HISTOIRE DE RUSSIE - PREMIÈRE PARTIE - Chapitre II - Partie 2
HISTOIRE DE RUSSIE.
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CHAPITRE II.
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TITRE DE CZAR.
Quant au titre de czar, il se peut qu’il vienne des tzars ou tchars du royaume de Casan. Quand le souverain de Russie, Jean ou Ivan Basilides, eut, au seizième siècle, conquis ce royaume, subjugué par son aïeul, mais perdu ensuite, il en prit le titre, qui est demeuré à ses successeurs. Avant Ivan Basilides, les maîtres de la Russie portaient le nom de velikiknès (grand-prince, grand-seigneur, grand-chef), que les nations chrétiennes traduisent par celui de grand-duc. Le czar Michel Fédérovitz prit avec l’ambassade holstenoise les titres de grand-seigneur et grand-knès, conservateur de tous les Russes, prince de Vladimir, Moscou, Novogorod, etc. ; tzar de Casan, tzar d’Astracan, tzar de Sibérie. Ce nom des tzars était donc le titre de ces princes orientaux ; il était donc vraisemblable qu’ils dérivaient plutôt des Tshas de Perse que des césars de Rome (1), dont probablement les tzars sibériens n’avaient jamais entendu parler sur les bords du fleuve Oby.
Un titre, quel qu’il soit, n’est rien, si ceux qui le portent ne sont grands par eux-mêmes. Le nom d’empereur, qui ne signifiait que général d’armée, devint le nom des maîtres de la république romaine : on le donne aujourd’hui aux souverains des Russes, à plus juste titre qu’à aucun autre potentat, si l’on considère l’étendue et la puissance de leur domination.
1 – Il ne s’agit pas des césars de Rome, mais des empereurs de Constantinople. On voit dans la Correspondance que Voltaire ne voulut pas admettre sur ce point l’opinion de Schowalow. (G.A.)