COLLECTION D’ANCIENS ÉVANGILES - Partie 23
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COLLECTION D’ANCIENS ÉVANGILES
ou
MONUMENTS DU PREMIER SIÈCLE DU CRISTIANISME,
(Partie 23)
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XVII. – Joseph donc, se levant, dit à Annas et Caïphas : C’est véritablement avec raison que vous admirez ce que vous avez entendu, que Jésus, depuis sa mort, a été vu vivant et montant au ciel. C’est véritablement admirable, parce que non-seulement il est ressuscité des morts, mais encore il a ressuscité les morts des monuments, et ils ont été vus de plusieurs personnes à Jérusalem. Et maintenant écoutez-moi, parce que nous avons tous connu le bienheureux Siméon, grand-prêtre, qui reçut dans ses mains l’enfant Jésus dans le temple. Et ce même Siméon a eu deux fils, frères de père et de mère, et nous avons tous été à leur mort et à leur sépulture. Marchez donc et voyez leurs monuments, car ils sont ouverts, parce qu’ils sont ressuscités, et voilà qu’ils sont dans la ville d’Arimathie, vivant ensemble en oraisons. Quelques-uns les entendent criant, ne parlant cependant avec personne, mais se taisant comme des morts. Mais venez, allons vers eux avec tout honneur et modération, conduisons-les vers nous. Et si nous les conjurons, peut-être nous diront-ils quelques mystères touchant leur résurrection. Les Juifs entendant ces choses se réjouirent tous grandement ; et Annas et Caïphas, Nicodème et Joseph, et Gamaliel, allant, ne les trouvèrent pas dans leur sépulcre mais marchant dans la ville d’Arimathie, ils les trouvèrent à genoux appliqués en oraison. Et les embrassant avec toute vénération et crainte de Dieu, ils les conduisirent à Jérusalem dans la synagogue. Et ayant fermé les portes, prenant la loi du Seigneur et la mettant dans leurs mains, ils les conjurèrent par le Dieu Adonaï, et le Dieu d’Israël, qui par la loi et les prophètes a parlé à nos pères, disant : Si vous croyez que c’est Jésus même qui vous a ressuscités des morts, dites-nous ce que vous avez vu, et comment vous êtes ressuscités des morts. Charinus et Lenthius, entendant cette conjuration, tremblèrent du corps, et troublés du cœur, ils gémirent. Et regardant ensemble vers le ciel, ils firent un signe de croix sur leur langue avec leurs doigts. Et aussitôt ils parlèrent ainsi, disant : Donnez-nous à chacun des tomes de papier, et nous vous écrirons tout ce que nous avons vu. Et ils leur donnèrent, et s’asseyant ils écrivirent chacun disant (1) :
1 – Cette seconde partie, dite la Révélation de Lenthius et de Charinus, a été imaginée pour combattre les Marcionites qui distinguaient entre le Dieu de l’ancien Testament et celui du nouveau. Voyez Peyrat, livre Ier, chapitre III. (G.A.)
XVIII. – Seigneur Jésus et Dieu père, résurrection et vie des morts, permettez-nous de dire vos mystères que nous avons vus après la mort de votre croix, parce qu’on nous a conjurés par vous. Car vous avez défendu à vos serviteurs de rapporter les secrets de votre divine majesté, que vous avez faits dans les enfers. Or, comme nous étions placés avec nos pères dans le profond de l’enfer, dans l’obscurité des ténèbres, tout à coup une couleur d’or du soleil et une lumière rougeâtre nous a éclairés, et aussitôt Adam le père de tout le genre humain avec tous les patriarches et prophètes ont tressailli, disant : Cette lumière est l’auteur de la lumière éternelle, qui nous a promis de nous transmettre une lumière coéternelle. Et le prophète Jésaïas s’est écrié, et a dit : C’est là la lumière du père et du fils de Dieu, comme j’ai prédit lorsque j’étais vivant sur la terre : la terre de Zabulon et la terre de Nephtalim au-delà du Jourdain ; le peuple qui marche dans les ténèbres a vu une grande lumière : et la lumière est levée à ceux qui habitent dans la région de l’ombre de la mort. Et maintenant elle est arrivée et a brillé pour nous qui étions assis dans la mort. Et comme nous tressaillions tous de joie dans la lumière qui a brillé sur nous, il nous est survenu notre père Siméon, et en tressaillant de joie il a dit à tous : Glorifiez le Seigneur Jésus-Christ, fils de Dieu, que j’ai reçu enfant dans mes mains dans le temple, et poussé par le Saint-Esprit, je lui ai dit et confessé : Parce que maintenant mes yeux ont vu votre salut, que vous avez préparé devant la face de tous les peuples, la lumière pour la révélation des nations et la gloire de votre peuple d’Israël. Tous les saints qui étaient au profond de l’enfer, entendant ces choses, se réjouirent davantage. Et ensuite il survint comme un ermite, et tous lui demandent : Qui êtes-vous ? Et leur répondant, il dit : Je suis la voix de celui qui crie dans le désert, Jehan-Baptiste, prophète du Très-Haut, présent devant la face de son avènement pour préparer les voies, pour donner la science du salut à son peuple, pour la rémission de leurs péchés. Et moi Jehan, voyant Jésus venir à moi, j’ai été poussé par le Saint-Esprit, et j’ai dit : Voilà l’agneau de Dieu, voilà celui qui ôte les péchés du monde. Et je l’ai baptisé dans le fleuve du Jourdain, et j’ai vu le Saint-Esprit descendant sur lui en espèce de colombe. Et j’ai entendu une voix du ciel disant : Celui-ci est mon fils bien-aimé, dans lequel je me suis bien complu, écoutez-le. Et maintenant le précédant devant sa face, je suis descendu vous annoncer que dans très peu le fils de Dieu même, se levant d’en haut, nous visitera, venant à nous, qui sommes assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort.
XIX. – Mais lorsque le père Adam, premier formé, eut entendu ces choses que Jésus a été baptisé dans le Jourdain, il cria à son fils Seth : Racontez à vos fils les patriarches et les prophètes toutes les choses que vous avez entendues de Michel archange, quand je vous ai envoyé aux portes du paradis, afin que vous priassiez Dieu, et qu’il oignît ma tête lorsque j’étais malade. Alors Seth, s’approchant des saints patriarches et des prophètes, dit : Moi, Seth, comme j’étais priant le Seigneur aux portes du paradis, voilà que l’ange du Seigneur, Michel, m’apparut, disant : J’ai été envoyé vers vous par le Seigneur ; je suis établi sur le corps humain. Je vous dis, Seth : Ne priez point Dieu dans les larmes, et ne le suppliez point à cause de l’huile de la miséricorde du bois, afin que vous oigniez votre père Adam pour la douleur de sa tête, parce que vous ne pourrez le recevoir en aucune façon, si ce n’est dans les derniers jours et les derniers temps si ce n’est quand cinq mille et cinq cents ans auront été accomplis ; alors le très tendre Fils de Dieu viendra sur la terre ressusciter le corps humain d’Adam, et ressusciter en même temps les corps des morts, et lui-même venant sera baptisé dans l’eau du Jourdain, et lorsqu’il sera sorti de l’eau du Jourdain, alors il oindra de l’huile de sa miséricorde tous ceux qui croiront en lui, et l’huile de sa miséricorde sera pour la génération de ceux qui doivent naître de l’eau et du Saint-Esprit pour la vie éternelle. Alors Jésus-Christ, le très tendre Fils de Dieu, descendant sur terre introduira notre père Adam vers l’arbre de miséricorde dans le paradis. Tous les patriarches et les prophètes, entendant toutes ces choses de Seth, tressaillirent davantage de joie.
XX. – Et comme tous les saints tressaillaient de joie, voilà que Satan, prince et chef de la mort, dit au prince des enfers : Je m’apprête à prendre Jésus de Nazareth lui-même, qui s’est glorifié d’être Fils de Dieu, et qui est un homme craignant la mort, et disant : Mon âme est triste jusqu’à la mort ; et me causant plusieurs maux et à plusieurs autres que j’ai rendus aveugles et boiteux, et que de plus j’ai tourmentés par différents démons, il les a guéris d’une parole, et il vous a enlevé les morts que je vous ai amenés. Or le prince des enfers, répondant, dit à Satan : Quel est ce prince si puissant, puisqu’il est un homme craignant la mort ? car tous les puissants de la terre sont tenus assujettis par ma puissance, après que vous les avez amenés assujettis par votre force. Si donc il est puissant dans son humanité. Je vous dis véritablement, il est tout-puissant dans sa divinité, et personne ne peut résister à son pouvoir ; et lorsqu’il dit qu’il craint la mort, il veut vous tromper ; et malheur à vous sera dans des siècles éternels. Or Satan, répondant, dit au prince du Tartare : Qu’avez-vous hésité, et qu’avez-vous craint de prendre ce Jésus de Nazareth, votre adversaire et le mien ? car je l’ai tenté, et j’ai excité contre lui par le zèle et la colère mon ancien peuple juif. J’ai aiguisé une lance pour sa passion ; j’ai mêlé du fiel et du vinaigre, et je lui ai fait donner à boire, et j’ai préparé du bois pour le crucifier, et des clous pour percer ses mains et ses pieds ; et sa mort est très proche, et je vous l’amènerai assujetti à vous et à moi. Or le prince du Tartare, répondant, dit : Vous m’avez dit que c’est lui qui m’a arraché les morts. Ceux qui sont détenus ici, pendant qu’ils vivaient sur la terre, n’ont point été enlevés par leurs pouvoirs, mais par les divines prières, et leur Dieu tout-puissant me les a arrachés. Quel est donc ce Jésus de Nazareth, qui, par sa parole, m’a arraché les morts sans prières ? C’est peut-être lui qui m’a arraché, et a rendu à la vie, par son pouvoir, Lazare mort depuis quatre jours, sentant mauvais et dissous, que je détenais mort. Saïtan, répondant au prince des enfers, dit : C’est ce même Jésus de Nazareth. Le prince des enfers, entendant ces choses, lui dit : Je vous conjure par vos vertus et par les miennes, ne me l’amenez pas ; car lorsque j’ai appris la force de sa parole, j’ai tremblé très effrayé de crainte ; et en même temps tous mes mauvais ministres ont été troublés avec moi ; et nous n’avons pas pu retenir Lazare même : mais se secouant avec toute la malignité et la vitesse possibles, il est sorti sain d’avec nous, et la terre même qui tenait le corps mort de Lazare l’a aussitôt rendu vivant. Or je sais maintenant que le Dieu tout-puissant a pu faire ainsi ces choses, lui est qui est puissant dans son empire, et puissant dans son humanité, et qui est le sauveur du genre humain. Ne me l’amenez donc point ; car tous ceux que je retiens ici renfermés en prison sous l’incrédulité, et enchaînés par les liens de leurs péchés, il les dégagera et les conduira à la vie éternelle de sa divinité.