HISTOIRE DE RUSSIE - Préface - Chapitre V

Publié le par loveVoltaire

Photo de PAPAPOUSS

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HISTOIRE DE RUSSIE.

 

 

 

HISTORIQUE ET CRITIQUE.

 

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CHAPITRE V

 

 

 

         On a fait l’Histoire de Pierre-le-Grand la plus courte et la plus pleine qu’on a pu. Il y a des histoires de petites provinces, de petites villes, d’abbayes même de moines, en plusieurs volumes in-folio : les Mémoires d’un abbé (1) retiré quelques années en Espagne, où il n’a presque rien fait, contiennent huit tomes : un seul a suffi pour la vie d’Alexandre.

 

         Il se peut qu’il y ait encore des hommes enfants qui aiment mieux les fables des Osiris, des Bacchus, des Hercule, des Thésée, consacrées par l’antiquité, que l’histoire véritable d’un prince moderne, soit parce que ces noms antiques d’Osiris et d’Hercule flattent plus l’oreille que celui de Pierre, soit parce que des géants et des lions terrassés plaisent plus à une imagination faible que des lois et des entreprises utiles. Cependant il faut avouer que la défaite du géant d’Epidaure et du voleur Sinnis, et le combat contre la truie de Crommion ne valent pas les exploits du vainqueur de Charles XII, du fondateur de Pétersbourg, et du législateur d’un empire redoutable.

 

         Les anciens nous ont appris à penser, il est vrai ; mais il serait bien étrange de préférer le Scythe Anacharsis, parce qu’il était ancien, au Scythe moderne, qui a policé tant de peuple. (2)

 

         Cette histoire contient la vie publique du czar, laquelle a été utile, non sa vie privée, sur laquelle on n’a que quelques anecdotes d’ailleurs assez connues (3). Les secrets de son cabinet, de son lit, et de sa table, ne peuvent être bien dévoilés par un étranger, et ne doivent point l’être. Si quelqu’un eût pu donner de tels mémoires, c’eût été un prince Menzikoff, un général Czeremetoff, qui l’ont vu si longtemps dans son intérieur ; ils ne l’ont pas fait ; et tout ce qui aujourd’hui ne serait appuyé que sur des bruits publics, ne mériterait point de créance. Les esprits sages aiment mieux voir un grand homme travailler vingt-cinq ans au bonheur d’un vaste empire, que d’apprendre d’une manière très incertaine ce que ce grand homme pouvait avoir de commun avec le vulgaire de son pays. Suetone rapporte ce que les premiers empereurs de Rome avaient fait de plus secret ; mais avait-il vécu familièrement avec douze Césars ?

 

 

 

 

1 – L’abbé de Montgon. (K.)

 

2 – On lisait encore dans les premières éditions : « On ne voit pas que le législateur de la Russie doive céder à Lycurgue et à Solon. Les lois de l’un, qui recommandent l’amour des garçons aux bourgeois d’Athènes, et qui le défendent aux esclaves ; les lois de l’autre, qui ordonnent aux filles de combattre toutes nues à coups de poing dans la place publique, sont-elles préférables aux lois de celui qui a formé les hommes et les femmes à la fermeté, qui a créé la discipline militaire, sur terre et sur mer, et qui a ouvert à son pays la carrière des arts ? (G.A.)

 

3 – Voltaire s’était engagé à glisser sur les détails de la vie privée du czar. Voyez sa correspondance avec Schowalow (année 1757). (G.A.)

 

 

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