LETTRES A S.A. MGR LE PRINCE DE *** - Partie 11
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LETTRES A S.A. MGR LE PRINCE DE ***,
SUR RABELAIS ET SUR D’AUTRES AUTEURS ACCUSÉS
D’AVOIR MAL PARLÉ DE LA RELIGION CHRÉTIENNE.
- Partie 11 -
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DE WOOLSTON.
Le trop fameux Thomas Woolston, maître ès arts de Cambridge, se distingua, vers l’an 1726, par ses discours contre les miracles de Jésus-Christ, et leva l’étendard si hautement, qu’il faisait vendre à Londres son ouvrage dans sa propre maison. On en fit trois éditions coup sur coup, de dix mille exemplaires chacune.
Personne n’avait encore porté si loin la témérité et le scandale. Il traite de contes puérils et extravagants les miracles et la résurrection de notre Sauveur. Il dit que quand Jésus-Christ changea l’eau en vin pour des convives qui étaient déjà ivres, c’est qu’apparemment il fit du punch. Dieu emporté par le diable sur le pinacle du temple, et sur une montagne dont on voyait tous les royaumes de la terre, lui paraît un blasphème monstrueux. Le diable envoyé dans un troupeau de deux mille cochons, le figuier séché pour n’avoir pas porté de figues quand ce n’était pas le temps des figues, la transfiguration de Jésus, ses habits devenus tout blancs sa conversation avec Moïse et Elie, enfin toute son histoire sacrée est travestie en roman ridicule. Woolston n’épargne par les termes les plus injurieux et les plus méprisants. Il appelle souvent notre Seigneur Jésus-Christ The fellow, ce compagnon, ce garnement, a wanderer, un vagabond, a mendicant friar, un frère coup-chou mendiant.
Il se sauve pourtant à la faveur du sens mystique, en disant que ces miracles sont de pieuses allégories. Tous les bons chrétiens n’en ont pas moins eu son livre en horreur.
Il y eut un jour une dévote qui, en le voyant passer dans la rue, lui cracha au visage. Il s’essuya tranquillement, et lui dit : C’est ainsi que les Juifs ont traité votre Dieu. Il mourut en paix en disant : Tis a pass every man must come to. C’est un terme où tout homme doit arriver. Vous trouverez dans le Dictionnaire historique portatif de l’abbé Ladvocat, et dans un nouveau Dictionnaire portatif (2), où les mêmes erreurs sont copiées, que Woolston est mort en prison, en 1733. Rien n’est plus faux ; plusieurs de mes amis l’ont vu dans sa maison ; il est mort libre chez lui (3).
1 – Celui de Chaudon. (G.A.)
2 – Malgré cette affirmation de Voltaire, on n’en persiste pas moins à dire dans les biographies qu’il est mort en prison. C’est pourtant Voltaire lui-même qui l’a vu dans sa maison et libre chez lui. (G.A.)
3 – Né en 1698, mort en 1779. (G.A.)
4 – Ou plutôt cinq volumes. (G.A.)