HISTOIRE DE L'ÉTABLISSEMENT DU CHRISTIANISME - 1776 - Partie 6

Publié le par loveVoltaire

HISTOIRE DE L'ÉTABLISSEMENT DU CHRISTIANISME - 1776 - Partie 6

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CHAPITRE V.

 

Superstitions juives.

 

 

 

 

 

          Les hommes instruits savent assez que le petit peuple juif avait pris peu à peu ses rites, ses lois, ses usages, ses superstitions, des nations puissantes dont il était entouré : car il est dans la nature humaine que le chétif et le faible tâchent de se conformer au puissant et au fort. C’est ainsi que les Juifs prirent des prêtres égyptiens la circoncision, la distinction des viandes, les purifications d’eau, appelées depuis baptême, le jêune avant les grandes fêtes qui étaient les jours de grands repas, la cérémonie du bouc Hazazel, chargé des péchés du peuple, les divinations, les prophéties, la magie, le secret de chasser les mauvais démons avec des herbes et des paroles.

 

          Tout peuple, en imitant les autres, a aussi ses propres usages et ses erreurs particulières. Par exemple, les Juifs avaient imité les Egyptiens et les Arabes dans leur horreur pour le cochon ; mais il n’appartenait qu’à eux de dire dans leur Lévitique, qu’il est défendu de manger du lièvre, et « qu’il est impur, parce qu’il rumine et qu’il n’a pas le pied fendu. » Il est visible que l’auteur du Lévitique, quel qu’il soit, était un prêtre ignorant les choses les plus communes, puisqu’il est constant que le pied du lièvre est fendu, et que cet animal ne rumine pas.

 

          La défense de manger des oiseaux qui ont quatre pattes montre encore l’extrême ignorance du législateur qui avait entendu parler de ces animaux chimériques.

 

          C’est ainsi que les Juifs admirent la lèpre des murailles, ne sachant pas seulement ce que c’est que la moisissure. C’est cette même ignorance qui ordonnait, dans le Lévitique, qu’on lapidât le mari et la femme qui auraient vaqué à l’œuvre de la génération pendant le temps des règles. Les Juifs s’étaient imaginé qu’on ne pouvait faire que des enfants malsains et lépreux dans ces circonstances. Plusieurs de leurs lois tenaient de cette grossièreté barbare.

 

          Ils étaient extrêmement adonnés à la magie, parce que ce n’est point un art, et que c’est le comble de l’extravagance humaine. Cette prétendue science était en vogue chez eux depuis leur captivité dans Babylone. Ce fut là qu’ils connurent les noms des bons et des mauvais anges, et qu’ils crurent avoir le secret de les évoquer et de les chasser.

 

          L’histoire des roitelets juifs, qui probablement fut composée après la transmigration de Babylone, nous conte que le roitelet Saül, longtemps auparavant, avait été possédé du diable, et que David l’avait guéri quelquefois en jouant de la harpe. La pythonisse d’Endor avait évoqué l’ombre de Samuel. Un prodigieux nombre de Juifs se mêlait de prédire l’avenir. Presque toutes les maladies étaient réputées des obsessions de diables ; et du temps d’Auguste et de Tibère, les Juifs, ayant peu de médecins, exorcisaient les malades, au lieu de les purger et les saigner. Ils ne connaissaient point Hippocrate, mais ils avaient un livre intitulé la Clavicule de Salomon, qui contenait tous les secrets de chasser les diables par des paroles, en mettant sous le nez des possédés une petite racine nommée barath ; et cette façon de guérir était tellement indubitable, que Jésus convient de l’efficacité de ce spécifique. Il avoue lui-même, dans l’Evangile de Matthieu, que les enfants mêmes chassaient communément les diables.

 

          On pourrait faire un très gros volume de toutes les superstitions des Juifs ; et Fleury, écrivain plus catholique que papiste, aurait bien dû en parler dans son livre intitulé les Mœurs des Israélites, « où l’on voit, dit-il, le modèle d’une politique simple et sincère pour le gouvernement des Etats, et la réformation des mœurs. »

 

          On serait curieux de voir par quelle politique simple et sincère les Juifs, si longtemps vagabonds, surprirent la ville de Jéricho, avec laquelle ils n’avaient rien à démêler ; la brûlèrent d’un bout à l’autre ; égorgèrent les femmes, les enfants, les animaux ; pendirent trente et un rois dans une étendue de cinq ou six milles, et vécurent de leur aveu, pendant plus de cinq cents ans dans le plus honteux esclavage ou dans le brigandage le plus horrible. Mais comme notre dessein est de nous faire un tableau véritable de l’établissement du christianisme, et non pas des abominations de la nation juive, nous allons examiner ce qu’était Jésu, au nom duquel on a formé longtemps après lui une religion nouvelle.

 

 

 

 

 

 

 

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