FACÉTIE - Instruction du gardien des capucins de Raguse
Photo de PAPAPOUSS
INSTRUCTION
DU GARDIEN DES CAPUCINS DE RAGUSE,
A FRÈRE PÉDICULOSO (1) PARTANT POUR
LA TERRE SAINTE.
- 1768 -
[On croit que cette jolie facétie parut à la fin de 1763.
Les Mémoires de Bachaumont la signalent en février
1769.] (G.A.)
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I – La première chose que vous ferez, frère Pédiculoso, sera d’aller voir le paradis terrestre où Dieu créa Adam et Eve, si connu des anciens Grecs et des premiers Romains, des Perses, des Egyptiens, des Syriens, qu’aucun auteur de ces nations n’en a jamais parlé. Il vous sera très aisé de trouver le paradis terrestre, car il est à la source de l’Euphrate, du Tigre, de l’Araxe et du Nil ; et quoique les sources du Nil et de l’Euphrate soient à mille lieues l’une de l’autre, c’est une difficulté qui ne doit nullement vous embarrasser. Vous n’aurez qu’à demander le chemin aux capucins qui sont à Jérusalem, vous ne pourrez vous égarer.
II – N’oubliez pas de manger du fruit de l’arbre de la science du bien et du mal ; car vous nous paraissez un peu ignorant et malin. Quand vous en aurez mangé, vous serez un très savant et très honnête homme. L’arbre de la science est un peu vermoulu ; ses racines sont faites des œuvres des rabbins, des ouvrages du pape Grégoire le Grand, des œuvres d’Albert le Grand, de saint Thomas, de saint Bonaventure, de saint Bernard, de l’abbé Trithème, de Calvin, du révérend père Garasse, de Bellarmin, de Suarez, de Sanchez, du docteur Tournelli et du docteur Tamponet (2). L’écorce est rude, les feuilles piquent comme l’ortie ; le fruit est amer comme chicotin ; il porte au cerveau comme l’opium ; on s’endort quand on en a un peu trop pris, et on endort les autres : mais dès qu’on est réveillé, on porte la tête haute ; on regarde les gens du haut en bas ; on acquiert un sens nouveau qui est fort au-dessus du sens commun ; on parle d’une manière inintelligible, qui tantôt vous procure de bonnes aumônes, et tantôt cent coups de bâton. Vous nous répondrez peut-être qu’il est dit expressément dans le Béresith ou Genèse : « Le même jour que vous en aurez mangé, vous mourrez très certainement. » Allez, notre cher frère, il n’y a rien à craindre. Adam en mangea et vécut encore neuf cent trente ans.
III – A l’égard du serpent qui était la bête des champs la plus subtile, il est enchaîné, comme vous savez, dans la Haute-Egypte ; plusieurs missionnaires l’ont vu. Bochart (3) vous dira quelle langue il parlait et quel air il siffla pour tenter Eve ; mais prenez bien garde d’être sifflé. Vous expliquerez ensuite quel est le bœuf qui garda la porte du jardin : car vous savez que chérub en hébreu et en chaldéen signifie un bœuf, et que c’est pour cela qu’Ezéchiel dit que le roi de Tyr est un chérub. Que de chérubs, ô ciel ! nous avons dans ce monde ! Lisez sur cela saint Ambroise, l’abbé Rupert et surtout le chérub dom Calmet.
IV – Examinez bien le signe que le Seigneur mit à Caïn. Observez si c’était sur la joue ou sur l’épaule. Il méritait bien d’être fleurdelisé pour avoir tué son frère ; mais comme Romulus, Richard III, Louis XI, etc…, etc., en ont fait autant, nous voyons bien que vous n’insisterez pas sur un fratricide pardonné, tandis que toute la race est damnée pour une pomme.
V – Vous prétendez pousser jusqu’à la ville d’Enoch que Caïn bâtit dans la terre de Nod ; informez-vous soigneusement du nombre de maçons, de charpentiers, de menuisiers, de forgerons, de serruriers, de drapiers, de bonnetiers, de cordonniers, de teinturiers, de cardeurs de laine, de laboureurs, de bergers, de manœuvres, d’exploiteurs de mines de fer ou de cuivre, de juges, de greffiers qu’il employa lorsqu’il n’y avait encore que quatre ou cinq personnes sur la terre.
Enoch est enterré dans cette ville que bâtit Caïn son aïeul, mais il vit encore ; sachez où il est, demandez-lui des nouvelles de sa santé, et faites-lui nos compliments.
VI - De là vous passerez entre les jambes des géants qui sont nés des anges et des filles des hommes, et vous leur présenterez les vampires du révérend père dom Calmet (4) ; mais, surtout, parlez-leur poliment, car ils n’entendent pas raillerie.
VII – Vous comptez aller ensuite sur le mont Ararat voir les restes de l’arche qui sont de bois de Gopher. Vérifiez les mesures de l’arche données sur les lieux par l’illustre M. Lepelletier (5). Mesurez exactement la montagne, mesurez ensuite celle de Pitchincha et de Chimboraço au Pérou et le mont Saint-Gothard. Supputez avec Whiston et Woodward combien il fallut d’océans pour couvrir tout cela et pour s’élever quinze coudées au-dessus. Examinez tous les animaux purs et impurs qui entrèrent dans l’arche ; et en revenant, ne vous arrêtez pas sur des charognes, comme le corbeau.
Vous aurez aussi la bonté de nous rapporter l’original du texte hébreu qui place le déluge en l’an de la création 1656, l’original samaritain qui le met en 2309, le texte des Septante qui le met en 2262. Accordez les trois textes ensemble et faites un compte juste d’après l’abbé Pluche.
VIII – Saluez de notre part notre père Noé qui planta la vigne. Les Grecs et les Asiatiques eurent le malheur de ne connaître jamais sa personne mais les Juifs ont été assez heureux pour descendre de lui Demandez à voir dans ses archives le pacte que Dieu fit avec lui et avec les bêtes. Nous sommes fâchés qu’il se soit enivré ; ne l’imitez pas.
Prenez surtout un mémoire exact du temps où Gomer, petit-fils de Japhet, vint régner dans l’Europe qu’il trouva très peuplée. C’est un point d’histoire avéré.
IX – Demandez ce qu’est devenu Caïnam, fils d’Arphaxad, si célèbre dans les Septante, et dont la Vulgare ne parle pas. Priez-le de vous conduire à la tour de Babel. Voyez si les restes de cette tour s’accordent avec les mesures que le révérend père Kircher (6) en a données. Consultez Paul Orose, Grégoire de Tours et Paul Lucas.
De la tour de Babel vous irez à Ur en Chaldée, et vous demanderez aux descendants d’Abraham le potier pourquoi il quitta ce beau pays pour aller acheter un tombeau à Hébron et du blé à Memphis ; pourquoi il donna deux fois sa femme pour sa sœur ; ce qu’il gagna au juste à ce manège. Sachez surtout de quel fard elle se servait pour paraître belle à l’âge de quatre-vingt-dix ans. Sachez si elle employait l’eau rose ou l’eau de lavande pour ne pas sentir le gousset quand elle arriva à pied, ou sur son âne, à la cour du roi d’Egypte et à celle du roi de Gérare, car toutes ces choses sont nécessaires à salut.
Vous savez que le Seigneur fit un pacte avec Abraham, par lequel il lui donna tout le pays depuis le fleuve d’Egypte jusqu’à l’Euphrate. Sachez bien précisément pourquoi ce pacte n’a pas été exécuté.
X – Chemin faisant vous irez à Sodome. Demandez des nouvelles des deux anges qui vinrent voir Loth, et auxquels il prépara un bon souper. Sachez quel âge ils avaient quand les Sodomites voulurent leur faire des sottises, et si les deux filles de Loth étaient pucelles lorsque le bonhomme Loth pria les Sodomites de coucher avec ses deux anges. Toute cette histoire est encore très nécessaire à salut. De Sodome vous irez à Gabaaa, et vous vous informerez du nom du lévite auquel les bons Benjamites firent la même civilité que les Sodomites avaient faite aux anges.
XI – Quand vous serez en Egypte, informez-vous d’où venait la cavalerie que le pharaon envoya dans la mer Rouge à la poursuite des Hébreux ; car tous les animaux ayant péri dans la sixième et septième plaies, les impies prétendent que le pharaon n’avait plus de cavalerie. Relisez les Mille et une Nuits, et tout l’Exode, dont Hérodote, Thucydide, Xénophon, Polybe, Tite-Live, font une mention si particulière, ainsi que tous les auteurs égyptiens.
XII – Nous ne vous parlons pas des exploits de Josué, successeur de Mosé, et de la lune qui s’arrêta sur Aïalon en plein midi, quand le soleil s’arrêta sur Gabaon : ce sont de ces choses qui arrivent tous les jours, et qui ne méritent qu’une légère attention.
Mais ce qui est très utile pour la morale, et qui doit infiniment contribuer à rendre nos mœurs plus honnêtes et plus douces, c’est l’histoire des rois juifs. Il faut absolument supputer combien ils commirent d’assassinats. Il y a des pères de l’Eglise qui en comptent cinq cent quatre-vingts ; d’autres neuf cent soixante et dix ; il est important de ne s’y pas tromper. Souvenez-vous, surtout, que nous n’entendons ici que les assassinats de parents, car, pour les autres, ils sont innombrables. Rien ne sera plus édifiant qu’une notice exacte des assassins et des assassinés au nom du Seigneur. Cela peut servir de texte à tous les sermons de cour sur l’amour du prochain.
XIII – Quand de l’histoire des rois vous passerez aux prophètes, vous goûterez et nous ferez goûter des joies ineffables. N’oubliez pas le soufflet donné par le prophète Sédékia au prophète Michée. Ce n’est pas seulement un soufflet probable comme celui du jésuite dont parle Pascal (7), c’est un soufflet avéré par le Saint-Esprit, dont on peut tirer de fortes conséquences pour les joues des fidèles.
Lorsque vous serez à Ezéchiel, c’est là que votre âme se dilatera plus que jamais. Vous verrez d’abord, chapitre Ier, quatre animaux à mufles de lion, de bœuf, d’aigle et d’homme ; une roue à quatre faces semblable à l’eau de mer, chaque face ayant plus d’yeux qu’Argus, et les quatre parties de la roue marchant à la fois. Vous savez qu’ensuite le prophète mangea par ordre de Dieu un livre tout entier de parchemin. Demandez soigneusement à tous les prophètes que vous rencontrerez, ce qui était écrit dans ce livre. Ce n’est pas tout le Seigneur donne des cordes au prophète pour le lier. Tout lié qu’il est, il trace le plan de Jérusalem sur une brique ; puis il se couche sur le côté gauche pendant trois cent quatre-vingt-dix jours, et ensuite pendant quarante jours sur le côté droit.
XIV – Si vous déjeunez avec Ezéchiel, prenez garde, notre cher frère, n’altérez point son texte, comme vous avez déjà fait c’est un des péchés contre le Saint-Esprit. Vous avez osé dire que Dieu ordonna au prophète de faire cuire son pain avec de la bouse de vache ; ce n’est point cela, il s’agit de mieux. Lisez la Vulgate, Ezechiel,chap. IV, V.12 : Comedes illud, et stercore quot egreditur de homine operies illud in oculis eorum. « Tu le mangeras, tu le couvriras de la merde qui sort du corps de l’homme. » Le prophète en mangea, et il s’écria : Pouah ! pouah ! pouah ! Domine Deusmeus, ecce anima mea non est polluta. « Pouah ! pouah ! pouah ! Seigneur mon Dieu, je n’ai jamais fait de pareil déjeuner. » Et le Seigneur, par accommodement, lui dit : « Je te donne de la fiente de bœuf au lieu de merde d’homme. »
Conservez toujours la pureté du texte, notre cher frère, et ne l’altérez pas pour un étron.
Si le déjeuner d’Ezéchiel est un peu puant, le dîner des Israélites dont il parle est un peu anthropophage. « Les pères mangeront leurs enfants, et les enfants mangeront leurs pères. » Passe encore que les pères mangent les enfants qui sont dodus et tendres ; mais que les enfants mangent leurs pères qui sont coriaces, cela est-il de la nouvelle cuisine ?
XV – Il y a une grande dispute entre les doctes sur le XXXIXe chapitre de ce même Ezéchiel. Il s’agit de savoir si c’est aux Juifs ou aux bêtes que le Seigneur promet de donner le sang des princes à boire, et la chair des guerriers à manger. Nous croyons que c’est aux uns et aux autres. Le verset 17 est incontestablement pour les bêtes ; mais les versets 18, 19 et suivants sont pour les Juifs : « Vous mangerez le cheval et le cavalier. » Non-seulement le cheval, comme les Scythes qui étaient dans l’armée du roi de Perse, mais encore le cavalier, comme de dignes Juifs ; donc ce qui précède les regarde aussi. Voyez à quoi sert l’intelligence des Ecritures !
XVI – Les passages les plus essentiels d’Ezéchiel, les plus conformes à la morale, à l’honnêteté publique, les plus capables d’inspirer la pudeur aux jeunes garçons et aux jeunes filles, sont ceux où le Seigneur parle d’Oolla et de sa sœur Ooliba. On ne peut trop répéter ces textes admirables.
Le seigneur dit à Oolla : « Vous êtes devenue grande, vos tétons se sont enflés, votre poil a pointé. Grandiseffectaes, ubera tua intummerunt, pilus tuus germinavit. Le temps des amants est venue ; je me suis étendu sur vous ; j’ai couvert votre ignominie je vous ai donné des robes de toutes couleurs, des souliers d’hyacinthe, des bracelets, des colliers, des pendants d’oreilles… Mais, ayant confiance en votre beauté, vous avez forniqué pour votre compte ; vous vous êtes prostituée à tous les passants ; vous avez bâti un bordel…Ædificasti tibi lupanar ; vous avez forniqué dans les carrefours… On donne de l’argent à toutes les putains, et c’est vous qui en avez donné à vos amants : Omnibus meretricibus dantur mercedes, tu autem dedisti mercedes cunctis amatoribus tuis, etc… Ainsi, vous avez fait le contraire des fornicantes, etc. »
Sa sœur Ooliba a fait encore pis « Elle s’est abandonnée avec fureur à ceux dont les membres sont comme des membres d’ânes, et dont la semence est comme la semence des chevaux : Et insanivit libidine super concubitum eorum quorum carnes sunt ut carnes asinorum, et sicut fluxus equorum fluxus corum. » Le terme de semence est beaucoup plus expressif dans l’hébreu. Nous ne savons si vous devez le rendre par le mot énergique qui est en usage à la cour, chez les dames, en de certaines occasions. C’est ce que nous laissons absolument à votre discrétion.
Après un examen honnête de ces belles choses, nous vous conseillons de passer légèrement sur Jérémie, qui court tout nu dans Jérusalem, chargé d’un bât : mais nous vous prions de ne point passer sous silence le prophète Osée, à qui « le Seigneur ordonne de prendre une femme de fornication, et de se faire des enfants de fornication, parce que la terre fornicante forniquera du Seigneur ; et Osée prit donc Gomer, fille de Debelaïm. » Quelque temps après « Le Seigneur lui ordonne de coucher avec une femme adultère, et il achète une femme déjà adultère pour quinze pièces d’argent et une mesure et demie d’orge. »
Rien ne contribuera plus, notre cher frère, à former l’esprit et le cœur (8) de la jeunesse, que de savants commentaires sur ces textes. Ne manquez pas d’évaluer les quinze pièces d’argent données à cette femme. Nous croyons que cela monte au moins à sept livres dix sous. Les capucins, comme vous savez, ont des filles à meilleur marché.
XVII – Nous vous parlerons peu du Nouveau Testament. Vous concilierez les deux généalogies ; c’est la chose du monde la plus aisée ; car l’une ne ressemble point du tout à l’autre ; il est évident que c’est là le mystère. Le bon Calmet dit naïvement, à propos des deux généalogies de Melchisédech : « Comme le mensonge se trahit toujours par lui-même, les uns racontent sa généalogie d’une manière, les autres d’une autre. » Il avoue donc, dira-t-on, que cette différence énorme de deux généalogies est la preuve évidente d’un puant mensonge. Oui, pour Melchisédech, mais non pas pour Jésus-Christ ; car Melchisédech n’était qu’un homme ; mais Jésus-Christ était homme et Dieu ; donc il lui fallait deux généalogies.
XVIII – Vous direz comment Marie et Joseph emmenèrent leur enfant en Egypte selon Matthieu, et comment, selon Luc, la famille resta à Bethléem. Vous expliquerez toutes les autres contradictions qui sont nécessaires à salut. Il y a de très belles choses à dire sur l’eau changée en vin aux noces de Cana, pour des gens qui étaient déjà ivres ; car Jean, le seul qui en parle, dix expressément qu’ils étaient ivres, et cum inebriati fuerint, dit la Vulgate.
Lisez surtout les Questions de Zapata, docteur de Salamanque, sur le massacre des innocents par Hérode ; sur l’étoile des trois rois ; sur le figuier séché pour n’avoir pas porté de figues, quand ce n’était pas le temps des figues, comme dit le texte. Ceux qui font d’excellents jambons à Bayonne et en Westphalie s’étonnent qu’on ait envoyé le diable dans le corps de deux mille cochons, et qu’on les ait noyés dans un lac. Ils disent que, si on leur avait donné ces cochons au lieu de les noyer, ils y auraient gagné plus de vingt mille florins de Hollande, s’ils avaient été gras. Etes-vous du sentiment du révérend père Lemoine, qui dit que Jésus-Christ devait avoir une dent contre le diable, et qu’il fit fort bien de le noyer, puisque le diable l’avait emporté sur le haut d’une montagne.
XIX – Quand vous aurez mis toutes ces choses dans le jour qu’elles méritent, nous vous recommandons avec la plus vive instance de justifier Luc, lequel ayant écrit le dernier, après tous les autres évangélistes (9), étant mieux informé que tous ses confrères, et ayant tout examiné diligemment depuis le commencement, comme il le dit, doit être un auteur très respectable. Ce respectable Luc assure que lorsque Marie fut prête d’accoucher, César Auguste, qui apparemment s’en doutait, ordonna, pour remplir les prophéties, qu’on fît un dénombrement de toute la terre, et Quirinus, gouverneur de Syrie, publia cet édit en Judée. Les impies, qui ont le malheur d’être savants, vous diront qu’il n’y a pas un mot de vrai ; que jamais Auguste ne donna un édit si extravagant ; que Quirinus ne fut gouverneur de Syrie que dix ans après les couches de Marie, et que ce Luc était probablement un gredin, qui, ayant entendu dire qu’il s’était fait un cens des citoyens romains sous Auguste, et que Quirinus avait été gouverneur de Syrie après Varus, confond toutes les époques et tous les événements ; qu’il parle comme un provincial ignorant de ce qui s’est passé à la cour, et qu’il a encore le petit amour-propre de dire qu’il est plus instruit que les autres.
C’est ainsi que s’expriment les impies ; mais ne croyez que les pies ; parlez toujours en pie (10). Lisez surtout sur cet article les Questions de frère Zapata ; elles vous éclairciront cette difficulté comme toutes les autres.
Il n’y a peut-être pas un verset qui ne puisse embarrasser un capucin ; mais avec la grâce de Dieu on explique tout.
Ne manquez pas de nous avertir si vous rencontrez dans votre chemin quelques-uns de ces scélérats qui ne font qu’un cas médiocre de la transsubstantiation, de l’ascension, de l’assomption, de l’annonciation, de l’inquisition, et qui se contentent de croire un Dieu, de le servir en esprit et en vérité, et d’être justes. Vous reconnaîtrez aisément ces monstres. Ils se bornent à être bons sujets, bons fils, bons maris, bons pères. Ils font l’aumône aux véritables pauvres, et jamais aux capucins. Le révérend père Hayer (11), récollet, doit se joindre à nous pour les exterminer. Il n’y a de vraie religion que celle qui procure des millions au pape, et d’amples aumônes aux capucins. Je me recommande à vos prières et à celles du petit peuple qui habite dans votre sainte barbe.
1 – Pediculoso veut dire pouilleux. (G.A.)
2 – Censeur de la thèse de l’abbé de Prades en 1752. (G.A.)
3 – Auteur de la Géographie sacrée, 1646. (G.A.)
4 – Traité sur les apparitions des esprits et sur les vampires, 1751. (G.A.)
5 – Voyez, dans le Dictionnaire philosophique, l’article DÉLUGE UNIVERSEL. (G.A.)
6 – Un des ouvrages de ce jésuite est intitulé : Turris Babel, 1678. (G.A.)
7 – Quatorzième des Lettres provinciales. (G.A.)
8 – Expression de Rollin. (G.A.)
9 – C’est saint Jean qui écrivit le dernier. Nous l’avons déjà dit dans une note de l’Histoire de l’établissement du christianisme, chap. XII. (G.A.)
10 – Voyez la fin du chapitre VI du Taureau blanc (ROMANS). (G.A.)
11- L’un des collaborateurs du Journal chrétien. (G.A.)