CORRESPONDANCE - Année 1778 - Partie 7

Publié le par loveVoltaire

CORRESPONDANCE - Année 1778 - Partie 7

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à M. de Villette.

 

Paris, ….

 

 

          J’étais au désespoir, je l’avoue ; je me croyais méprisé et avili par les amis les plus respectables. La constance de leurs bontés guérit la blessure horrible de mon cœur, et m’empêche de mourir de chagrin plus que de mon vomissement de sang. Que j’aie la consolation de vous voir avant que vous sortiez (1) !

 

 

1 – Ce billet, édité par MM. de Cayrol et A. François, est écrit le lendemain du jour où Voltaire s’était fâché contre lui, M. d’Argental et M. de Thibouville, à cause des changements faits dans Irène pendant sa maladie. (G.A.)

 

 

 

 

 

à Madame la présidente de Meynières.

 

Paris, le 21 Mars 1778 (1).

 

 

          Le malade à qui madame la présidente de Meynières fait l’honneur d’écrire, n’a d’autre titre que celui de malade et de malheureux. Il était attaqué d’une strangurie mortelle et d’un vomissement de sang. Il est guéri de son vomissement ; mais il ne l’est pas de la strangurie. S’il peut à son âge revenir d’un si triste état, il ne manquera pas de venir rendre ses respects à monsieur et madame de Meynières.

 

 

1 – Editeurs, de Cayrol et A. François. (G.A.)

 

 

 

 

 

à M. Tronchin.

 

(1).

 

 

          Je vous l’avais bien dit, mon cher sauveur, que mon vomissement de sang n’était qu’un des symptômes de ma maladie. Le fond est une strangurie opiniâtre, accompagnée d’une… (2) invincible. C’est ce qui me fait enfler les pieds, et qui me fait craindre une hydropisie par laquelle je finirai ; car il faut finir. Comptez que je mourrai tronchinieu.

 

 

1 – Editeurs, de Cayrol et A. François. (G.A.)

2 – Mot illisible. (A. François.)

 

 

 

 

 

à M. le comte de Rochefort.

 

Paris, 28 Mars 1778 (1).

 

 

          Je suis à peine réchappé, monsieur, de deux maladies mortelles à l’âge de quatre-vingt-quatre ans, et mes tourments redoublent par les peines dont vous m’apprenez que vous avez été affligé, vous et madame de Rochefort. Je m’intéresserai à vous jusqu’au dernier moment de ma vie. Je vous serai attaché à tous deux avec la plus vive tendresse.

 

 

1 – Editeurs, de Cayrol et A. François. (G.A.)

 

 

 

 

 

à M. le marquis de Saint-Marc.

 

31 Mars 1778.

 

 

          Monsieur, j’ai appris que c’est vous qui daignâtes hier (1) vous amuser à me donner l’immortalité dans les plus jolis vers du monde. Ils ont apaisé les souffrances que la suite de ma maladie me fait éprouver. Si je ne suis pas encore en état de vous répondre dans le langage charmant dont vous faites un si bel usage, je vous supplie du moins d’agréer ma vive reconnaissance et le respect avec lequel j’ai l’honneur d’être, etc.

 

 

1 – A la sixième représentation d’Irène, où Voltaire assista et où son buste fut couronné sur la scène. (G.A.)

 

 

 

 

 

à Madame la présidente de Meynières.

 

Paris, 31 Mars 1778 (1).

 

 

          Après trente ans d’absence et soixante ans de persécution, j’ai trouvé un public et même un parterre devenu philosophe, et surtout compatissant pour la vieillesse mourante. Mais ce qui me charme le plus, c’est la lettre et la bonté dont vous m’honorez, et l’indulgence de M. le président de Meynières. J’ai l’honneur d’être avec une respectueuse reconnaissance, etc.

 

 

1 – Editeurs, de Cayrol et A. François. (G.A.)

 

 

 

 

 

à Madame de Saint-Julien.

 

6 Avril, à six heures du soir.

 

 

          Madame d’Ennery et madame sa sœur sortent de chez moi, madame. Je leur ai répété ce que j’avais dit et dû dire à M. de Schomberg et à M. de Villarceaux, que, si elles pensaient à cette maison (1), j’avais trop de respect pour elles pour aller sur leur marché. Elles m’ont répondu qu’elles étaient prêtes à me vendre cette maison, qui était à elles. Je leur ai dit : Mesdames, il faut que vous en soyez maîtresses par un contrat, pour être en droit de la vendre. – Monsieur, nous avons une parole de madame de Villarceaux. – Mesdames, une parole d’honnêteté n’a jamais mis personne en possession d’un bien. Monsieur, on nous a promis de nous la vendre à vie, et nous vous la vendrons à vie, si vous voulez. – Mesdames, si vous l’aviez pour votre vie, vous ne pourriez pas me la vendre pour la mienne.

 

          Ces dames n’entendent pas parfaitement les affaires ; elles disent qu’elles ont parole de trouver de l’argent, et ne l’ont point encore. Elles disent qu’elles feraient les achèvements nécessaires en un an. Je les ferais en deux mois. Je paierais sur-le-champ M. et madame de Villarceaux. Il ne s’agirait que d’engager madame d’Ennery à me donner un billet par lequel elle permettrait que je fisse marché avec M. de Villarceaux.

 

          Vous savez, madame, que je meurs d’envie d’être votre voisin, et de finir mes jours près de l’hôtel de Choiseul et près du vôtre.

 

 

1 – Il s’agit d’un hôtel voisin de celui où Voltaire est mort, et qui touchait à celui de madame de Saint-Julien. Il appartenait à M. de Villarceaux. (G.A.)

 

 

 

 

 

 

 

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