SIÈCLE DE LOUIS XIV - Chapitre XVII - Traité avec la Savoie - Partie 3

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SIÈCLE DE LOUIS XIV - Chapitre XVII - Traité avec la Savoie - Partie 3

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SIÈCLE DE LOUIS XIV

 

PAR

 

VOLTAIRE

 

 

 

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- Partie 3 -

 

 

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CHAPITRE XVII.

 

Traité avec la Savoie. Mariage du duc de Bourgogne.

Paix de Ryswick. Etat de la France et de l’Europe.

Mort et testament de Charles II, roi d’Espagne.

 

 

 

 

 

 

          Charles d’Autriche, après avoir signé la ruine de sa maison et la grandeur de celle de France, languit encore un mois, et acheva enfin, à l’âge de trente-neuf ans (1er novembre 1700), la vie obscure qu’il avait menée sur le trône. Peut-être n’est-il pas inutile, pour faire connaître l’esprit humain, de dire que, quelques mois avant sa mort, ce monarque fit ouvrir à l’Escurial les tombeaux de son père, de sa mère, et de sa première femme, Marie-Louise d’Orléans, dont il était soupçonné d’avoir souffert l’empoisonnement (1). Il baisa ce qui restait de ces cadavres, soit qu’en cela il suivît l’exemple de quelques anciens rois d’Espagne, soit qu’il voulût s’accoutumer aux horreurs de la mort, soit qu’une secrète superstition lui fît croire que l’ouverture de ces tombes retarderait l’heure où il devait être porté dans la sienne.

 

          Ce prince était né aussi faible d’esprit que de corps ; et cette faiblesse s’était répandue sur ses Etats. C’est le sort des monarchies que leur prospérité dépende du caractère d’un seul homme. Telle était la profonde ignorance dans laquelle Charles II avait été élevé, que, quand les Français assignèrent Mons, il crut que cette place appartenait au roi d’Angleterre. Il ne savait ni où était la Flandre, ni ce qui lui appartenait en Flandre (2). Ce roi laissa au duc d’Anjou, petit-fils de Louis XIV, tous ses Etats, sans connaître ce qu’il lui laissait.

 

          Son testament fut si secret que le comte de Harrach, ambassadeur de l’empereur, se flattait encore que l’archiduc était reconnu successeur. Il attendit longtemps l’issue du grand conseil, qui se tint immédiatement après la mort du roi. Le duc d’Abrantès lui dit en l’embrassant : Venfo a despedirme de la casa de Austria. « Je viens prendre congé de la maison d’Autriche. »

 

          Ainsi, après deux cents ans de guerres et de négociations pour quelques frontières des Etats espagnols, la maison de France eut, d’un trait de plume, la monarchie entière, sans traités, sans intrigues, et sans même avoir eu l’espérance de cette succession. On s’est cru obligé de faire connaître la simple vérité d’un fait jusqu’à présent obscurci par tant de ministres et d’historiens séduits par leurs préjugés et par les apparences qui séduisent presque toujours (3). Tout ce qu’on a débité dans tant de volumes, d’argent répandu par le maréchal d’Harcourt, et des ministres espagnols gagnés pour faire signer ce testament, est au rang des mensonges politiques et des erreurs populaires. Mais le roi d’Espagne, en choisissant pour son héritier le petit-fils d’un roi si longtemps son ennemi, pensait toujours aux suites que l’idée d’un équilibre général devait entraîner. Le duc d’Anjou, petit-fils de Louis XIV, n’était appelé à la succession d’Espagne que parce qu’il ne devait pas espérer celle de France ; et le même testament qui, au défaut des puînés du sang de Louis XIV, rappelait l’archiduc Charles, depuis l’empereur Charles VI, portait expressément que l’empire et l’Espagne ne seraient jamais réunis sous un même souverain.

 

          Louis XIV pouvait s’en tenir encore au traité de partage, qui était un gain pour la France ; Il pouvait accepter le testament qui était un avantage pour sa maison. Il est certain que la matière fut mise en délibération dans un conseil extraordinaire (4). Le chancelier de Ponchartrain et le duc de Beauvilliers furent d’avis de s’en tenir au traité ; ils voyaient les dangers d’une nouvelle guerre à soutenir (5). Louis les voyait aussi, mais il était accoutumé à ne les pas craindre. Il accepta le testament (11 novembre 1700) ; et rencontrant, au sortir du conseil, les princesses de Conti avec Madame la duchesse : « Eh bien, leur dit-il en souriant, quel parti prendriez-vous ? » Puis, sans attendre leur réponse : « Quelque parti que je prenne, ajouta-t-il, je sais bien que je serai blâmé (6) »

 

          Les actions des rois, tout flattés qu’ils sont, éprouvent toujours tant de critiques, que le roi d’Angleterre lui-même essuya des reproches dans son parlement ; et ses ministres furent poursuivis pour avoir fait le traité de partage. Les Anglais, qui raisonnent mieux qu’aucun peuple, mais en qui la fureur de l’esprit de parti éteint quelquefois la raison, criaient à la fois, et contre Guillaume qui avait fait le traité, et contre Louis XIV qui le rompait.

 

          L’Europe parut d’abord dans l’engourdissement de la surprise et de l’impuissance, quand elle vit la monarchie d’Espagne soumise à la France, dont elle avait été trois cents ans la rivale. Louis XIV semblait le monarque le plus heureux et le plus puissant de la terre. Il se voyait à soixante et deux ans entouré d’une nombreuse postérité ; un de ses petits-fils allait gouverner, sous ses ordres, l’Espagne, l’Amérique, la moitié de l’Italie et les Pays-Bas. L’empereur n’osait encore que se plaindre.

 

          Le roi Guillaume, à l’âge de cinquante-deux ans (7), devenu infirme et faible, ne paraissait plus un ennemi dangereux. Il lui fallait le consentement de son parlement pour faire la guerre ; et Louis avait fait passer de l’argent en Angleterre, avec lequel il espérait disposer de plusieurs voix de ce parlement. Guillaume et la Hollande, n’étant pas assez forts pour se déclarer, écrivirent à Philippe V, comme au roi légitime d’Espagne (février 1701). Louis XIV était assuré de l’électeur de Bavière, père du jeune prince qui était mort désigné roi. Cet électeur, gouverneur des Pays-Bas au nom du dernier roi Charles II, assurait tout d’un coup à Philippe V la possession de la Flandre, et ouvrait dans son électorat le chemin de Vienne aux armées françaises, en cas que l’empereur osât faire la guerre. L’électeur de Cologne, frère de l’électeur de Bavière, était aussi intimement lié à la France que son frère ; et ces deux princes semblaient avoir raison, le parti de la maison de Bourbon étant alors incomparablement le plus fort. Le duc de Savoie, déjà beau-père du duc de Bourgogne, allait l’être encore du roi d’Espagne ; il devait commander les armées françaises en Italie. On ne s’attendait pas que le père de la duchesse de Bourgogne et de la reine d’Espagne dût jamais faire la guerre à ses deux gendres.

 

          Le duc de Mantoue, vendu à la France par son ministre, se vendit aussi lui-même, et reçut garnison française dans Mantoue. Le Milanais reconnut le petit-fils de Louis XIV sans balancer. Le Portugal même, ennemi naturel de l’Espagne, s’unit d’abord avec elle. Enfin, de Gibraltar à Anvers, et du Danube à Naples, tout paraissait être aux Bourbons. Le roi était si fier de sa prospérité, qu’en parlant au duc de La Rochefoucauld au sujet des propositions que l’empereur lui faisait alors, il se servit de ces termes : « Vous les trouverez encore plus insolentes qu’on ne vous l’a dit (8). »

 

          (Septembre 1701) Le roi Guillaume, ennemi jusqu’au tombeau de la grandeur de Louis XIV, promit à l’empereur d’armer pour lui l’Angleterre et la Hollande : il mit encore le Danemark dans ses intérêts, enfin il signa à La Haye la ligue déjà tramée contre la maison de France. Mais le roi s’en étonna peu ; et comptant sur les divisions que son argent devait jeter dans le parlement anglais, et plus encore sur les forces réunies de la France et de l’Espagne, il sembla mépriser ses ennemis.

 

          Jacques mourut alors à Saint-Germain. (16 septembre 1701) Louis pouvait accorder ce qui paraissait être de la bienséance et de la politique, en ne se hâtant pas de reconnaître le prince de Galles pour roi d’Angleterre, d’Ecosse et d’Irlande, après avoir reconnu Guillaume par le traité de Ryswick. Un pur sentiment de générosité le porta d’abord à donner au fils du roi Jacques la consolation d’un honneur et d’un titre que son malheureux père avait eus jusqu’à sa mort, et que ce traité de Riswick ne lui ôtait pas. Toutes les têtes du conseil furent d’une opinion contraire. Le duc de Beauvilliers surtout fit voir, avec une éloquence forte, tous les fléaux de la guerre qui devaient être le fruit de cette magnanimité dangereuse. Il était gouverneur du duc de Bourgogne, et pensait en tout comme le précepteur de ce prince, le célèbre archevêque de Cambrai, si connu par ses maximes humaines de gouvernement, et par la préférence qu’il donnait aux intérêts des peuples sur la grandeur des rois. Le marquis de Torcy appuya, par des principes de politique, ce que le duc de Beauvilliers avait dit comme citoyen. Il représenta qu’il ne convenait pas d’irriter la nation anglaise par une démarche précipitée. Louis se rendit à l’avis unanime de son conseil ; et il fut résolu de ne point reconnaître le fils de Jacques II pour roi.

 

          Le jour même, Marie de Modène (9), veuve de Jacques, vient parler à Louis XIV dans l’appartement de madame de Maintenon. Elle le conjure en larmes de ne point faire à son fils, à elle, à la mémoire d’un roi qu’il a protégé, l’outrage de refuser un simple titre, seul reste de tant de grandeurs : on a toujours rendu à son fils les honneurs d’un prince de Galles ; on le doit donc traiter en roi après la mort de son père : le roi Guillaume ne peut s’en plaindre, pourvu qu’on le laisse jouir de son usurpation. Elle fortifie ces raisons par l’intérêt de la gloire de Louis XIV. Qu’il reconnaisse ou non le fils de Jacques II, les Anglais ne prendront pas moins parti contre la France, et il aura seulement la douleur d’avoir sacrifié la grandeur de ses sentiments à des ménagements inutiles. Ces représentations et ces larmes furent appuyées par madame de Maintenon. Le roi revint à son premier sentiment, et à la gloire de soutenir autant qu’il pouvait des rois opprimés. Enfin Jacques III fut reconnu le même jour qu’il avait été arrêté dans le conseil qu’on ne le reconnaîtrait pas.

 

          Le marquis de Torcy a fait souvent l’aveu de cette anecdote singulière. Il ne l’a pas insérée dans ses Mémoires manuscrits, parce qu’il pensait, disait-il, qu’il n’était pas honorable à son maître que deux femmes lui eussent fait changer une résolution prise dans son conseil. Quelques Anglais (10) m’ont dit que, peut-être, sans cette démarche, leur parlement n’eût point pris de parti entre les maisons de Bourbon et d’Autriche ; mais que reconnaître ainsi pour leur roi un prince proscrit par eux, leur parut une injure à la nation, et un despotisme qu’on voulait exercer dans l’Europe. Les instructions données par la ville de Londres à ses représentants furent violentes.

 

          « Le roi de France se donne un vice-roi en conférant le titre de notre souverain à un prétendu prince de Galles. Notre condition serait bien malheureuse, si nous devions être gouvernés au gré d’un prince qui a employé le fer, le feu, et les galères, pour détruire les protestants de ses Etats : aurait-il plus d’humanité pour nous que pour ses propres sujets ? »

 

          Guillaume s’expliqua dans le parlement avec la même force. On déclara le nouveau roi Jacques coupable de haute trahison : un bill d’attainder fut porté contre lui, c’est-à-dire qu’il fut condamné à mort comme son grand-père ; et c’est en vertu de ce bill qu’on mit depuis sa tête à prix. Tel était le sort de cette famille infortunée, dont les malheurs n’étaient pas encore épuisés. Il faut avouer que c’était opposer de la barbarie à la générosité du roi de France.

 

          Il paraît très vraisemblable que l’Angleterre se serait toujours déclarée contre Louis XIV, quand même il eût refusé le vain titre de roi au fils de Jacques II. La monarchie d’Espagne, entre les mains de son petit-fils, semblait devoir armer nécessairement contre lui les puissances maritimes. Quelques membres du parlement gagnés n’auraient pas arrêté le torrent de la nation. C’est un problème à résoudre, si madame de Maintenon ne pensa pas mieux que tout le conseil, et si Louis XIV n’eut pas raison de laisser agir la hauteur et la sensibilité de son âme (11).

 

          L’empereur Léopold commença d’abord cette guerre en Italie, dès le printemps de l’année 1701. L’Italie a toujours été le pays le plus cher aux intérêts des empereurs. C’était celui où ses armes pouvaient le plus aisément pénétrer par le Tyrol et par l’Etat de Venise ; car Venise, quoique neutre en apparence, penchait plus, cependant, pour la maison d’Autriche que pour celle de France. Obligée d’ailleurs, par des traités, de donner passage aux troupes allemandes, elle accomplissait ces traités sans peine.

 

          L’empereur, pour attaquer Louis XIV du côté de l’Allemagne, attendait que le corps germanique se fût ébranlé en sa faveur. Il avait des intelligences et un parti en Espagne ; mais les fruits de ces intelligences ne pouvaient éclore, si l’un des fils de Léopold ne se présentait pour les recueillir ; et ce fils de l’empereur ne pouvait s’y rendre qu’à l’aide des flottes d’Angleterre et de Hollande. Le roi Guillaume hâtait les préparatifs. Son esprit, plus agissant que jamais dans un corps sans force et presque sans vie, remuait tout, moins pour servir la maison d’Autriche que pour abaisser Louis XIV.

 

          Il devait, au commencement de 1702, se mettre à la tête des armées. La mort le prévint dans ce dessein. Une chute de cheval acheva de déranger ses organes affaiblis ; une petite fièvre l’emporta. Il mourut (16 mars 1702), ne répondant rien à ce que des prêtres anglais, qui étaient auprès de son lit, lui dirent sur leur religion, et ne marquant d’autre inquiétude que celle dont le tourmentaient les affaires de l’Europe.

 

          Il laissa la réputation d’un grand politique, quoiqu’il n’eût point été populaire, et d’un général à craindre, quoiqu’il eût perdu beaucoup de bataille. Toujours mesuré dans sa conduite, et jamais vif que dans un jour de combat, il ne régna paisiblement en Angleterre que parce qu’il ne voulut pas y être absolu. On l’appelait, comme on sait, le stathouder des Anglais et le roi des Hollandais. Il savait toutes les langues de l’Europe, et n’en parlait aucune avec agrément, ayant beaucoup plus de réflexion dans l’esprit que d’imagination. Son caractère était en tout l’opposé de Louis XIV : sombre, retiré, sévère, sec, silencieux, autant que Louis était affable. Il haïssait les femmes (12) autant que Louis les aimait. Louis faisait la guerre en roi, et Guillaume en soldat. Il avait combattu contre le grand Condé et lui à Senef, et réparant en peu de temps ses défaites à Fleurus, à Steinkerque, à Nervinde ; aussi fier que Louis XIV, mais de cette fierté triste et mélancolique, qui rebute plus qu’elle n’impose. Si les beaux-arts fleurirent en France par le soin de son roi, ils furent négligés en Angleterre, où l’on ne connut plus qu’une politique dure et inquiète, conforme au génie du prince.

 

          Ceux qui estiment plus le mérite d’avoir défendu sa patrie, et l’avantage d’avoir acquis un royaume sans aucun droit de la nature, de s’y être maintenu sans être aimé, d’avoir gouverné souverainement la Hollande sans la subjuguer, d’avoir été l’âme et le chef de la moitié de l’Europe, d’avoir eu les ressources d’un général et la valeur d’un soldat, de n’avoir jamais persécuté personne pour la religion, d’avoir méprisé toutes les superstitions des hommes, d’avoir été simple et modeste dans ses mœurs ; ceux-là, sans doute, donneront le nom de grand à Guillaume plutôt qu’à Louis. Ceux qui sont plus touchés des plaisirs et de l’éclat d’une cour brillante, de la magnificence, de la protection donnée aux arts, du zèle pour le bien public, de la passion pour la gloire, du talent de régner ; qui sont plus frappés de cette hauteur avec laquelle des ministres et des généraux ont ajouté des provinces à la France, sur un ordre de leur roi ; qui s’étonnent davantage d’avoir vu un seul Etat résister à tant de puissances ; ceux qui estiment plus un roi de France qui sait donner l’Espagne à son petit-fils, qu’un gendre qui détrône son beau-père ; enfin ceux qui admirent davantage le protecteur que le persécuteur du roi Jacques, ceux-là donneront à Louis XIV la préférence.

 

 

 

1 – Voyez le chapitre XXVII des Anecdotes. (Voltaire.)

 

2 – Voyez les Mémoires de Torcy, tome I, page 12. (Voltaire.)

 

3 – Tout cet admirable tableau d’intrigues diplomatiques a servi de modèle aux historiens qui depuis Voltaire ont raconté les affaires de la succession d’Espagne. Il est regrettable que presque tous aient oublié de mentionner le nom de leur guide et maître. (G.A.)

 

4 – On connaît même tous les détails de la discussion. Le roi se prononça d’abord pour le traité de partage. (G.A.)

 

5 – A ne considérer que la justice, cette question était délicate. Le traité de partage liait Louis XIV ; mais il n’avait aucun droit de priver son petit-fils d’une succession qui était indépendante de son autorité. Il avait encore moins celui de donner à l’Espagne un autre maître que celui qui était appelé au trône par la règle ordinaire des successions, par le testament de Charles II et le consentement des peuples. Le traité fait avec l’Angleterre paraît donc injuste ; et ce n’est pas de l’avoir violé, mais de l’avoir proposé, qu’on peut faire un reproche à Louis XIV. Devait-il regarder comme absolument nul cet engagement injuste, ou devait-il, en laissant la liberté à son petit-fils d’accepter ou de refuser, se croire obligé à ne lui point donner de secours contre les puissances avec lesquelles il avait pris des engagements ? La guerre qu’elles feraient au nouveau roi d’Espagne n’était-elle point évidemment injuste ? Et l’engagement de ne pas défendre son petit-fils, injustement attaqué, aurait-il pu être légitime ? (K.) – En dépit de ces réflexions, l’acceptation du testament par Louis XIV n’est plus regardée aujourd’hui que comme un sacrifice des intérêts de la nation française fait par le roi aux seuls avantages de sa propre famille. (G.A.)

 

6 – Malgré le mépris où sont en France les prétendus Mémoires de madame de Maintenon, on est pourtant obligé d’avertir les étrangers que tout ce qu’on y dit au sujet de ce testament est faux. L’auteur prétend que lorsque l’ambassadeur d’Espagne vint apporter à Louis XIV les dernières volontés de Charles II, le roi lui répondit : « Je verrai. » Certainement le roi ne fit point une réponse si étrange, puisque, de l’aveu du marquis de Torcy, l’ambassadeur d’Espagne n’eut audience de Louis XIV qu’après le conseil dans lequel le testament fut accepté.

 

Le ministre qu’on avait alors en Espagne s’appelait Blécour, et non pas Belcour. Ce que le roi dit à l’ambassadeur Castel os Rios, dans les Mémoires de Maintenon, n’a jamais été dit que dans ce roman. (Voltaire.)

 

7 – Ou plutôt cinquante ans. (G.A.)

 

8 – Du moins c’est ce que rapportent les Mémoires manuscrits du marquis de Dangeau. Ils sont quelquefois infidèles. (Voltaire.)

 

9 – Il paraît, d’après les notes des Mémoires de Berwick, que Louis XIV avait pris sa résolution avant la mort de Jacques, et qu’ainsi le conseil, dont on a parlé ici, fut tenu avant la troisième visite de Louis XIV à ce prince, celle où il déclara au malheureux Jacques qu’il reconnaîtrait son fils pour roi d’Angleterre. (K.)

 

10 – Entre autres, milord Bolingbroke, dont les Mémoires ont depuis justifié ce que l’auteur du Siècle avance. Voyez ses Lettres, tome II, page 56. C’est ainsi que pense encore M. de Torcy, dans ses Mémoires. Il dit, page 164 du tome I, première édition : « La résolution que prit le roi, de reconnaître le prince de Galles en qualité de roi d’Angleterre, changea les dispositions qu’une grande partie de la nation témoignait à conserver la paix, etc. » Le lord Bolingbroke avoue, dans ses Lettres, que Louis XIV reconnut le prétendant par des importunités de femmes. On voit, par ces témoignages, avec quelle exactitude l’auteur du Siècle de Louis XIV a cherché la vérité et avec quelle candeur il l’a dite.

 

11 – En tenant une autre conduite, Louis XIV n’évitait pas la guerre, c’est vrai ; mais il n’outrageait pas profondément la nation anglaise, qui s’acharna contre nous. (G.A.)

 

12 – On a fait dire à Guillaume : « Le roi de France ne devrait point me haïr ; je l’imite en beaucoup de choses, je le crains en plusieurs, et je l’admire en tout. » On cite sur cela les Mémoires de M. de Dangeau. Je ne me souviens point d’y avoir vu ces paroles : elles ne sont ni dans le caractère ni dans le style du roi Guillaume. Elles ne se trouvent dans aucun mémoire anglais concernant ce prince, et il n’est pas possible qu’il ait dit qu’il imitait Louis XIV, lui dont les mœurs, les goûts, la conduite dans la guerre et dans la paix, furent en tout l’opposé de ce monarque. (Voltaire.)

 

 

 

 

 

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