HISTOIRE DE L'ÉTABLISSEMENT DU CHRISTIANISME - 1776 - Partie 9

Publié le par loveVoltaire

HISTOIRE DE L'ÉTABLISSEMENT DU CHRISTIANISME - 1776 - Partie 9

Photo de PAPAPOUSS

 

 

 

 

SECOND DOUTE.

 

 

 

 

          « Suivant le même Matthieu, que nous suivrons toujours, Maria étant grosse par l’opération du Saint-Esprit… et son mari Joseph, homme juste, ne voulant pas la couvrir d’infamie, voulut la renvoyer secrètement (chap. I, v. 29)… Un ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : Joseph, fils de David, ne craignez point de revoir votre femme Maria, car ce qui est en elle est l’œuvre du Saint-Esprit. Or tout cela se fit pour remplir ce que le Seigneur a dit par son prophète : Une vierge en aura dans le ventre, et elle fera un enfant, et on appellera son nom Emmanuel. »

 

          On a remarqué sur ce passage que c’est le premier de tous dans lequel il est parlé du Saint-Esprit. Un enfant fait par cet esprit est une chose fort extraordinaire ; un ange venant annoncer ce prodige à Joseph dans un songe n’est pas une preuve bien péremptoire de la copulation de Maria avec ce Saint-Esprit. L’artifice de dire que « cela se fit pour remplir une prophétie, » paraît à plusieurs trop grossier : Jésu ne s’est jamais nommé Emmanuel. L’aventure du prophète Isaïe, qui fit un enfant à la prophétesse sa femme, n’a rien de commun avec le fils de Maria. Il est faux et impossible que le prophète Isaïe ait dit (voyez chap. VII, v. 14) : « Voici qu’une vierge en aura dans le ventre, » puisqu’il parle de sa propre femme (voyez chap. VIII, v. 3) à qui il en mit dans le ventre. Le mot aima, qui signifie jeune fille, signifie aussi femme. Il y en a cent exemples dans les livres des Juifs ; et la vieille Ruth, qui vint coucher avec le vieux Booz, est appelée alma. C’est une fraude honteuse de tordre et de falsifier ainsi le sens des mots, pour tromper les hommes ; et cette fraude a été mise en usage trop souvent et trop évidemment. Voilà ce que disent les savants ; ils frémissent quand ils voient les suites qu’ont eues ces paroles, « ce qu’elle a dans le ventre est l’œuvre du Saint-Esprit ; » ils  voient avec horreur plus d’un théologien, et surtout Sanchez, examiner scrupuleusement si le Saint-Esprit, en couchant avec Marie, répandit de sa semence, et si Marie répandit la sienne avant ou après le Saint-Esprit, ou en même temps. Suarez, Peromato, Sylvestre, Tabiena et enfin le grand Sanchez, décident que « la bienheureuse Vierge ne pouvait devenir mère de Dieu, si le Saint-Esprit et elle n’avaient répandu leur liqueur ensemble. »

 

 

 

 

SECOND DOUTE.

 

 

 

 

          « Suivant le même Matthieu, que nous suivrons toujours, Maria étant grosse par l’opération du Saint-Esprit… et son mari Joseph, homme juste, ne voulant pas la couvrir d’infamie, voulut la renvoyer secrètement (chap. I, v. 29)… Un ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : Joseph, fils de David, ne craignez point de revoir votre femme Maria, car ce qui est en elle est l’œuvre du Saint-Esprit. Or tout cela se fit pour remplir ce que le Seigneur a dit par son prophète : Une vierge en aura dans le ventre, et elle fera un enfant, et on appellera son nom Emmanuel. »

 

          On a remarqué sur ce passage que c’est le premier de tous dans lequel il est parlé du Saint-Esprit. Un enfant fait par cet esprit est une chose fort extraordinaire ; un ange venant annoncer ce prodige à Joseph dans un songe n’est pas une preuve bien péremptoire de la copulation de Maria avec ce Saint-Esprit. L’artifice de dire que « cela se fit pour remplir une prophétie, » paraît à plusieurs trop grossier : Jésu ne s’est jamais nommé Emmanuel. L’aventure du prophète Isaïe, qui fit un enfant à la prophétesse sa femme, n’a rien de commun avec le fils de Maria. Il est faux et impossible que le prophète Isaïe ait dit (voyez chap. VII, v. 14) : « Voici qu’une vierge en aura dans le ventre, » puisqu’il parle de sa propre femme (voyez chap. VIII, v. 3) à qui il en mit dans le ventre. Le mot aima, qui signifie jeune fille, signifie aussi femme. Il y en a cent exemples dans les livres des Juifs ; et la vieille Ruth, qui vint coucher avec le vieux Booz, est appelée alma. C’est une fraude honteuse de tordre et de falsifier ainsi le sens des mots, pour tromper les hommes ; et cette fraude a été mise en usage trop souvent et trop évidemment. Voilà ce que disent les savants ; ils frémissent quand ils voient les suites qu’ont eues ces paroles, « ce qu’elle a dans le ventre est l’œuvre du Saint-Esprit ; » ils  voient avec horreur plus d’un théologien, et surtout Sanchez, examiner scrupuleusement si le Saint-Esprit, en couchant avec Marie, répandit de sa semence, et si Marie répandit la sienne avant ou après le Saint-Esprit, ou en même temps. Suarez, Peromato, Sylvestre, Tabiena et enfin le grand Sanchez, décident que « la bienheureuse Vierge ne pouvait devenir mère de Dieu, si le Saint-Esprit et elle n’avaient répandu leur liqueur ensemble. »

 

 

 

 

 

Commenter cet article