HISTOIRE DE L'ÉTABLISSEMENT DU CHRISTIANISME - 1776 - Partie 15
Photo de PAPAPOUSS
DOUZIÈME DOUTE.
Jésu, après avoir parcouru la province pendant quelques mois, à l’âge d’environ trente ans, vint enfin à Jérusalem avec ses compagnons, que depuis on nomma apôtres, ce qui signifie envoyés. Il leur dit en chemin « que ceux qui ne les écouteront pas doivent être déférés à l’Eglise, et doivent être regardés comme des païens ou comme des commis de la douane. »
Ces mots font connaître évidemment que le livre attribué à Matthieu ne fut composé que très longtemps après, lorsque les chrétiens furent assez nombreux pour former une Eglise.
Ce passage montre encore que le livre a été fait par un de ces hommes de la populace qui pense qu’il n’y a rien de si abominable qu’un receveur des deniers publics ; et il n’est pas possible que Matthieu, qui avait été de la profession, parlat de son métier avec une telle horreur.
Dès que Jésu marchant à pied fut à Bethphagé, il dit à un de ses compagnons : « Allez prendre une ânesse qui est attachée avec son ânon, amenez-la-moi ; et si quelqu’un le trouve mauvais, dites-lui : Le maître en a besoin. »
Or tout ceci fut fait, dit l’Evangile attribué à Matthieu (chap. XXI, v. 5) pour remplir la prophétie : « Filles de Sion, voici votre doux roi qui vient assis sur une ânesse et sur un ânon. »
Je ne dirai pas ici que parmi nous le vol d’une ânesse a été longtemps un cas pendable, quand même Merlin aurait prédit ce vol. LORD HERBERT.
TREIZIÈME DOUTE.
Jésu étant arrivé sur son ânesse, ou sur son ânon, ou sur tous les deux à la fois, entre dans le parvis du temple tenant un grand fouet, et chasse tous les marchands légalement établis en cet endroit pour vendre les animaux qu’on venait sacrifier dans le temple. C’était assurément troubler l’ordre public, et faire une aussi grande injustice que si quelque fanatique allait dans Pater-Noster-Row, et dans les petites rues auprès de notre église de Saint-Paul, chasser à coups de fouet tous les libraires qui vendent des livres de prières.
Il est dit aussi que Jésu jeta par terre tout l’argent des marchands. Il n’est guère croyable que tant de gens se soient laissé battre et chasser ainsi par un seul homme. Si une chose si incroyable est vraie, il n’est pas étonnant qu’après de tels excès Jésu fût repris de justice ; mais cet emportement fanatique ne méritait pas le supplice qu’on lui fît souffrir.