SIÈCLE DE LOUIS XIV - Chapitre XXV - Particularités et anecdotes - Partie 3
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SIÈCLE DE LOUIS XIV
PAR
VOLTAIRE
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- Partie 3 -
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CHAPITRE XXV.
PARTICULARITÉS ET ANECDOTES DU RÈGNE DE LOUIS XIV
Le goût de la société n’avait pas encore reçu toute sa perfection à la cour. La reine-mère, Anne d’Autriche, commençait à aimer la retraite. La reine régnante savait à peine le français, et la bonté faisait son seul mérite. La princesse d’Angleterre, belle-sœur du roi, apporta à la cour les agréments d’une conversation douce et animée, soutenue bientôt par la lecture des bons ouvrages et par un goût sûr et délicat. Elle se perfectionna dans la connaissance de la langue, qu’elle écrivait mal encore au temps de son mariage. Elle inspira une émulation d’esprit nouvelle, et introduisit à la cour une politesse et des grâces dont à peine le reste de l’Europe avait l’idée. Madame avait tout l’esprit de Charles II, son frère, embelli par les charmes de son sexe, par le don et par le désir de plaire. La cour de Louis XIV respirait une galanterie que la décence rendait plus piquante. Celle qui régnait à la cour de Charles II était plus hardie, et trop de grossièreté en déshonorait les plaisirs.
Il y eut d’abord entre Madame et le roi beaucoup de ces coquetteries d’esprit et de cette intelligence secrète qui se remarquèrent dans de petites fêtes souvent répétées. Le roi lui envoyait des vers ; elle y répondait. Il arriva que le même homme fut à la fois le confident du roi et de Madame dans ce commerce ingénieux. C’était le marquis de Dangeau. Le roi le chargeait d’écrire pour lui ; et la princesse l’engageait à répondre au roi. Il les servit ainsi tous deux, sans laisser soupçonner à l’un qu’il fût employé par l’autre ; et ce fut une des causes de sa fortune (1).
Cette intelligence jeta des alarmes dans la famille royale (2). Le roi réduisit l’éclat de ce commerce à un fonds d’estime et d’amitié qui ne s’altéra jamais. Lorsque Madame fit depuis travailler Racine et Corneille à la tragédie de Bérénice, elle avait en vue non-seulement la rupture du roi avec la connétable Colonne (3), mais le frein qu’elle-même avait mis à son propre penchant de peur qu’il ne devînt dangereux. Louis XIV est assez désigné dans ces deux vers de la Bérénice de Racine :
Qu’en quelque obscurité que le sort l’eût fait naître,
Le monde, en le voyant, eût reconnu son maître.
Ces amusements firent place à la passion plus sérieuse et plus suivie qu’il eut pour mademoiselle de La Vallière, fille d’honneur de Madame. Il goûta avec elle le bonheur rare d’être aimé uniquement pour lui-même. Elle fut deux ans l’objet caché de tous les amusements galants, et de toutes les fêtes que le roi donnait. Un jeune valet de chambre du roi, nommé Belloc, composa plusieurs récits qu’on mêlait à des danses, tantôt chez la reine, tantôt chez Madame ; et ces récits exprimaient avec mystère le secret de leurs cœurs, qui cessa bientôt d’être un secret.
Tous les divertissements publics que le roi donnait étaient autant d’hommages à sa maîtresse. On fit, en 1662, un carrousel vis-à-vis les Tuileries (4), dans une vaste enceinte, qui en a retenu le nom de Place du Carrousel (5). Il y eut cinq quadrilles. Le roi était à la tête des Romains ; son frère, des Persans ; le prince de Condé, des Turcs ; le duc d’Enghien, son fils, des Indiens ; le duc de Guise, des Américains. Ce duc de Guise était petit-fils du Balafré. Il était célèbre dans le monde par l’audace malheureuse avec laquelle il avait entrepris de se rendre maître de Naples Sa prison, ses duels, ses amours romanesques, ses profusions, ses aventures, le rendaient singulier en tout. Il semblait être d’un autre siècle. On disait de lui, en le voyant courir avec le grande Condé : « Voilà les héros de l’histoire et de la fable. »
La reine-mère, la reine régnante, la reine d’Angleterre, veuve de Charles 1er, oubliant alors ses malheurs, étaient sous un dais à ce spectacle. Le comte de Sault, fils du duc de Lesdiguières, remporta le prix, et le reçut des mains de la reine-mère. Ces fêtes ranimèrent plus que jamais le goût des divises et des emblèmes que les tournois avaient mis autrefois à la mode, et qui avaient subsisté après eux.
Un antiquaire, nommé Douvrier, imagina dès lors pour Louis XIV l’emblème d’un soleil dardant ses rayons sur un globe, avec ces mots : Nec puribus impa. L’idée était un peu imitée d’une devise espagnole faite pour Philippe II, et plus convenable à ce roi qui possédait la plus belle partie du Nouveau-Monde et tant d’Etats dans l’ancien, qu’à un jeune roi de France qui ne donnait encore que des espérances. Cette devise eut un succès prodigieux. Les armoiries du roi, les meubles de la couronne, les tapisseries, les sculptures, en furent ornés. Le roi ne la porta jamais dans ses carrousels. On a reproché injustement à Louis XIV le faste de cette devise, comme s’il l’avait choisie lui-même ; et elle a été peut-être plus justement critiquée pour le fond. Le corps ne représente pas ce que la légende signifie, et cette légende n’a pas un sens assez clair et assez déterminé. Ce qu’on peut expliquer de plusieurs manières ne mérite d’être expliqué d’aucune. Les devises, ce reste de l’ancienne chevalerie, peuvent convenir à des fêtes, et ont de l’agrément quand les allusions sont justes, nouvelles, et piquantes. Il vaut mieux n’en point avoir que d’en souffrir de mauvaises et de basses, comme celle de Louis XII ; c’était un porc-épic avec ces paroles : « Qui s’y frotte s’y pique. » Les devises sont, par rapport aux inscriptions, ce que sont des mascarades en comparaison des cérémonies augustes.
La fête de Versailles, en 1664, surpassa celle du carrousel, par sa singularité, par sa magnificence, et les plaisirs de l’esprit qui, se mêlant à la splendeur de ces divertissements, y ajoutaient un goût et des grâces dont aucune fête n’avait encore été embellie. Versailles commençait à être un séjour délicieux, sans approcher de la grandeur dont il fut depuis (6).
(1664) Le 5 Mai, le roi y vint avec la cour composée de six cents personnes, qui furent défrayées avec leur suite, aussi bien que tous ceux qui servirent aux apprêts de ces enchantements. Il ne manqua jamais à ces fêtes que des monuments construits exprès pour les donner, tels qu’en élevèrent les Grecs et les Romains : mais la promptitude avec laquelle on construisit des théâtres, des amphithéâtres, des portiques, ornés avec autant de magnificence que de goût, était une merveille qui ajoutait à l’illusion, et qui, diversifiée depuis en mille manières, augmentait encore le charmes de ces spectacles.
Il y eut d’abord une espèce de carrousel. Ceux qui devaient courir parurent le premier jour comme dans une revue ; ils étaient précédés de hérauts d’armes, de pages, d’écuyers, qui portaient leurs devises et leurs boucliers ; et sur ces boucliers étaient écrits en lettres d’or des vers composés par Perigni et par Benserade. Ce dernier surtout avait un talent singulier pour ces pièces galantes, dans lesquelles il faisait toujours des allusions délicates et piquantes aux caractères des personnes, aux personnages de l’antiquité ou de la fable qu’on représentait, et aux passions qui animaient la cour. Le roi représentait Roger : tous les diamants de la couronne brillaient sur son habit et sur le cheval qu’il montait. Les reines et trois cents dames, sous des arcs de triomphe, voyaient cette entrée.
Le roi, parmi tous les regards attachés sur lui, ne distinguait que ceux de mademoiselle de La Vallière. La fête était pour elle seule ; elle en jouissait confondue dans la foule.
La cavalcade était suivie d’un char doré de dix-huit pieds de haut, de quinze de large, de vingt-quatre de long, représentant le char du Soleil. Les quatre Ages, d’or, d’argent, d’airain, et de fer ; les signes célestes, les Saisons, les Heures, suivaient à pied ce char. Tout était caractérisé. Des bergers portaient les pièces de la barrière qu’on ajustait au son des trompettes, auxquelles succédaient par intervalle les musettes et les violons. Quelques personnages qui suivaient le char d’Apollon, vinrent d’abord réciter aux reines des vers convenables au lieu, au temps, au roi, et aux dames. Les courses finies, et la nuit venue, quatre mille gros flambeaux éclairèrent l’espace où se donnaient les fêtes. Des tables y furent servies par deux cents personnages, qui représentaient les Saisons, les Faunes, les Sylvains, les Dryades, avec des pasteurs, des vendangeurs, des moissonneurs. Pan et Diane avançaient sur une montagne mouvante, et en descendirent pour faire poser sur les tables ce que les campagnes et les forêts produisent de plus délicieux. Derrière les tables, en demi-cercle, s’éleva tout d’un coup un théâtre chargé de concertants. Les arcades qui entouraient la table et le théâtre étaient ornées de cinq cents girandoles vertes et argent, qui portaient des bougies ; et une balustrade dorée fermait cette vaste enceinte.
Ces fêtes, si supérieures à celles qu’on invente dans les romans, durèrent sept jours. Le roi remporta quatre fois le prix des jeux, et laissa disputer ensuite aux autres chevaliers les prix qu’il avait gagnés, et qu’il leur abandonnait.
La comédie de la Princesse d’Elide, quoiqu’elle ne soit pas une des meilleures de Molière, fut un des plus agréables ornements de ces jeux, par une infinité d’allégories fines sur les mœurs du temps et par des à-propos qui font l’agrément de ces fêtes, mais qui sont perdus pour la postérité. On était encore très entêté, à la cour, de l’astrologie judiciaire : plusieurs princes pensaient, par une superstition orgueilleuse, que la nature les distinguait jusqu’à écrire leur destinée dans les astres. Le duc de Savoie, Victor Amédée, père de la duchesse de Bourgogne, eut un astrologue auprès de lui, même après son abdication. Molière osa attaquer cette illusion dans les Amants magnifiques, joués dans une autre fête, en 1760 (7).
On y voit aussi un fou de cour, ainsi que dans la Princesse d’Elide. Ces misérables étaient encore fort à la mode. C’était un reste de barbarie, qui a duré plus longtemps en Allemagne qu’ailleurs. Le besoin des amusements, l’impuissance de s’en procurer d’agréables et d’honnêtes dans les temps d’ignorance et de mauvais goût, avaient fait imaginer ce triste plaisir qui dégrade l’esprit humain. Le fou qui était alors auprès de Louis XIV avait appartenu au prince de Condé : il s’appelait l’Angeli. Le comte de Grammont disait que de tous les fous qui avaient suivi Monsieur le Prince, il n’y avait que l’Angeli qui eût fait fortune. Ce bouffon ne manquait pas d’esprit. C’est lui qui dit « qu’il n’allait pas au sermon, parce qu’il n’aimait pas le brailler, et qu’il n’entendait pas le raisonner. »
(1664) La farce du Mariage forcé fut aussi jouée à cette fête. Mais ce qu’il y eut de véritablement admirable, ce fut la première représentation des trois premiers actes du Tartufe. Le roi voulut voir ce chef d’œuvre avant même qu’il fût achevé. Il le protégera depuis contre les faux dévots, qui voulurent intéresser la terre et le ciel pour le supprimer ; et il subsistera, comme on l’a déjà dit ailleurs (8), tant qu’il y aura en France du goût et des hypocrites.
La plupart de ces solennités brillantes ne sont souvent que pour les yeux et les oreilles. Ce qui n’est que pompe et magnificence passe en un jour ; mais quand des chefs-d’œuvre de l’art, comme le Tartufe, font l’ornement de ces fêtes, elles laissent après elles une éternelle mémoire.
On se souvient encore de plusieurs traits de ces allégories de Benserade, qui ornaient les ballets de ce temps-là. Je ne citerai que ces vers pour le roi représentant le Soleil :
La principale gloire de ces amusements qui perfectionnaient en France le goût, la politesse, et les talents, venait de ce qu’ils ne dérobaient rien aux travaux continuels du monarque. Sans ces travaux il n’aurait su que tenir une cour, il n’aurait pas su régner ; et si les plaisirs magnifiques de cette cour avaient insulté à la misère du peuple, ils n’eussent été qu’odieux : mais le même homme qui avait donné ces fêtes avait donné du pain au peuple dans la disette de 1662. Il avait fait venir des grains, que les riches achetèrent à vil prix, et dont il fit des dons aux pauvres familles à la porte du Louvre : il avait remis au peuple trois millions de tailles (9) : nulle partie de l’administration intérieure n’était négligée ; son gouvernement était respecté au dehors. Le roi d’Espagne, obligé de lui céder la préséance ; le pape, forcé de lui faire satisfaction ; Dunkerque ajouté à la France par un marché glorieux à l’acquéreur et honteux pour le vendeur ; enfin, toutes ses démarches, depuis qu’il tenait les rênes, avaient été ou nobles ou utiles ; il était beau après cela de donner des fêtes.
(1664) Le légat à latere, Chigi, neveu du pape Alexandre VII, venant au milieu de toutes les réjouissances de Versailles faire satisfaction au roi de l’attentat des gardes du pape, étala à la cour un spectacle nouveau. Ces grandes cérémonies sont des fêtes pour le public. Les honneurs qu’on lui fit rendaient la satisfaction plus éclatante. Il reçut, sous un dais, les respects des cours supérieures, du corps de ville, du clergé. Il entra dans Paris au bruit du canon, ayant le grand Condé à sa droite, et le fils de ce prince à sa gauche, et vint, dans cet appareil, s’humilier, lui, Rome, et le pape, devant un roi qui n’avait pas encore tiré l’épée. Il dîna avec Louis XIV après l’audience, et on ne fut occupé que de le traiter avec magnificence, et de lui procurer des plaisirs. On traita depuis le doge de Gênes avec moins d’honneurs, mais avec ce même empressement de plaire, que le roi concilia toujours avec ses démarches altières.
Tout cela donnait à la cour de Louis XIV un air de grandeur qui effaçait toutes les autres cours de l’Europe. Il voulait que cet éclat, attaché-à sa personne, rejaillit sur tout ce qui l’environnait ; que tous les grands fussent honorés, et qu’aucun ne fût puissant, à commencer par son frère, et par Monsieur le Prince. C’est dans cette vue qu’il jugea en faveur des pairs leur ancienne querelle avec les présidents du parlement. Ceux-ci prétendaient devoir opiner avant les pairs, et s’étaient mis en possession de ce droit. Il régla dans un conseil extraordinaire que les pairs opineraient aux lits de justice, en présence du roi, avant les présidents, comme s’ils ne devaient cette prérogative qu’à sa présence ; et il laissa subsister l’ancien usage dans les assemblées qui ne sont pas des lits de justice.
Pour distinguer ses principaux courtisans, il avait inventé des casaques bleues, brodées d’or et d’argent. La permission de les porter était une grande grâce pour des hommes que la vanité mène (10) On les demandait presque comme le collier de l’ordre (11). On peut remarquer, puisqu’il est ici question de petits détails, qu’on portait alors des casaques par-dessus un pourpoint orné de rubans, et sur cette casaque passait un baudrier, auquel pendait l’épée. On avait une espèce de rabat à dentelles, et un chapeau orné de deux rangs de plumes. Cette mode, qui dura jusqu’à l’année 1684, devint celle de l’Europe, excepté de l’Espagne et de la Pologne. On se piquait déjà presque partout d’imiter la cour de Louis XIV.
Il établit dans sa maison un ordre qui dure encore, régla les rangs et les fonctions, créa des charges nouvelles auprès de sa personne, comme celle de grand maître de sa garde-robe. Il rétablit les tables instituées par François 1er, et les augmenta. Il y en eut douze pour les officiers commensaux, servies avec autant de propreté et de profusion que celles de beaucoup de souverains : il voulait que les étrangers y fussent tous invités : cette attention dura pendant tout son règne. Il en eut une autre plus recherchée et plus polie encore. Lorsqu’il eut fait bâtir les pavillons de Marly, en 1679, toutes les dames trouvaient dans leur appartement une toilette complète ; rien de ce qui appartient à un luxe commode n’était oublié : quiconque était du voyage pouvait donner des repas dans son appartement : on y était servi avec la même délicatesse que le maître. Ces petites choses n’acquièrent du prix que quand elles sont soutenues par les grandes. Dans tout ce qu’il faisait on voyait de la splendeur et de la générosité. Il faisait présent de deux cent mille francs aux filles de ses ministres, à leur mariage (12).
1 – Dangeau servit d’entremetteur au roi auprès de La Vallière, non auprès de Madame. Dangeau qui était alors en Espagne. (G.A.)
2 – La reine-mère craignit l’ascendant de Madame sur le roi. Le roi et Madame se promenaient solitaires, fort tard dans la nuit, souvent jusqu’au jour, dans la forêt de Fontainebleau. (G.A.)
3 – Marie Mancini, nièce de Mazarin. (G.A.)
4 – Non dans la place Royale, comme le dit l’Histoire de La Hode, sous le nom de La Martinière.
5 – « On parle ici, écrit Guy Patin, d’une espèce de nouveau carrousel où le roi fait entrer plusieurs seigneurs, qui seront obligés à une belle dépense, tant pour les chevaux que pour les habits : il y aura cinq compagnies, dont chacune sera conduite par un prince. Il est venu du blé de Rouen ; mais la police est si mal faite que le blé ne baisse point, sur quoi les pauvres crient bien fort. » Voyez Bonnemère, France sous Louis XIV. (G.A.)
6 – Cependant Guy Patin : « On voit par toute la France une pauvreté publique et générale (fin de 1663). » « Le mal prit de telles proportions, dit un historien du Berry, Pallet, que la peste se déclara en plusieurs localités, et que les religieuses de Loches désertèrent la ville pour aller s’établir dans le Berry dans le courant de l’année suivante (1664). » Voir Bonnemère. (G.A.)
7 – Voir, dans la scène II de l’acte Ier, la dispute qui s’élève entre le fou Clitidas et l’astrologue Anaxarque. (G.A.)
8 – Dans la Vie de Molière. (G.A.)
9 – A entendre ici Voltaire, on croirait que les dons du roi rendirent l’abondance au royaume. Hélas ! Quels dons ! Et pour quelle famine ! En 1661, on meurt de faim, et c’est alors que le roi se fait boulanger, qu’on établit des fours aux Tuileries, et que, par des ouvertures pratiquées au mur qui longe la rivière, on vend le pain à deux sous six deniers la livre. Il y avait des barrières dressées pour les queues. En 1662, famine plus grande encore. On tombe d’inanition dans les rues, sur les routes ; des hommes se donnent des coups de couteau par désespoir ; des enfants se dévorent la main ; enfin il y a des soulèvements d’affamés contre lesquels le charitable Louis, l’amant de La Vallière, envoie dix compagnies de gardes françaises, cinq de Suisses, et vingt-trois de cavalerie. Et l’on a raison de la faim par la pendaison et les galères. Quant aux remises sur les tailles, dont parle Voltaire, elles appauvrissaient le trésor, sans soulager d’un denier les contribuables. Les traitants seuls en profitaient. Voir Bonnemère. (G.A.)
10 – Il fallait un brevet de la main du roi pour porter ce costume, qu’on appelait juste-au-corps à brevet. (G.A.)
11 – L’ordre du Saint-Esprit.
12 – Ces profusions faites avec l’argent du peuple étaient une véritable injustice, et certes un beaucoup plus grand péché, excepté aux yeux des jésuites, que ceux qu’il pouvait commettre avec ses maîtresses. Cette foule de charges inutiles, d’abus de tout genre, a fait un mal plus durable. Une grande partie de ces abus a subsisté longtemps, et subsiste même encore, quoique aucun des princes qui lui ont succédé n’ait hérité de son goût pour le faste. (K.)