HISTOIRE DE RUSSIE - PREMIÈRE PARTIE - Chapitre I - Partie 3
HISTOIRE DE RUSSIE.
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DESCRIPTION DE LA RUSSIE.
DES GOUVERNEMENTS DE REVEL,
DE PÉTERSBOURG, ET DE VIBOURG.
Plus au nord se trouve le gouvernement de Revel et de l’Estonie. Revel fut bâtie par les Danois au treizième siècle. Les Suédois ont possédé l’Estonie depuis que le pays se fut mis sous la protection de la Suède en 1561, et c’est encore une des conquêtes de Pierre.
Au bord de l’Estonie est le golfe de Finlande. C’est à l’orient de cette mer, et à l’embouchure de la Néva et du lac Ladoga qu’est la ville de Pétersbourg, la plus nouvelle et la plus belle ville de l’empire, bâtie par le czar Pierre, malgré tous les obstacles réunis qui s’opposaient à sa fondation.
Elle s’élève sur le golfe de Cronstadt, au milieu de neuf bras de rivières qui divisent ses quartiers ; un château occupe le centre de la ville, dans une île formée par le grand cours de la Neva : sept canaux tirés des rivières baignent les murs d’un palais, ceux de l’amirauté, du chantier des galères, et plusieurs manufactures. Trente-cinq grandes églises sont autant d’ornements à la ville, et parmi ces églises, il y en a cinq pour les étrangers, soit catholiques romains, soit réformés, soit luthériens : ce sont cinq temples élevés à la tolérance, et autant d’exemples donnés aux autres nations. Il y a cinq palais : l’ancien, que l’on nomme celui d’été, situé sur la rivière de Neva, est bordé d’une balustrade immense de belles pierres tout le long du rivage. Le nouveau palais d’été, près de la porte triomphale, est un des plus beaux morceaux d’architecture qui soient en Europe ; les bâtiments élevés pour l’amirauté, pour le corps des cadets, pour les collèges impériaux, pour l’académie des sciences, la bourse, le magasin des marchandises, celui des galères, sont autant de magnifiques. La maison de la police, celle de la pharmacie publique, où tous les vases sont de porcelaine ; le magasin pour la cour, la fonderie, l’arsenal, les ponts, les marchés, les places, les casernes pour la garde à cheval, et pour les gardes à pied, contribuent à l’embellissement de la ville, autant qu’à sa sûreté. On y compte actuellement quatre cent mille âmes. Aux environs de la ville sont des maisons de plaisance dont la magnificence étonne les voyageurs : il y en a une dont les jets d’eau sont très supérieurs à ceux de Versailles. Il n’y avait rien en 1702 ; c’était un marais impraticable. Pétersbourg est regardé comme la capitale de l’Ingrie, petite province conquise par Pierre Ier ; Vibourg conquis par lui, et la partie de la Finlande perdue et cédée par la Suède, en 1712, sont un autre gouvernement.
ARCHANGEL.
Plus haut, en montant au nord, est la province d’Archangel, pays entièrement nouveau pour les nations méridionales de l’Europe. Il prit son nom de saint Michel l’archange, sous la protection duquel il fut mis longtemps après que les Russes eurent reçu le christianisme, qu’ils n’ont embrassé qu’au commencement du onzième siècle. Ce ne fut qu’au milieu du seizième que ce pays fut connu des autres nations. Les Anglais, en 1533, cherchèrent un passage entre les mers du nord et de l’est pour aller aux Indes orientales. Chancelor, capitaine d’un des vaisseaux équipés pour cette expédition, découvrit le port d’Archangel dans la mer Blanche. Il n’y avait dans ce désert qu’un couvent avec la petite église de Saint-Michel l’archange.
De ce port, ayant remonté la rivière de la Duina, les Anglais arrivèrent au milieu des terres et enfin à la ville de Moscou. Ils se rendirent aisément les maîtres du commerce de la Russie, lequel, de la ville de Novogorod où il se faisait par terre, fut transporté à ce port de mer. Il est, à la vérité, inabordable sept mois de l’année ; cependant il faut beaucoup plus utile que les foires de la grande Novogorod, tombées en décadence par les guerres contre la Suède. Les Anglais obtinrent le privilège d’y commercer sans payer aucun droit ; et c’est ainsi que toutes les nations devraient peut-être négocier ensemble. Les Hollandais partagèrent bientôt le commerce d’Archangel, qui ne fut pas connu des autres peuples.
Longtemps auparavant, les Génois et les Vénitiens avaient établi un commerce avec les Russes par l’embouchure du Tanaïs, où ils avaient bâti une ville appelée Tana : mais, depuis les ravages de Tamerlan dans cette partie du monde, cette branche du commerce des Italiens avait été détruite ; celui d’Archangel a subsisté, avec de grands avantages pour les Anglais et les Hollandais, jusqu’au temps où Pierre-le-Grand a ouvert la mer Baltique à ses Etats.