SIÈCLE DE LOUIS XIV - Chapitre XVI - De ce qui se passait dans le continent - Partie 2
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SIÈCLE DE LOUIS XIV
PAR
VOLTAIRE
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- Partie 2 -
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CHAPITRE XVI.
De ce qui se passait dans le continent, tandis
que Guillaume III envahissait l’Angleterre,
l’Ecosse et l’Irlande, jusqu’en 1697.
Nouvel embrasement du Palatinat.
Victoires des maréchaux de Catinat
et de Luxembourg, etc.
Luxembourg était malade : circonstance funeste dans un moment qui demande une activité nouvelle : (3 août 1692) le danger lui rendit ses forces : il fallait des prodiges pour n’être pas vaincu, et il en fit. Changer de terrain, donner un champ de bataille à son armée qui n’en avait point ; rétablir la droite tout en désordre, rallier trois fois ses troupes, charger trois fois à la tête de la maison du roi, fut l’ouvrage de moins de deux heures. Il avait dans son armée Philippe duc d’Orléans, alors duc de Chartres, depuis régent du royaume, petit-fils de France, qui n’avait pas alors quinze ans (1). Il ne pouvait être utile pour un coup décisif ; mais c’était beaucoup pour animer les soldats, qu’un petit-fils de France encore enfant, chargeant avec la maison du roi, blessé dans le combat, et revenant encore à la charge malgré sa blessure.
Un petit-fils et un petit-neveu du grand Condé servaient tous deux de lieutenants généraux : l’un était Louis de Bourbon, nommé Monsieur le Duc ; l’autre, François-Louis, prince de Conti, rivaux de courage, d’esprit, d’ambition, de réputation ; Monsieur le Duc, d’un naturel plus austère, ayant peut-être des qualités plus solides, et le prince de Conti de plus brillantes. Appelés tous deux par la voix publique au commandement des armées, ils désiraient passionnément cette gloire : mais ils n’y parvinrent jamais, parce que Louis, qui connaissait leur ambition comme leur mérite, se souvenait toujours que le prince de Condé lui avait fait la guerre.
Le prince de Conti fut le premier qui rétablit le désordre, ralliant des brigades, en faisant avancer d’autres ; Monsieur le Duc faisant la même manœuvre, sans avoir besoin d’émulation. Le duc de Vendôme, petit-fils de Henri IV, était aussi lieutenant général dans cette armée. Il servait depuis l’âge de douze ans ; et quoiqu’il en eût alors quarante, il n’avait pas encore commandé en chef. Son frère le grand-prieur était auprès de lui.
Il fallut que tous ces princes se missent à la tête de la maison du roi, avec le duc de Choiseul, pour chasser un corps d’Anglais qui gardait un poste avantageux, dont le succès de la bataille dépendait. La maison du roi et les Anglais étaient les meilleures troupes qui fussent dans le monde. Le carnage fut grand. Les Français, encouragés par cette foule de princes et de jeunes seigneurs qui combattaient autour du général, l’emportèrent enfin. Le régiment de Champagne défit les gardes anglaises du roi Guillaume ; et quand les Anglais furent vaincus, il fallut que le reste cédât.
Boufflers, depuis maréchal de France, accourait dans ce moment même de quelques lieues du champ de bataille avec des dragons, et acheva la victoire.
Le roi Guillaume, ayant perdu environ sept mille hommes, se retira avec autant d’ordre qu’il avait attaqué ; et toujours vaincu, mais toujours à craindre, en tint encore la campagne. La victoire, due à la valeur de tous ces jeunes princes et de la plus florissante noblesse du royaume, fit à la cour, à Paris, et dans les provinces, un effet qu’aucune bataille gagnée n’avait fait encore.
Monsieur le Duc, le prince de Conti, MM. de Vendôme et leurs amis trouvaient, en s’en retournant, les chemins bordés de peuple. Les acclamations et la joie allaient jusqu’à la démence. Toutes les femmes s’empressaient d’attirer leurs regards. Les hommes portaient alors des cravates de dentelle, qu’on arrangeait avec assez de peine et de temps. Les princes s’étant habillés avec précipitation pour le combat, avaient passé négligemment ces cravates autour du cou : les femmes portèrent des ornements faits sur ce modèle ; on les appela des steinkerques. Toutes les bijouteries nouvelles étaient à la steinkerque. Un jeune homme qui s’était trouvé à cette bataille était regardé avec empressement. Le peuple s’attroupait partout autour des princes ; et on les aimait d’autant plus que leur faveur à la cour n’était pas égale à leur gloire.
Ce fut à cette bataille qu’on perdit le jeune prince de Turenne, neveu du héros tué en Allemagne : il donnait déjà des espérances d’égaler son oncle. Ses grâces et son esprit l’avaient rendu cher à la ville, à la cour et à l’armée.
Le général, en rendant compte au roi de cette bataille mémorable, ne daigna pas seulement l’instruire qu’il était malade quand il fut attaqué.
Le même général, avec ces mêmes princes et ces mêmes troupes surprises et victorieuses à Steinkerque, alla surprendre, la campagne suivante, le roi Guillaume par une marche de sept lieues, et l’atteignit à Nervinde. Nervinde est un village près de la Guette, à quelques lieues de Bruxelles. Guillaume eut le temps de se retrancher pendant la nuit, et de se mettre en bataille. On l’attaque à la pointe du jour (29 juillet 1693) ; on le trouve à la tête du régiment de Ruvigni, tout composé de gentilshommes français que la fatale révocation de l’édit de Nantes et les dragonnades avaient forcés de quitter et de haïr leur patrie Ils se vengeaient sur elle des intrigues du jésuite La Chaise et des cruautés de Louvois. Guillaume, suivi d’une troupe si animée, renversa d’abord les escadrons qui se présentèrent contre lui : mais enfin il fut renversé lui-même sous son cheval tué. Il se releva, et continua le combat avec les efforts les plus obstinés.
Luxembourg entra deux fois l’épée à la main dans le village de Nervinde. Le duc de Villeroi fut le premier qui sauta dans les retranchements des ennemis. Deux fois le village fut emporté et repris.
Ce fut encore à Nervinde que ce même Philippe, duc de Chartres, se montra digne petit-fils de Henri IV. Il chargeait pour la troisième fois à la tête d’un escadron. Cette troupe étant repoussée, il se trouva dans un terrain creux, environné de tous côtés d’hommes et de chevaux tués ou blessés. Un escadron ennemi s’avance à lui, lui crie de se rendre ; on le saisit, il se défend seul, il blesse l’officier qui le retenait prisonnier, il s’en débarrasse. On revole à lui dans le moment, et on le dégage. Le prince de Condé, son émule, qui s’étaient tant signalés à Steinkerque, combattaient de même à Nervinde pour leur vie comme pour leur gloire, et furent obligés de tuer des ennemis de leur main, ce qui n’arrive aujourd’hui presque jamais aux officiers généraux, depuis que le feu décide de tout dans les batailles.
Le maréchal de Luxembourg se signala et s’exposa plus que jamais : son fils, le duc de Montmorency, se mit au-devant de lui lorsqu’on le tirait, et reçut le coup porté à son père. Enfin le général et les princes reprirent le village une troisième fois, et la bataille fut gagnée.
Peu de journées furent plus meurtrières. Il y eut environ vingt mille morts, douze mille du côté des alliés, et huit de celui des Français. C’est à cette occasion qu’on disait qu’il fallait chanter plus de De profundis que de Te Deum.
Si quelque chose pouvait consoler des horreurs attachées à la guerre, ce serait ce que dit le comte de Salm, blessé et prisonnier dans Tirlemont. Le maréchal de Luxembourg lui rendait des soins assidus « Quelle nation êtes-vous ! lui dit ce prince : il n’y a point d’ennemis plus à craindre dans une bataille, ni de plus généreux amis après la victoire. »
Toutes ces batailles produisaient beaucoup de gloire, mais peu de grands avantages. Les alliés, battus à Fleurus, à Steinkerque, à Nervinde, ne l’avaient jamais été d’une manière complète. Le roi Guillaume fit toujours de belles retraites, et quinze jours après une bataille, il eût fallu lui en livrer une autre pour être le maître de la campagne. La cathédrale de Paris était remplie des drapeaux ennemis. Le prince de Conti appelait le maréchal de Luxembourg le Tapissier de Notre-Dame. On ne parlait que de victoires. Cependant Louis XIV avait autrefois conquis la moitié de la Hollande et de la Flandre, toute la Franche-Comté, sans donner un seul combat ; et maintenant, après les plus grands efforts et les victoires les plus sanglantes, on ne pouvait entamer les Provinces-Unies : on ne pouvait même faire le siège de Bruxelles.
(1 et 2 septembre 1692) Le maréchal de Lorges avait aussi, de son côté, gagné un grand combat près de Spire-bach : il avait même pris le vieux duc de Virtemberg : il avait pénétré dans son pays ; mais après l’avoir envahi par une victoire, il avait été contraint d’en sortir. Monseigneur vint prendre une seconde fois et saccager Heidelberg que les ennemis avaient repris ; et ensuite il fallut se tenir sur la défensive contre les Impériaux.
Le maréchal de Catinat ne put, après sa victoire de Staffarde et la conquête de la Savoie, garantir le Dauphiné d’une irruption de ce même duc de Savoie, ni après sa victoire de la Marsaille, sauver l’importante ville de Casal (2).
En Espagne, le maréchal de Noailles gagne aussi une bataille (27 mai 1694) sur le bord du Ter. Il prit Gironne et quelques petites places ; mais il n’avait qu’une armée faible, et il fut obligé, après sa victoire, de se retirer devant Barcelone. Les Français, vainqueurs de tous côtés, et affaiblis par leurs succès, combattaient dans les alliés une hydre toujours renaissante. Il commençait à devenir difficile en France de faire des recrues, et encore plus de trouver de l’argent. La rigueur de la saison, qui détruisit les biens de la terre en ce temps, apporta la famine. On périssait de misère au bruit des Te Deum et parmi les réjouissances. Cet esprit de confiance et de supériorité, l’âme des troupes françaises, diminuait déjà un peu. Louis XIV cessa de paraître à leur tête. Louvois était mort (16 juillet 1691) : on était très mécontent de Barbesieux, son fils. (Janvier 1695) Enfin la mort du maréchal de Luxembourg, sous qui les soldats se croyaient invincibles, sembla mettre un terme à la suite rapide des victoires de la France.
L’art de bombarder les villes maritimes avec des vaisseaux retomba alors sur ses inventeurs. Ce n’est pas que la machine infernale avec laquelle les Anglais voulurent brûler Saint-Malo, et qui échoua sans faire d’effet, dût son origine à l’industrie des Français. Il y avait déjà longtemps qu’on avait hasardé de pareilles machines en Europe. C’était l’art de faire partir les bombes aussi juste d’une assiette mouvante que d’un terrain solide, que les Français avaient inventé, et ce fut par cet art que Dieppe, le Havre-de-Grâce, Saint-Malo, Dunkerque et Calais, furent bombardés par les flottes anglaises. (Juillet 1694 et 1695) Dieppe, dont on peut approcher plus facilement, fut la seule qui souffrit un véritable dommage. Cette ville, agréable aujourd’hui par ses maisons régulières, et qui doit ses embellissements à son malheur, fut presque toute réduite en cendres. Vingt maisons seulement au Havre-de-Grace furent écrasées et brûlées par les bombes ; mais les fortifications du port furent renversées. C’est en ce sens que la médaille frappée en Hollande est vraie, quoique tant d’auteurs français se soient récriés sur sa fausseté. On lit dans l’exergue en latin : Le port du Havre brûlé et renversé, etc. Cette inscription ne dit pas que la ville fut consumée, ce qui eût été faux ; mais qu’on avait brûlé le port, ce qui était vrai.
Quelque temps après, la conquête de Namur fut perdue. On avait, en France, prodigué (3) des éloges à Louis XIV pour l’avoir prise, et des railleries et des satires indécentes contre le roi Guillaume, pour ne l’avoir pu secourir avec une armée de quatre-vingt mille hommes. Guillaume s’en rendit maître de la même manière qu’il l’avait vu prendre. Il l’attaqua aux yeux d’une armée encore plus forte que n’avait été la sienne, quand Louis XIV l’assiégea. Il y trouva de nouvelles fortifications que Vauban avait faites. La garnison française qui la défendit, était une armée ; car dans le temps qu’il en forma l’investissement, le maréchal de Boufflers se jeta dans la place avec sept régiments de dragons. Ainsi Namur était défendue par seize mille hommes, et prête à tout moment d’être secourue par près de cent mille.
Le maréchal de Boufflers était un homme de beaucoup de mérite, un général actif et appliqué, un bon citoyen, ne songeant qu’au bien du service, ne ménageant pas plus ses soins que sa vie. Les Mémoires du marquis de Feuquières lui reprochent plusieurs fautes dans la défense de la place et de la citadelle ; ils lui en reprochent encore dans la défense de Lille, qui lui a fait tant d’honneur. Ceux qui ont écrit l’histoire de Louis XIV ont copié servilement le marquis de Feuquières pour la guerre, ainsi que l’abbé de Choisi pour les anecdotes. Ils ne pouvaient pas savoir que Feuquières, d’ailleurs excellent officier, et connaissant la guerre par principes et par expérience, était un esprit non moins chagrin qu’éclairé, l’Aristarque et quelquefois le Zoïle des généraux ; il altère des faits pour avoir le plaisir de censurer des fautes. Il se plaignait de tout le monde, et tout le monde se plaignait de lui. On disait qu’il était le plus brave homme de l’Europe, parce qu’il dormait au milieu de cent mille de ses ennemis. Sa capacité n’ayant pas été récompensée par le bâton de maréchal de France, il employa trop contre ceux qui servaient l’état des lumières qui eussent été très utiles, s’il eût eu l’esprit aussi conciliant que pénétrant, appliqué et hardi.
Il reprocha au maréchal de Villeroi plus de fautes, et de plus essentielles qu’à Boufflers. Villeroi, à la tête d’environ quatre-vingt mille hommes, devait secourir Namur ; mais, quand même les maréchaux de Villeroi et de Boufflers eussent fait généralement tout ce qui se pouvait faire (ce qui est bien rare), il fallait, par la situation du terrain, que Namur ne fût point secourue, et se rendît tôt ou tard. Les bords de la Méhaigne, couverts d’une armée d’observation qui avait arrêté les secours du roi Guillaume, arrêtèrent alors nécessairement ceux du maréchal de Villeroi.
La maréchale de Boufflers, le comte de Guiscard, gouverneur de la ville, le comte du Châtelet de Lomont, commandant de l’infanterie, tous les officiers et les soldats défendirent la ville avec une opiniâtreté et une bravoure admirable, mais qui ne recula pas la prise de deux jours. Quand une ville est assiégée par une armée supérieure, que les travaux sont bien conduits, et que la saison est favorable, on sait à peu près en combien de temps elle sera prise, quelque vigoureuse que la défense puisse être. Le roi Guillaume se rendit maître de la ville et de la citadelle, qui lui coûtèrent plus de temps qu’à Louis XIV (septembre 1695) (4).
Le roi, pendant qu’il perdait Namur, fit bombarder Bruxelles : vengeance inutile, qu’il prenait sur le roi d’Espagne, de ses villes bombardées par les Anglais. Tout cela faisait une guerre ruineuse et funeste aux deux partis.
C’est, depuis deux siècles, un des effets de l’industrie et de la fureur des hommes, que les désolations de nos guerres ne se bornent pas à notre Europe. Nous nous épuisons d’hommes et d’argent pour aller nous détruire aux extrémités de l’Asie et de l’Amérique. Les Indiens, que nous avons obligés par force et par adresse à recevoir nos établissements, et les Américains dont nous avons ensanglanté et ravi le continent, nous regardent comme des ennemis de la nature humaine, qui accourent du bout du monde pour les égorger, et pour se détruire ensuite eux-mêmes.
Les Français n’avaient de colonies dans les grandes Indes que celle de Pondichéry, formée par les soins de Colbert avec des dépenses immenses, dont le fruit ne pouvait être recueilli qu’au bout de plusieurs années. Les Hollandais s’en saisirent aisément, et ruinèrent aux Indes le commerce de la France à peine établi.
(1695) Les Anglais détruisirent les plantations de la France à Saint-Domingue. (1696) Un armateur de Brest ravagea celles qu’ils avaient à Gamble dans l’Afrique. Les armateurs de Saint-Malo portèrent le fer et le feu à Terre-Neuve sur la côte orientale qu’ils possédaient. Leur île de la Jamaïque fut insultée par les escadres françaises, leurs vaisseaux pris et brûlés, leurs côtes saccagées.
Pointis, chef d’escadre, à la tête de plusieurs vaisseaux du roi et de quelques corsaires de l’Amérique, alla surprendre (mai 1697) auprès de la ligne la ville de Carthagène magasin et entrepôt des trésors que l’Espagne tire du Mexique. Le dommage qu’il y causa fut estimé vingt millions de nos livres, et le gain, dix millions. Il y a toujours quelque chose à rabattre de ces calculs, mais rien des calamités extrêmes que causent ces expéditions glorieuses.
Les vaisseaux marchands de Hollande et d’Angleterre étaient tous les jours la proie des armateurs de France, et surtout de Du Guay-Trouin, homme unique en son genre, auquel il ne manqua que de grandes flottes pour avoir la réputation de Dragut ou de Barberousse.
Jean Bart se fit aussi une grande réputation parmi les corsaires. De simple matelot, il devint enfin chef d’escadre, ainsi que Du Guay-Trouin. Leurs noms sont encore illustres.
Les ennemis prenaient moins de vaisseaux marchands français, parce qu’il y en avait moins. La mort de Colbert et la guerre avaient beaucoup diminué le commerce.
Le résultat des expéditions de terre et de mer était donc le malheur universel. Ceux qui ont plus d’humanité que de politique remarqueront que, dans cette guerre, Louis XIV était armé contre son beau-frère, le roi d’Espagne ; contre l’électeur de Bavière, dont il avait donné la sœur à son fils le dauphin ; contre l’électeur palatin, dont il brûla les Etats après avoir marié Monsieur à la princesse palatine. Le roi Jacques fut chassé du trône par son gendre et par sa fille. Depuis même on a vu le duc de Savoie ligué encore contre la France, où l’une de ses filles était dauphine, et contre l’Espagne, où l’autre était reine. La plupart des guerres entre les princes chrétiens sont des espèces de guerres civiles.
L’entreprise la plus criminelle de toute cette guerre fut la seule véritablement heureuse. Guillaume réussit toujours pleinement en Angleterre et en Irlande. Ailleurs les succès furent balancés. Quand j’appelle cette entreprise criminelle, je n’examine pas si la nation, après avoir répandu le sang du père, avait tort ou raison de proscrire le fils, et de défendre sa religion et ses droits ; je dis seulement que, s’il y a quelque justice sur la terre, il n’appartenait pas à la fille et au gendre du roi Jacques de le chasser de sa maison. Cette action serait horrible entre des particuliers ; l’intérêt des peuples semble établir une autre morale pour les princes.
1– Il avait dix-huit ans. (G.A.)
2 – On laissa prendre Casal, en 1695, au duc de Savoie, par suite d’intelligences secrètes. Voyez chapitre XVII. (G.A)
3 – Voyez l’Ode de Boileau, et le Fragment historique de Racine. L’expérience, dit Racine, avait fait connaître au prince d’Orange combien il était inutile de s’opposer à un dessein que le roi conduisait lui-même. (Voltaire.)
4 – L’effet de la prise de Namur fut très grand en Europe. C’était le premier succès considérable de Guillaume sur le continent, et c’était la première fois qu’on enlevait par la force une conquête personnelle à Louis XIV. (G.A.)