HISTOIRE DE RUSSIE - PREMIÈRE PARTIE - Chapitre I - Partie 7

Publié le par loveVoltaire

Photo de PAPAPOUSS

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HISTOIRE DE RUSSIE.

 

 

 

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DESCRIPTION DE LA RUSSIE.

 

 

 

 

 

ORENBOURG.

 

 

 

         Au sud-est du royaume d’Astracan est un petit pays nouvellement formé, qu’on appelle Orenbourg : la ville de ce nom a été bâtie en 1734, sur le bord du fleuve Jaïk. Ce pays est hérissé des branches du mont Caucase. Des forteresses élevées de distance en distance défendent les passages des montagnes et des rivières qui en descendent. C’est dans cette région, auparavant inhabitée, qu’aujourd’hui les Persans viennent déposer et cacher à la rapacité des brigands leurs effets échappés aux guerres civiles. La ville d’Orenbourg est devenue le refuge des Persans et de leurs fortunes, et s’est accrue de leurs calamités ; les Indiens, les peuples de la grande Boukarie, y viennent trafiquer ; elle devient l’entrepôt de l’        Asie.

 

 

 

 

 

DES GOUVERNEMENTS DE CASAN

ET DE LA GRANDE PERMIE.

 

 

 

         Au-delà du Volga et du Jaïk, vers le septentrion, est le royaume de Casan, qui, comme Astracan, tomba dans le partage d’un fils de Gengis-kan, et ensuite d’un fils de Tamerlan, conquis de même par Jean Basilides. Il est encore peuplé de beaucoup de tartares mahométans. Cette grande contrée s’étend jusqu’à la Sibérie : il est constant qu’elle a été florissante et riche autrefois ; elle a conservé encore quelque opulence. Une province de ce royaume, appelée la grande Permie, et ensuite le Solikam, était l’entrepôt des marchandises de la Perse et des fourrures de Tartarie. On a trouvé dans cette Permie une grande quantité de monnaie au coin des premiers califes, et quelques idoles d’or des Tartares (1) ; mais ces monuments d’anciennes richesses ont été trouvés au milieu de la pauvreté et dans des déserts : il n’y avait plus aucune trace de commerce ; ces révolutions n’arrivent que trop vite et trop aisément dans un pays ingrat, puisqu’elles sont arrivées dans les plus fertiles.

 

         Ce célèbre prisonnier suédois, Stralemberg (2), qui mit si bien à profit son malheur, et qui examina tous ces vastes pays avec tant d’attention, est le premier qui a rendu vraisemblable un fait qu’on n’avait jamais pu croire, concernant l’ancien commerce de ces régions. Pline et Pomponius-Mela rapportent que du temps d’Auguste, un roi des Suèves fit présent à Metellus Celer de quelques Indiens jetés par la tempête sur les côtes voisines de l’Elbe. Comment des habitants de l’Inde auraient-ils navigué sur les mers germaniques ? Cette aventure a paru fabuleuse à tous nos modernes, surtout depuis que le commerce de notre hémisphère a changé par la découverte du cap de Bonne-Espérance : mais autrefois il n’était pas plus étrange de voir un Indien trafiquer dans les pays septentrionaux de l’Occident, que de voir un Romain passer dans l’Inde par l’Arabie. Les Indiens allaient en Perse, s’embarquaient sur la mer d’Hyrcanie, remontaient le Rha, qui est le Volga, allaient jusqu’à la grande Permie par la Kama, et de là pouvaient aller s’embarquer sur la mer du Nord ou sur la Baltique. Il y a eu de tous temps des hommes entreprenants. Les Tyriens firent de plus surprenants voyages.

 

         Si, après avoir parcouru de l’œil toutes ces vastes provinces, vous jetez la vue sur l’orient, c’est là que les limites de l’Europe et de l’Asie se confondent encore. Il aurait fallu un nouveau nom pour cette grande partie du monde. Les anciens divisèrent en Europe, Asie, et Afrique, leur univers connu : ils n’en avaient pas vu la dixième partie ; c’est ce qui fait que quand on a passé les Palus-Méotides, on ne sait plus où l’Europe finit, et où l’Asie commence : tout ce qui est au-delà du mont Taurus était désigné par le mot vague de Scythie, et le fut ensuite par celui de Tartarie ou Tatarie. Il serait convenable peut-être d’appeler terres arctiques ou terres du nord tout le pays qui s’étend depuis la mer Baltique jusqu’aux confins de la Chine, comme on donne le nom de terres australes à la partie du monde non moins vaste, située sous le pôle antarctique, et qui fait le contre-poids du globe.

 

 

 

1 – Mémoires de Stralemberg, confirmés par mes Mémoires russes. (Voltaire.)

 

2 – Voyez, plus loin, Du gouvernement de la Sibérie. (G.A.)

 

 

 

 

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