SIÈCLE DE LOUIS XIV - Chapitre XVIII - Guerre mémorable pour la succession à la monarchie d’Espagne - Partie 2

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SIÈCLE DE LOUIS XIV - Chapitre XVIII - Guerre mémorable pour la succession à la monarchie d’Espagne - Partie 2

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SIÈCLE DE LOUIS XIV

 

PAR

 

VOLTAIRE

 

 

 

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- Partie 2 -

 

 

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CHAPITRE XVIII.

 

Guerre mémorable pour la succession à la monarchie d’Espagne.

Conduite des ministres et des généraux jusqu’en 1703.

 

 

 

 

          (2 février 1702) Le prince Eugène conserva toujours sa supériorité sur le maréchal de Villeroi. Enfin, au cœur de l’hiver, un jour que ce maréchal dormait avec sécurité dans Crémone, ville assez forte, et munie d’une très grande garnison, il est réveillé au bruit des décharges de mousqueterie. Il se lève en hâte, monte à cheval ; la première chose qu’il rencontre, c’est un escadron ennemi. Le maréchal aussitôt est fait prisonnier, et conduit hors de la ville, sans savoir ce qui s’y passait, et sans pouvoir imaginer la cause d’un événement si étrange. Le prince Eugène était déjà dans Crémone. Un prêtre, nommé Bozzoli, prévôt de Sainte-Marie-la-Neuve, avait introduit les troupes allemandes par un égout. Quatre cents soldats, entrés par cet égout dans la maison du prêtre, avaient sur-le-champ égorgé la garde des deux portes ; les deux portes ouvertes, le prince Eugène entre avec quatre mille hommes. Tout cela s’était fait avant que le gouverneur, qui était Espagnol, s’en fût éveillé. Le secret, l’ordre, la diligence, toutes les précautions possibles, avaient préparé l’entreprise. Le gouverneur espagnol se montre d’abord dans les rues avec quelques soldats ; il est tué d’un coup de fusil : tous les officiers généraux sont ou tués ou pris, à la réserve du comte de Revel, lieutenant général, et du marquis de Praslin. Le hasard confondit la prudence du prince Eugène.

 

          Le chevalier d’Entragues devait faire ce jour-là, dans la ville, une revue du régiment des vaisseaux, dont il était colonel ; et déjà les soldats s’assemblaient à quatre heures du matin, à une extrémité de la ville, précisément dans le temps que le prince Eugène entrait par l’autre. D’Entragues commence à courir par les rues avec ses soldats. Il résiste aux Allemands qu’il rencontre. Il donne le temps au reste de la garnison d’accourir. Les officiers, les soldats, pêle-mêle, les uns mal armés, les autres presque nus, sans commandement, sans ordre, remplissent les rues, les places publiques. On combat en confusion ; on se retranche de rue en rue, de place en place. Deux régiments irlandais, qui faisaient partie de la garnison, arrêtent les efforts des Impériaux. Jamais ville n’avait été surprise avec plus de sagesse, ni défendue avec tant de valeur. La garnison était d’environ cinq mille hommes. Le prince Eugène n’en avait pas encore introduit plus de quatre mille. Un gros détachement de son armée devait arriver par le pont du Pô : les mesures étaient bien prises. Un autre hasard les dérangea toutes. Ce pont du Pô, mal gardé par environ cent soldats français, devait d’abord être saisi par les cuirassiers allemands, qui, dans l’instant que le prince Eugène entra dans la ville, furent commandés pour aller s’en emparer. Il fallait, pour cet effet, qu’étant entrés par la porte du midi, voisine de l’égout, ils sortissent sur-le-champ de Crémone, du côté du nord, par la porte du Pô, et qu’ils courussent au pont. Ils y allaient ; le guide qui les conduisait est tué d’un coup de fusil tiré d’une fenêtre ; les cuirassiers prennent une rue pour une autre : ils allongent leur chemin. Dans ce petit intervalle de temps, les Irlandais se jettent à la porte du Pô ; ils combattent et repoussent les cuirassiers : le marquis de Praslin profite du moment ; il fait couper le pont : alors le secours que l’ennemi attendait ne peut arriver, et la ville est sauvée.

 

          Le prince Eugène, après avoir combattu tout le jour, toujours maître de la porte par laquelle il était entré, se retire enfin, emmenant le maréchal de Villeroi et plusieurs officiers généraux prisonniers, mais ayant manqué Crémone, que son activité et sa prudence, jointes à la négligence du gouverneur, lui avaient donnée, et que le hasard et la valeur des Français et des Irlandais lui ôtèrent.

 

          Le maréchal de Villeroi, extrêmement malheureux en cette occasion, fut condamné à Versailles par les courtisans avec toute la rigueur et l’amertume qu’inspiraient sa faveur et son caractère, dont l’élévation leur paraissait trop approcher de la vanité. Le roi, qui le plaignait sans le condamner, irrité qu’on blamât si hautement son choix, s’échappa à dire (1) : « On se déchaîne contre lui, parce qu’il est mon favori (2) ; » terme dont il ne se servit jamais pour personne que cette seule fois en sa vie. Le duc de Vendôme fut aussitôt nommé pour aller commander en Italie.

 

          Le duc de Vendôme, petit-fils de Henri IV, était intrépide comme lui, doux, bienfaisant, sans faste, ne connaissant ni la haine, ni l’envie, ni la vengeance. Il n’était fier qu’avec des princes ; il se rendait l’égal de tout le reste. C’était le seul général sous lequel le devoir du service, et cet instinct de fureur purement animal et mécanique qui obéit à la voix des officiers, ne menassent point des soldats au combat : ils combattaient pour le duc de Vendôme ; ils auraient donné leur vie pour le tirer d’un mauvais pas, où la précipitation de son génie l’engageait quelquefois. Il ne passait pas pour méditer ses desseins avec la même profondeur que le prince Eugène, et pour entendre comme lui l’art de faire subsister les armées (3). Il négligeait trop les détails ; il laissait périr la discipline militaire ; la table et le sommeil lui dérobaient trop de temps, aussi bien qu’à son frère. Cette mollesse le mit plus d’une fois en danger d’être enlevé ; mais un jour d’action, il réparait tout par une présence d’esprit et par des lumières que le péril rendait plus vives, et ces jours d’action, il les cherchait toujours ; moins fait, à ce qu’on disait, pour une guerre défensive, et aussi propre à l’offensive que le prince Eugène.

 

          Ce désordre et cette négligence qu’il portait dans les armées, il l’avait à un excès surprenant dans sa maison, et même sur sa personne : à force de haïr le faste, il en vint à une malpropreté cynique dont il n’y a point d’exemple ; et son désintéressement, la plus noble des vertus, devint en lui un défaut qui lui fit perdre, par son dérangement, beaucoup plus qu’il n’eût dépensé en bienfaits. On l’a vu manquer souvent du nécessaire. Son frère le grand-prieur, qui commanda sous lui en Italie, avait tous ces mêmes défauts qu’il poussait encore plus loin, et qu’il ne rachetait que par la même valeur. Il était étonnant de voir deux généraux ne sortir souvent de leur lit qu’à quatre heures après midi, et deux princes, petits-fils de Henri IV, plongés dans une négligence de leurs personnes, dont les plus vils des hommes auraient eu honte.

 

          Ce qui est plus surprenant encore, c’est ce mélange d’activité et d’indolence, avec lequel Vendôme fit contre Eugène une guerre vive d’artifices, de surprises, de marches, de passages de rivières, de petits combats souvent aussi inutiles que meurtriers, de batailles sanglantes où les deux partis s’attribuaient la victoire : (15 auguste 1702) telle fut celle de Luzara, pour laquelle les Te Deum furent chantés à Vienne et à Paris. Vendôme était vainqueur toutes les fois qu’il n’avait pas affaire au prince Eugène en personne ; mais, dès qu’il le retrouvait en tête, la France n’avait plus aucun avantage.

 

          (Janvier 1703) Au milieu de ces combats, et des sièges de tant de châteaux, et de petites villes, des nouvelles secrètes arrivent à Versailles que le duc de Savoie, petit-fils d’une sœur de Louis XIII, beau-père du duc de Bourgogne, beau-père de Philippe V, va quitter les Bourbons, et marchande l’appui de l’empereur. Tout le monde est surpris qu’il abandonne à la fois ses deux gendres, et même, à ce qu’on croit, ses véritables intérêts. Mais l’empereur lui promettait tout ce que ses gendres lui avaient refusé, le Montferrat-Mantouan, Alexandrie, Valence, les pays entre le Pô et le Tanaro, et plus d’argent que la France ne lui en donnait. Cet argent devait être fourni par l’Angleterre, car l’empereur en avait à peine pour soudoyer ses armées. L’Angleterre, la plus riche des alliés, contribuait plus qu’eux tous pour la cause commune. Si le duc de Savoie consulta peu les lois des nations et celles de la nature, c’est une question de morale, laquelle se mêle peu de la conduite des souverains. L’événement seul à fait voir à la fin qu’il ne manqua pas, au moins dans son traité, aux lois de la politique (4) : mais il y manqua dans un autre point essentiel ; ce fut en laissant ses troupes à la merci des Français, tandis qu’il traitait avec l’empereur (19 août 1703). Le duc de Vendôme les fit désarmer. Elles n’étaient à la vérité que de cinq mille hommes ; mais ce n’était pas un petit objet pour le duc de Savoie.

 

          A peine la maison de Bourbon a-t-elle perdu cet allié, qu’elle apprend que le Portugal est déclaré contre elle (5). Pierre, roi de Portugal, reconnaît l’archiduc Charles pour roi d’Espagne. Le conseil impérial, au nom de cet archiduc, démembrait, en faveur de Pierre II, une monarchie dans laquelle il n’avait pas encore une ville : il lui cédait, par un de ces traités qui n’ont point eu d’exécution, Vigo, Bayonne, Alcantara, Badajoz, une partie de l’Estramadoure, tous les pays situés à l’occident de la rivière de la Plata en Amérique ; en un mot, il partageait ce qu’il n’avait pas, pour acquérir ce qu’il pourrait en Espagne.

 

          Le roi de Portugal, le prince de Darmstadt, ministre de l’archiduc, l’amirante de Castille, son partisan, implorèrent même le secours du roi de Maroc. Non-seulement ils firent des traités avec ce Barbare pour avoir des chevaux et du blé, mais ils demandèrent des troupes. L’empereur de Maroc, Muley Ismaël, le tyran le plus guerrier et le plus politique qui fût alors chez les nations mahométanes, ne voulut envoyer ses troupes qu’à des conditions dangereuses pour la chrétienté, et honteuses pour le roi de Portugal : il demandait en otage un fils de ce roi, et des villes. Le traité n’eut point lieu. Les chrétiens se déchirèrent de leurs propres mains, sans y joindre celles des Barbares. Ce secours d’Afrique ne valait pas, pour la maison d’Autriche, celui d’Angleterre et de Hollande.

 

          Churchill, comte et ensuite duc de Marlborough, déclaré général des troupes anglaises et hollandaise dès l’an 1702, fut l’homme le plus fatal à la grandeur de la France qu’on eût vu depuis plusieurs siècles. Il n’était pas comme ces généraux auxquels un ministre donne par écrit le projet d’une campagne, et qui, après avoir suivi à la tête d’une armée les ordres du cabinet, reviennent briguer l’honneur de servir encore. Il gouvernait alors la reine d’Angleterre, et par le besoin qu’on avait de lui, et par l’autorité que sa femme avait sur l’esprit de cette reine (6). Il menait le parlement par son crédit et par celui de Godolphin, grand trésorier, dont le fils épousa sa fille. Ainsi, maître de la cour, du parlement, de la guerre, et des finances, plus roi que n’avait été Guillaume, aussi politique que lui, et beaucoup plus grand capitaine, il fit plus que les alliés n’osaient espérer. Il avait, par-dessus tous les généraux de son temps, cette tranquillité de courage, au milieu du tumulte, et cette sérénité d’âme dans le péril, que les Anglais appellent cold head, tête froide. C’est peut-être cette qualité, le premier don de la nature pour le commandement, qui a donné autrefois tant d’avantages aux Anglais sur les Français dans les plaines de Poitiers, de Crécy, et d’Azincourt.

 

          Marlborough, guerrier infatigable pendant la campagne, devenait un négociateur aussi agissant pendant l’hiver. Il allait à La Haie et dans toutes les cours d’Allemagne. Il persuadait les Hollandais de s’épuiser pour abaisser la France. Il excitait les ressentiments de l’électeur palatin. Il allait flatter la fierté de l’électeur de Brandebourg, lorsque ce prince voulut être roi. Il lui présentait la serviette à table, pour en tirer un secours de sept à huit mille soldats. Le prince Eugène, de son côté, ne finissait une campagne que pour aller faire lui-même à Vienne les préparatifs de l’autre. On sait si les armées en sont mieux pourvues quand le général est le ministre. Ces deux hommes, tantôt commandent ensemble, tantôt séparément, furent toujours d’intelligence ; ils conféraient souvent à La Haye avec le grand pensionnaire Heinsius et le greffier Fagel, qui gouvernaient les Provinces-Unies avec autant de lumières que les Barneveldt et les de Witt, et avec plus de bonheur. Ils faisaient toujours de concert mouvoir les ressorts de la moitié de l’Europe contre la maison de Bourbon ; et le ministère de France était alors bien faible pour résister longtemps à ces forces réunies. Le secret de leur projet de campagne fut toujours gardé entre eux. Ils arrangeaient eux-mêmes leurs desseins, et ne les confiaient à ceux qui devaient les seconder qu’au point de l’exécution (7). Chamillart, au contraire, n’étant ni politique, ni guerrier, ni même homme de finance, et jouant cependant le rôle d’un premier ministre, dans l’impuissance où il était de faire des arrangements par lui-même, les recevait de plusieurs mains subalternes. Son secret était quelquefois divulgué, avant même qu’il sût précisément ce qu’on devait faire. C’est ce que le marquis de Feuquières lui reproche avec raison : et madame de Maintenon avoue dans ses lettres que cet homme qu’elle avait choisi était un ministre incapable. Ce fut là une des principales causes du malheur de la France.

 

          Dès que Marlborough eut le commandement des armées confédérées en Flandre, il fit voir qu’il avait appris l’art de la guerre sous Turenne. Il avait fait autrefois ses premières campagnes volontaires sous ce général. On ne l’appelait dans l’armée que le bel Anglais ; mais le vicomte de Turenne avait jugé que le bel Anglais serait un jour un grand homme. Il commença par élever des officiers subalternes et jusque alors inconnus, dont il démêlait le mérite, sans s’assujettir à l’ordre du grade militaire, que nous appelons en France l’ordre du tableau. Il savait que quand les grades ne sont que la suite de l’ancienneté, l’émulation périt ; et qu’un officier, pour être plus ancien, n’est pas toujours meilleur. (1702) Il forma d’abord des hommes. Il gagna du terrain sur les Français sans combattre. Le premier mois, le comte d’Athlone, général hollandais, lui disputait le commandement ; et dès le second, il fut obligé de lui déférer en tout. Le roi de France avait envoyé contre lui son petit-fils le duc de Bourgogne, prince sage et juste, né pour rendre les hommes heureux. Le maréchal de Boufflers, homme d’un courage infatigable, commandait l’armée sous ce jeune prince. Mais le duc de Bourgogne, après avoir vu prendre plusieurs places, après avoir été forcé de reculer par les marches savantes de l’Anglais, revint à Versailles au milieu de la campagne. (Septembre et octobre 1702) Boufflers resta seul témoin des succès de Marlborough, qui prit Venloo, Ruremonde, Liège, avançant toujours, et ne perdant pas un moment la supériorité ;

 

          Marlborough, de retour à Londres après cette campagne, reçut les honneurs dont on peut jouir dans une monarchie et dans une république ; créé duc par la reine, et ce qui est plus flatteur, remercié par les deux chambres du parlement dont les députés vinrent le complimenter dans sa maison.

 

          Il s’élevait cependant un homme qui semblait devoir rassurer la fortune de la France : c’était le maréchal duc de Villars, alors lieutenant-général, et que nous avons vu depuis généralissime des armées de France, d’Espagne, et de Sardaigne, à l’âge de quatre-vingt-deux ans, officier plein d’audace et de confiance. Il avait été l’artisan de sa fortune par son opiniâtreté à faire au-delà de son devoir. Il déplut quelquefois à Louis XIV, et, ce qui était plus dangereux, à Louvois, parce qu’il leur parlait avec la même hardiesse qu’il servait. On lui reprochait de n’avoir pas une modestie digne de sa valeur : mais enfin on s’était aperçu qu’il avait un génie fait pour la guerre, et fait pour conduire des Français. On l’avait avancé en peu d’années, après l’avoir laissé languir longtemps (8).

 

          Il n’y a guère eu d’hommes dont la fortune ait fait plus de jaloux, et qui ait dû moins en faire. Il a été maréchal de France, duc et pair, gouverneur de province ; mais aussi il a sauvé l’Etat : et d’autres, qui l’ont perdu, ou qui n’ont été que courtisans, ont eu à peu près les mêmes récompenses. On lui a reproché jusqu’à ses richesses, quoique médiocres, acquises par des contributions dans le pays ennemi, prix légitime de sa valeur et de sa conduite ; pendant que ceux qui ont élevé des fortunes dix fois plus considérables par des voies honteuses les ont posées avec l’approbation universelle. Il n’a guère commencé à jouir de sa renommée que vers l’âge de quatre-vingt ans. Il fallait qu’il survécût à toute la cour pour goûter pleinement sa gloire.

 

          Il n’est pas inutile qu’on sache qu’elle a été la cause de cette injustice dans les hommes : c’est que le maréchal de Villars n’avait point d’art. Il n’avait ni celui de se faire des amis avec de la probité et de l’esprit, ni celui de se faire valoir, quoiqu’il parlât de lui-même comme il méritait que les autres en parlassent.

 

          Il dit un jour au roi devant toute la cour, lorsqu’il prenait congé pour aller commander l’armée : « Sire, je vais combattre les ennemis de Votre Majesté, et je vous laisse au milieu des miens. » Il dit aux courtisans du duc d’Orléans, régent du royaume, devenus riches par ce bouleversement de l’Etat appelé système : « Pour moi, je n’ai jamais rien gagné que sur les ennemis (9). » Ces discours, où il mettait le même courage que dans ses actions, rabaissaient trop les autres hommes, déjà assez irrités par son bonheur.

 

 

 

 

1 – Voyez les Mémoires de Dangeau. (Voltaire.)

2 – On chantait à la cour, à Paris, et dans l’armée :

Français, rendez grâce à Bellone.

Votre bonheur est sans éclat :

Vous avez conservé Crémone,

Et perdu votre général.

(Voltaire.)

– « L’Ami du roi, dit Michelet, eut le mérite de ressusciter notre verve. Il ranime l’esprit frondeur. Par lui, la chanson politique recommande. » (G.A.)

3 – Dans son armée, « on y mourait comme des mouches, » dit Louville, mais nulle part on n’était plus gai. (G.A.)

4 – Louis XIV lui avait un moment promis l’échange de la Savoie et de Nice contre le Milanais ; mais, pour ne pas mécontenter les Espagnols, il semblait avoir oublié sa promesse. (G.A.)

5 – Le Portugal traita avec l’Angleterre et la Hollande le 16 mai 1703 ; et le 27 décembre de la même année, il passait avec l’Angleterre seule le traité, dit traité Methuem, qui fit de ce pays une colonie anglaise. Voir de Garden. Traités de paix. (G.A.)

6 – Voir chapitre XXII. (G.A.)

7 – « La guerre, c’est, dit M. Michelet, le nom propre du vrai roi, qui va, sous la reine Anne, gouverner et combattre. La guerre, le nom d’Eugène, l’épée, l’âme meurtrière de l’Autriche. Deux sinistres figures, mais d’effet redoutable. Le bel Anglais, avec de nobles traits, a le teint trouble et faux qui dénonce les âmes fangeuses. Eugène, à trente-huit ans, dans son visage indéfiniment long, ses longues et pâles joues flétries, et comme le fantôme d’un vieux prince italien. Ni l’un ni l’autre n’eut le froid sublime de Turenne, son pur génie mathématique. Ces deux hommes eurent avant tout l’esprit de ruse ; ils furent des intrigants d’abord, et non pas des plus élevés. L’Anglais, vendu aux Juifs, fut l’homme de la bourse de Londres. Eugène organisa aux colonies frontières l’instrument machiavélique, le poignard de l’Autriche, qui, retourné contre les peuples, perpétua ce monstre, cette Babel impériale. Il est plaisant de voir ce que Versailles opposait à ces deux exterminateurs. »

8 – Voltaire avait vécu dans la familiarité du maréchal de Villars. Ce portrait qu’il fait de lui n’a rien de contraire à la vérité. Saint-Simon, qui haïssait ce général, est obligé de dire que ses projets étaient hardis, vastes, presque toujours bons ; que jamais homme ne fut plus propre à l’exécution. (G.A.)

9 – Tout ceci doit se trouver dans les Mémoires du maréchal de Villars, manuscrits ; j’y ai lu ces détails. Le premier tome imprimé de ces Mémoires est absolument de lui ; les deux autres sont d’une main étrangère et un peu différente.

On voit, par les dépêches du maréchal, combien il avait à souffrir de la cour de Bavière : « Peut-être valait-il mieux lui plaire que de le bien servir. Ses gens en agissent ainsi. Les Bavarois, les étrangers, tous ceux qui l’ont volé, friponné au jeu, livré à l’empereur, ont fait avec lui leur fortune, etc. »

Il entend par ces mots, livré à l’empereur, une intrigue que les ministres de l’électeur de Bavière formaient alors pour faire la paix avec l’Autriche, dans le temps que la France combattait pour lui. (Voltaire.)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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