LETTRES A S.A. MGR LE PRINCE DE *** - Partie 7

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LETTRES A S.A. MGR LE PRINCE DE *** - Partie 7

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LETTRES A S.A. MGR LE PRINCE DE ***,

 

 

SUR RABELAIS ET SUR D’AUTRES AUTEURS ACCUSÉS

D’AVOIR MAL PARLÉ DE LA RELIGION CHRÉTIENNE.

 

 

 

- Partie 7 -

 

 

 

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DE TOLAND.

 

 

 

          Toland a porté des coups beaucoup plus violents. C’était une âme fière et indépendante ; né dans la pauvreté, il pouvait s’élever à la fortune, s’il avait été plus modéré. La persécution l’irrita ; il écrivit contre la religion chrétienne par haine et par vengeance.

 

          Dans son premier livre, intitulé La Religion chrétienne sans mystères, il avait écrit lui-même un peu mystérieusement, et sa hardiesse était couverte d’un voile. On le condamna ; on le poursuivit en Irlande : le voile fut bientôt déchiré. Ses Origines judaïques, son Nazaréen, son Panthéisticon furent autant de combats qu’il livra ouvertement au christianisme. Ce qui est étrange, c’est qu’ayant été opprimé en Irlande pour le plus circonspect de ces ouvrages, il ne fut jamais troublé en Angleterre pour les livres les plus audacieux.

 

          On l’accusa d’avoir fini son Panthéisticon par cette prière blasphématoire qui se trouve en effet dans quelques éditions : « Omnipotens et sempiterne Bacche, qui hominum corda donis tuis recreas, concede propitius ut qui hesternis poculis ægroti facti sunt, hodiernis curentur, per pocula poculorum. Amen ! »

 

          Mais comme cette profanation était une parodie d’une prière de l’Eglise romaine, les Anglais n’en furent point choqués. Au reste, il est démontré que cette prière profane n’est point de Toland ; elle avait été faite deux cents ans auparavant en France par une société de buveurs : on la trouve dans le Carême allégorisé, imprimé en 1563. Ce fou de jésuite Garasse en parle dans sa Doctrine curieuse, livre II, page 201.

 

          Toland mourut avec un grand courage en 1721. Ses dernières paroles furent : Je vais dormir (1). Il y a encore quelques pièces de vers en l’honneur de sa mémoire ; ils ne sont pas faits par des prêtres de l’Eglise anglicane.

 

 

 

 

1 – Toland, né en 1670, mourut en 1722. Ses dernières paroles sont semblables à celles de Mirabeau. (G.A.)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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