EXAMEN IMPORTANT DE MILORD BOLINGBROKE - Partie 20

Publié le par loveVoltaire

EXAMEN IMPORTANT DE MILORD BOLINGBROKE - Partie 20

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EXAMEN IMPORTANT DE MILORD BOLINGBROKE

ou

LE TOMBEAU DU FANATISME.

 

 

 

(Partie 20)

 

 

 

 

 

 

 

 

CHAPITRE XVIII.

 

 

 

Des allégories.

 

 

 

 

 

         Ceux qu’on appelle Pères de l’Eglise s’avisèrent d’un tour assez singulier pour confirmer leurs catéchumènes dans leur nouvelle créance. Il se trouva avec le temps des disciples qui raisonnèrent un peu : on prit le parti de leur dire que tout l’ancien Testament n’est qu’une figure du nouveau. Le petit morceau de drap rouge que mettait la paillarde Rahab à sa fenêtre pour avertir les espions de Josué, signifie le sang de Jésus répandu pour nos péchés. Sara et sa servante Agar, Lia la chassieuse et la belle Rachel, ont la synagogue et l’Eglise. Moïse levant les mains quand il donne la bataille aux Amalécites, c’est évidemment la croix, car on a la figure d’une croix quand on étend les bras à droite et à gauche. Joseph vendu par ses frères, c’est Jésus-Christ ; la manne, c’est l’Eucharistie ; les quatre vents sont les quatre Evangiles ; les baisers que donne la Sulamite sur la bouche, etc., dans le Cantique des cantiques, sont visiblement le mariage de Jésus-Christ avec son Eglise. La mariée n’avait pas encore de dot, elle n’était pas encore bien établie.

 

          On ne savait ce qu’on devait croire ; aucun dogme précis n’était encore constaté. Jésus n’avait jamais rien écrit. C’était un étrange législateur qu’un homme de la main duquel on n’avait pas une ligne. Il fallut donc écrire pour lui ; on s’abandonna donc à ces bonnes nouvelles, à ces Evangiles, à ces actes dont nous avons déjà parlé ; et on tourna tout l’ancien Testament en allégories du nouveau. Il n’est pas étonnant que des catéchumènes fascinés par ceux qui voulaient former un parti, se laissassent séduire par ces images qui plaisent toujours au peuple. Cette méthode contribua plus que toute autre chose à la propagation du christianisme, qui s’étendait secrètement d’un bout de l’empire à l’autre, sans qu’alors les magistrats daignassent presque y prendre garde.

 

         Plaisante et folle imagination, de faire de toute l’histoire d’une troupe de gueux, la figure et la prophétie de tout ce qui devait arriver au monde entier dans la suite des siècles !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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