avait pas l’idée des beaux-arts, qui deviennent nécessaires à leur tour quand on a tout le reste. On aurait pu envoyer quelques naturels du pays s’instruire chez les étrangers ; mais la différence des langues, des mœurs, et de la religion s’y opposait ; une loi même d’Etat et de religion, également sacrée et pernicieuse, défendait aux Russes de sortir de leur patrie, et semblait les condamner à une éternelle ignorance. Ils possédaient les plus vastes Etats de l’univers, et tout y était à faire. Enfin Pierre naquit, et la Russie fut formée.

 

         Heureusement de tous les grands législateurs du monde, Pierre est le seul dont l’histoire soit bien connue. Celles des Thésée, des Romulus, qui firent beaucoup moins que lui, celles des fondateurs de tous les autres Etats policés sont mêlées de fables absurdes, et nous avons ici l’avantage d’écrire des vérités, qui passeraient pour des fables si elles n’étaient attestées.

 

 

 

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