SIECLE DE LOUIS XIV - CATALOGUE - Écrivains - Partie 7 - C
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CATALOGUE
DE LA PLUPART DES ÉCRIVAINS FRANÇAIS
QUI ONT PARU DANS LE SIÈCLE DE LOUIS XIV,
Pour servir à l’histoire littéraire de ce temps.
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CHARLEVAL (Charles Faucon de Ris)
? - 1693
L’un de ceux qui acquirent de la célébrité par la délicatesse de leur esprit, sans se livrer trop au public. La fameuse Conversation du maréchal d’Hocquincourt et du P. Canaye, imprimée dans les Œuvres de Saint-Evremond, est de Charleval, jusqu’à la petite Dissertation sur le jansénisme et sur le molinisme que Saint-Evremond y a ajoutée. Le style de cette fin est très différent de celui du commencement. Feu M. de Caumartin, le conseiller d’Etat, avait l’écrit de Charleval, de la main de l’auteur. On trouve dans le Moréri que le président de Ris (*), neveu de Charleval, ne voulut pas faire imprimer les ouvrages de son oncle, de peur que le nom d’auteur peut-être ne fût une tâche dans sa famille. Il faut être d’un état et d’un esprit bien abjects pour avancer une telle idée dans le siècle où nous sommes ; et c’eût été dans un homme de robe un orgueil digne des temps militaires et barbares, où l’on abandonnait l’étude purement à la robe, par mépris pour la robe et pour l’étude. Mort en 1693 (**)
* Ou plutôt l’abbé Goujet. (G.A.)
** Ou 1688. (G.A.)
CHARPENTIER (François)
1620 - 1702
Né à Paris, en 1620, académicien utile. On a de lui une traduction de la Cyropédie. Il soutint vivement l’opinion que les inscriptions des monuments publics de France doivent être en français. En effet, c’est dégrader une langue qu’on parle dans toute l’Europe, que de ne pas oser s’en servir ; c’est aller contre son but, que de parler à tout le public dans une langue que les trois quarts au moins de ce public n’entendent pas. Il y a une espèce de barbarie à latiniser des noms français que la postérité méconnaîtrait, et les noms de Rocroi et de Fontenoi font un plus grand effet que les noms de Rocrosium et Fonteniacum. Mort en1702.
CHASTRE (Edme de La Chastre-Nançay, comte de La)
? - 1645
Il a laissé des Mémoires. Mort en 1645.
CHAULIEU (Guillaume Anfrye de)
1639 - 1720
Né en Normandie, en 1639, connu par ses poésies négligées, et par les beautés hardies et voluptueuses qui s’y trouvent. La plupart respirent la liberté, le plaisir, et une philosophie au-dessus des préjugés ; tel était son caractère. Il vécut dans les délices, et mourut avec intrépidité en 1720.
Les vers qu’on cite le plus de lui sont la pièce intitulée la Goutte, qui commence ainsi :
Le destructeur impitoyable
Et des marbres et de l’airain :
mais surtout l’Epître sur la mort, au marquis de La Fare.
Plus j’approche du terme, et moins je le redoute ;
Sur des principes sûrs de mon esprit affermi,
Content, persuadé, ne connaît plus le doute ;
Je ne suis libertin, ni dévot à demi.
Exempt des préjugés, j’affronte l’imposture
Des vaines superstitions,
Et me ris des préventions
De ces faibles esprits dont la triste censure
Fait un crime à la créature
De l’usage des biens que lui fit son auteur.
Une autre épître au même fit encore plus de bruit : elle commence ainsi :
J’ai vu de près le Styx, j’ai vu les Euménides ;
Déjà venaient frapper mes oreilles timides
Les affreux cris du chien de l’empire des morts ;
Et les noires vapeurs, et les brûlants transports
Allaient de ma raison offusquer la lumière :
C’est lorsque j’ai senti mon âme tout entière,
Se ramenant en soi, faire un dernier effort
Pour braver les erreurs que l’on joint à la mort.
Ma raison m’a montré, tant qu’elle a pu paraître,
Que rien n’est en effet de ce qui ne peut être ;
Que ces fantômes vains sont enfants de la peur
Qu’une faible nourrice imprime en notre cœur,
Lorsque de loups-garous, qu’elle-même elle pense,
De démons et d’enfers elle endort notre enfance.
Ces pièces ne sont pas châtiées ; ce sont des statues de Michel-Ange ébauchées. Le stoïcisme de ces sentiments ne lui attira point de persécution ; car, quoique abbé, il était ignoré des théologiens, et ne vivait qu’avec ses amis. Il n’aurait tenu qu’à lui de mettre la dernière main à ses ouvrages, mais il ne savait pas corriger. On a imprimé de lui trop de bagatelles insipides de société ; c’est le mauvais goût et l’avarice des éditeurs qui en est cause. Les préfaces qui sont à la tête du recueil sont de ces gens obscurs qui croient être de bonne compagnie en imprimant toutes les fadaises d’un homme de bonne compagnie.
CHEMINAIS
? - 1689
Jésuite. On l’appelait le Racine des prédicateurs, et Bourdaloue le Corneille. Mort en 1689.
CHERON (Elisabeth-Sophie)
1648 - 1711
Née à Paris en 1648, célèbre par la musique, la peinture, et les vers, et plus connue sous son nom que sous celui de son mari, le sieur Le Hay. Morte en 1711.
CHEVREAU (Urbain)
1613 - 1701
Né à Loudun en 1613, savant et bel esprit qui eut beaucoup de réputation : mort en 1701.
CHIFFLET (Jean-Jacques)
1588 - 1660
Né à Besançon en 1588. On a de lui plusieurs recherches : mort en 1660, il y a eu sept écrivains de ce nom.
CHOISI (François-Timoléon de)
1644 - 1724
De L’Académie, né à Paris en 1644, envoyé à Siam. On a sa relation. Il n’était que tonsuré à son départ ; mais à Siam il se fit ordonner prêtre en quatre jours. Il a composé plusieurs histoires, une traduction de l’Imitation de Jésus-Christ, dédiée à madame de Maintenon (*) avec cette épigraphe, Concupiscet rex decorem tuum ; et des Mémoires de la comtesse des Barres. Cette comtesse des Barres, c’était lui-même. Il s’habilla et vécut en femme plusieurs années. Il acheta, sous le nom de la comtesse des Barres, une terre auprès de Tours. Ces Mémoires racontent avec naïveté comment il eut impunément des maîtresses sous ce déguisement. Mais quand le roi fut devenu dévot, il écrivit l’histoire de l’Eglise. Dans ses Mémoires sur la cour on trouve des choses vraies, quelques-unes fausses, et beaucoup de hasardées ; ils sont écrits dans un style trop familier. Mort en 1724.
* Ou plutôt à Louis XIV. (G.A.)
CLAUDE (Jean)
1619 - 1687
Né en Agénois en 1619, ministre de Charenton, et l’oracle de son parti, émule digne des Bossuet, des Arnauld, et des Nicole. Il a composé quinze ouvrages, qu’on lut avec avidité dans le temps des disputes. Presque tous les livres polémiques n’ont qu’un temps. Les fables de La Fontaine, l’Arioste, passeront à la dernière postérité. Cinq ou six mille volumes de controverse sont déjà oubliés. Mort à La Haye en 1687.
COLBERT (Jean-Baptiste)
? - 1746
Marquis de Torcy, neveu du grand Colbert, ministre d’Etat sous Louis XIV , a laissé des Mémoires depuis la paix de Ryswick jusqu’à celle d’Utrecht : ils ont été imprimés pendant qu’on achevait l’édition de cet Essai sur le siècle de Louis XIV (1). Ils confirment tout ce qu’on y avance. Ces Mémoires renferment des détails qui ne conviennent qu’à ceux qui veulent s’instruire à fond : ils sont écrits plus purement que tous les Mémoires de ses prédécesseurs : on y reconnaît le goût de la cour de Louis XIV. Mais leur plus grand prix est dans la sincérité de l’auteur : c’est la vérité, c’est la modération elle-même, qui ont conduit sa plume. Mort en 1746.
* Edition de 1756. (G.A.)
COLLET (Philibert)
1643 - 1718
Né à Châtillon-les-Dobes, en 1643, jurisconsulte et homme libre. Excommunié par l’archevêque de Lyon pour une querelle de paroisse, il écrivit contre l’excommunication, il combattit la clôture des religieuses ; et, dans son Traité de l’usure, il soutint vivement l’usage autorisé en Bresse de stipuler les intérêts avec le capital, usage approuvé dans plus de la moitié de l’Europe, et reçu dans l’autre par tous les négociants, malgré les lois qu’on élude. Il assura aussi que les dîmes qu’on paye aux ecclésiastiques ne sont pas de droit divin. Mort en 1718.
COLOMIEZ (Paul)
? - 1692
Le temps de sa naissance est inconnu : la plupart de ses ouvrages communient à l’être ; mais ils sont utiles à ceux qui aiment les recherches littéraires. Mort à Londres, en 1692.