HISTOIRE DE RUSSIE - PREMIÈRE PARTIE - Chapitre I - Partie 6
HISTOIRE DE RUSSIE.
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DESCRIPTION DE LA RUSSIE.
DES GOUVERNEMENTS DE BELGOROD,
DE VÉRONISE, ET DE NISCHGOROD.
Si vous remontez au nord-est de la province de Kiovie, entre le Borysthène et le Tanaïs, c’est le gouvernement de Belgorod qui se présente : il est aussi grand que celui de Kiovie. C’est une des plus fertiles provinces de la Russie ; c’est elle qui fournit à la Pologne une quantité prodigieuse de ce gros bétail qu’on connaît sous le nom de bœufs de l’Ukraine. Ces deux provinces sont à l’abri des incursions des petits Tartares, par des lignes qui s’étendent du Borysthène au Tanaïs, garnies de forts et de redoutes.
Remontez encore au nord, passez le Tanaïs, vous entrez dans le gouvernement de Véronise, qui s’étend jusqu’aux bords des Palus-Méotides. Auprès de la capitale, que nous nommons Véronise, à l’embouchure de la rivière de ce nom qui se jette dans le Tanaïs, Pierre-le-Grand a fait construire sa première flotte ; entreprise dont on n’avait point encore d’idée dans tous ces vastes Etats. Vous trouvez ensuite le gouvernement de Nischgorod, fertile en grains, traversé par le Volga.
ASTRACAN.
De cette province vous entrez, au midi, dans le royaume d’Astracan. Ce pays commence au 43° degré et demi de latitude, sous le plus beau des climats, et finit vers le 50°, comprenant environ autant de degrés de longitude que de latitude ; borné d’un côté par la mer Caspienne, de l’autre par les montagnes de la Circassie, et s’avançant encore au-delà de la mer Caspienne, le long du mont Caucase ; arrosé du grand fleuve Volga, du Jaïk, et de plusieurs autres rivières entre lesquelles on peut, à ce que prétend l’ingénieur anglais Perri, tirer des canaux qui, en servant de lit aux inondations, feraient le même effet que les canaux du Nil, et augmenteraient la fertilité de la terre. Mais, à la droite et à la gauche du Volga et du Jaïk, ce beau pays était infesté plutôt qu’habité par des Tartares qui n’ont jamais rien cultivé, et qui ont toujours vécu comme étrangers sur la terre.
L’ingénieur Perri, employé par Pierre-le-Grand dans ces quartiers, y trouva de vastes déserts couverts de pâturages, de légumes, de cerisiers, d’amandiers. Des moutons sauvages d’une nourriture excellente, paissaient dans ces solitudes. Il fallait commencer par dompter et par civiliser les hommes de ces climats pour y seconder la nature, qui a été forcée dans le climat de Pétersbourg.
Ce royaume d’Astracan est une partie de l’ancien Capshak, conquis par Gengis-kan, et ensuite par Tamerlan ; ces Tartares dominèrent jusqu’à Moscou. Le czar Jean Basilides, petit-fils d’Ivan Basilovitz, et le plus grand conquérant d’entre les Russes, délivra son pays du joug tartare, au seizième siècle, et ajouta le royaume d’Astracan à ses autres conquêtes en 1554.
Astracan est la borne de l’Asie et de l’Europe, et peut faire le commerce de l’une et de l’autre, en transportant par le Volga les marchandises apportées par la mer Caspienne. C’était encore un des grands projets de Pierre-le-Grand : il a été exécuté en partie. Tout un faubourg d’Astracan est habité par des Indiens.