EXAMEN IMPORTANT DE MILORD BOLINGBROKE - Partie 13

Publié le par loveVoltaire

EXAMEN IMPORTANT DE MILORD BOLINGBROKE - Partie 13

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EXAMEN IMPORTANT DE MILORD BOLINGBROKE

ou

LE TOMBEAU DU FANATISME.

 

 

 

(Partie 13)

 

 

 

 

 

 

 

CHAPITRE XI.

 

 

(1)

 

 

 

 

Quelle idée il faut se former de Jésus et de ses disciples.

 

 

 

 

 

         Jésus est évidemment un paysan grossier de la Judée, plus éveillé, sans doute, que la plupart des habitants de son canton. Il voulut, sans savoir, à ce qu’il paraît, ni lire ni écrire, former une petite secte pour l’opposer à celles des récabites, des judaïtes, des thérapeutes, des esséniens, des pharisiens, des saducéens, des hérodiens ; car tout était secte chez les malheureux Juifs, depuis leur établissement dans Alexandrie. Je l’ai déjà comparé à notre Fox, qui était comme lui un ignorant de la lie du peuple, prêchant quelquefois comme lui une bonne morale, et prêchant surtout l’égalité qui flatte tant la canaille. Fox établit comme lui une société qui s’écarta peu de temps après de ses principes, supposé qu’il en eût (2). La même chose était arrivée à la secte de Jésus. Tous deux parlèrent ouvertement contre les prêtres de leur temps ; mais les lois étant plus humaines en Angleterre qu’en Judée, tout ce que les prêtres purent obtenir des juges, c’est qu’on mît Fox au pilori ; mais les prêtres juifs forcèrent le président Pilate à faire fouetter Jésus, et à le faire pendre à une potence en forme de croix, comme un coquin d’esclave. Cela est barbare ; chaque nation a ses mœurs. De savoir si on lui cloua les pieds et les mains, c’est ce dont il ne faut s’embarrasser. Il est, ce me semble, assez difficile de trouver sur-le-champ un clou assez long pour percer deux pieds l’un sur l’autre, comme on le prétend ; mais les Juifs étaient bien capables de cette abominable atrocité.

 

         Les disciples demeurèrent aussi attachés à leur patriarche pendu que les quakers l’ont été à leur patriarche pilorié. Les voilà qui s’avisent, au bout de quelque temps, de répandre le bruit que leur maître est ressuscité en secret. Cette imagination fut d’autant mieux reçue chez les confrères, que c’était précisément le temps de la grande querelle élevée entre les sectes juives, pour savoir si la résurrection était possible ou non. Le platonisme, qui était fort en vogue dans Alexandrie, et que plusieurs Juifs étudièrent, secourut bientôt la secte naissante ; et de là tous les mystères, tous les dogmes absurdes dont elle fut farcie. C’est ce que nous allons développer.

 

 

 

 

 

 

1 – Ce chapitre n’est pas dans l’édition de Kehl. Il date pourtant de 1776. (G.A.)

2 – Voltaire parle encore de Fox, cordonnier et fondateur des quakers, dans l’Histoire de l’établissement du christianisme. (G.A.)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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