SIECLE DE LOUIS XIV - CATALOGUE - Écrivains - Partie 27 - R

Publié le par loveVoltaire

SIECLE DE LOUIS XIV - CATALOGUE - Écrivains - Partie 27 - R

Photo de PAPAPOUSS

 

 

 

 

 

 

CATALOGUE

 

DE LA PLUPART DES ÉCRIVAINS FRANÇAIS

 

QUI ONT PARU DANS LE SIÈCLE DE LOUIS XIV,

 

Pour servir à l’histoire littéraire de ce temps.

 

 

 

 

______________

 

 

 

 

 

 

RICHELET (César-Pierre)

 

1631 - 1698

 

 

Né en 1631, le premier qui ait donné un dictionnaire presque tout satirique, exemple plus dangereux qu’utile. Il est aussi le premier auteur des dictionnaires de rimes, tristes ouvrages qui font voir combien il est peu de rimes nobles et riches dans notre poésie, et qui prouvent l’extrême difficulté de faire de bons vers dans notre langue. Mort en 1698.

 

 

 

 

 

RICHELIEU (Armand-Jean Duplessis, cardinal de)

 

1585 - 1642

 

 

Né à Paris, en 1585. Puisque Louis XIV naquit pendant son ministère, on doit mettre parmi les écrivains de ce siècle illustre le fondateur de l’Académie française, auteur lui-même de plusieurs ouvrages Il fit la Méthode des controverses dans son exil à Avignon, après l’assassinat du maréchal d’Ancre et de la Galigaï, ses protecteurs. Les principaux points de la Religion catholique défendus, l’Instruction du Chrétien, et la Perfection du Chrétien, sont à peu près de ce temps-là. Il est bien sûr qu’il ne composait pas la Perfection du Chrétien du temps qu’il faisait condamner à mort le maréchal de Marillac dans sa propre maison de Rueil, et qu’il était avec Marion Delorme dans un appartement, lorsque les commissaires prononcèrent l’arrêt de mort dicté par lui. On sait aussi qu’il y a beaucoup de vers de sa façon dans la tragi-comédie allégorique intitulée Europe, et dans la tragédie de Mirame. On sait qu’il donnait à cinq auteurs les sujets des pièces représentées au palais Cardinal, et qu’il eût mieux fait de s’en tenir au seul Corneille, sans même lui fournir de sujet. Le plus beau de ses ouvrages est la digue de La Rochelle.

 

L’abbé Ladvocat, bibliothécaire de Sorbonne, prétend, dans son Dictionnaire historique, que le cardinal de Richelieu est l’auteur de ce Testament qui a fait tant de bruit, et qui est supposé (*). Il croit devoir ce respect à la mémoire du bienfaiteur de la Sorbonne ; mais c’est rendre un mauvais service à sa mémoire, que de l’accuser d’avoir fait un livre où il n’y a que des erreurs et des fautes de toute espèce. Si malheureusement un ministre d’Etat avait pu composer un si mauvais ouvrage, tout ce qu’on en devrait conclure, c’est qu’on pourrait être un grand ministre, ou plutôt un ministre heureux, avec une grande ignorance des faits les plus communs, des erreurs grossières, et des projets ridicules. C’est donc venger la mémoire du cardinal de Richelieu, que de démontrer, comme on l’a fait, qu’il ne peut être l’auteur de ce testament qui, sans son nom, aurait été ignoré à jamais.

 

L’abbé Ladvocat, tout bibliothécaire qu’il était de la Sorbonne, s’est trompé en disant qu’on avait retrouvé dans cette bibliothèque un manuscrit de cet ouvrage apostillé de la main du cardinal. Le seul manuscrit apostillé ainsi est au dépôt des affaires étrangères ; il n’y fut porté qu’en 1705. Ce n’est point le Testament qui est apostillé, c’est une narration succincte composée par l’abbé de Bourzeis, à laquelle on avait, longtemps après, ajouté ce Testament prétendu : et les notes marginales même, écrites de la main du cardinal, prouvent que cette narration succincte n’était pas de lui ; elles indiquent les omissions de l’abbé de Bourzeis et ce qu’il devait résoudre. Voyez la réponse à M. de Foncemagne (**).

 

On attribue encore au cardinal de Richelieu une Histoire de la mère et du fils ; c’est un récit assez infidèle des malheureux démêlés de Louis XIII avec sa mère. Cette histoire faible et tronquée est probablement de Mézerai : mais dans la multitude des livres dont nous sommes accablés aujourd’hui, qu’importe de quelle main soit un ouvrage médiocre (***) ? Mort en 1642.

 

 

* L’abbé Ladvocat a raison. (G.A.)

** Par Voltaire lui-même. (G.A.)

*** Il est difficile de ne pas regarder cette histoire comme un ouvrage du cardinal de Richelieu. Elle renferme des anecdotes curieuses sur les premières années de Louis XIII, des détails particuliers au cardinal, écrits avec un air de naïveté et de franchise que Mézerai n’aurait pas saisi, et des opinions absolument opposées à celles de cet historien. Il n’en a paru que deux volumes ; le reste est demeuré entre les mains du gouvernement, ou chez les héritiers du cardinal. (K.)

 

 

 

 

 

ROHAULT (Jacques)

 

1620 - 1675

 

 

Né à Amiens, en 1620. Il agrégea et il exposa avec clarté et méthode la philosophie de Descartes  mais aujourd’hui cette philosophie, erronée presque en tout, n’a d’autre mérite que celui d’avoir été opposée aux erreurs anciennes. Mort en 1675.

 

 

 

 

 

ROLLIN (Charles)

 

1661 – 1740

 

 

Né à Paris en 1661, recteur de l’université, le premier de ce corps qui a écrit en français avec pureté et noblesse. Quoique les derniers tomes de son Histoire ancienne, faits trop à la hâte, ne répondent pas aux premiers, c’est encore la meilleure compilation qu’on ait en aucune langue, parce que les compilateurs sont rarement éloquents, et que Rollin l’était. Son livre vaudrait beaucoup mieux si l’auteur avait été philosophe. Il y a beaucoup d’histoires anciennes ; il n’y en a aucune dans laquelle on aperçoive cet esprit philosophique qui distingue le faux du vrai, l’incroyable du vraisemblable, et qui sacrifie l’inutile. Mort en 1740.

 

 

 

 

 

ROTROU (Jean)

 

1609 - 1650

 

 

Né en 1609, le fondateur du théâtre. La première scène et une partie du quatrième acte de Venceslas sont des chefs-d’œuvre. Corneille l’appelait son père. On sait combien le père fut surpassé par le fils. Venceslas ne fut composé qu’après le Cid ; il est entièrement, comme le Cid, d’une tragédie espagnole. Mort en 1650. (*)

 

 

* Voltaire aurait dû signaler l’héroïsme de sa mort. (G.A.)

 

 

 

 

 

ROUSSEAU (Jean-Baptiste)

 

1669 - 1740

 

 

Né à Paris en 1669 (*). De beaux vers, de grandes fautes et de longs malheurs le rendirent très fameux. Il faut, ou lui imputer les couplets qui le firent bannir, couplets semblables à plusieurs qu’il avait avoués, ou flétrir deux tribunaux qui prononcèrent contre lui. Ce n’est pas que deux tribunaux, et même des corps plus nombreux, ne puissent commettre unanimement de très violentes injustices, quand l’esprit de parti domine. Il y avait un parti furieux acharné contre Rousseau. Peu d’hommes ont autant excité et senti la haine. Tout le public fut soulevé contre lui jusqu’à son bannissement, et même encore quelques années après ; mais enfin les succès de La Motte, son rival, l’accueil qu’on lui faisait, sa réputation qu’on croyait usurpée, l’art qu’il avait eu de s’établir une espèce d’empire dans la littérature, révoltèrent contre lui tous les gens de lettres, et les ramenèrent à Rousseau, qu’ils ne craignaient plus. Ils lui rendirent presque tout le public. La Motte leur parut trop heureux, parce qu’il était riche et accueilli ; Ils oubliaient que cet homme était aveugle et accablé de maladies. Ils voyaient dans Rousseau un banni infortuné, sans songer qu’il est plus triste d’être aveugle et malade que de vivre à Vienne et à Bruxelles. Tous deux servent à faire voir combien les hommes sont injustes, combien ils varient dans leurs jugements, et qu’il y a de la folie à se tourmenter pour arracher leurs suffrages. Mort à Bruxelles, en 1740 (**).

 

Rousseau eut rarement dans ses ouvrages de l’aménité, des grâces, du sentiment, de l’invention ; il savait très bien tourner une épigramme licencieuse et une stance. Ses épîtres sont écrites avec une plume de fer trempée dans le fiel le plus dégoûtant. Il appelle mesdemoiselles Louvancourt, qui étaient trois sœurs très aimables, trio de louves acharnées : il appelle le conseiller d’Etat Rouillé Tabarin mordant, caustique et rustre, après lui avoir prodigué des louanges dans une ode assez médiocre. Les mots de Maroufle, de Bélître, salissent ses épîtres. Il faut, sans doute, opposer une noble fierté à ses ennemis : mais ces basses injures sans gaieté, sans agréments, sont le contraire d’une âme noble.

 

Quant aux couplets qui le firent bannir, voyez les articles LA MOTTE et SAURIN (***).

 

On se contentera de remarquer ici que Rousseau ayant avoué qu’il avait fait cinq de ces malheureux couplets, il était coupable de tous les autres au tribunal de tous les juges et de tous les honnêtes gens. Sa conduite après sa condamnation n’est nullement une preuve en sa faveur ; on a entre les mains des lettres du sieur Médine, de Bruxelles, du 7 mai 1737, conçues en ces termes : « Rousseau n’avait d’autre table que la mienne, d’autre asile que chez moi ; il m’avait baisé et embrassé cent fois le jour qu’il força mes créanciers à me faire arrêter. »

 

Qu’on joigne à cela un pèlerinage fait par Rousseau à Notre-Dame de Hall, et qu’on juge s’il doit en être cru sur sa parole dans l’affaire des couplets (****).

 

 

* En 1671. (G.A.)

** En 1741. (G.A.)

*** Voyez aussi le chapitre XXXII. (G.A.)

**** On pourrait ajouter que Rousseau, ayant été maltraité en public par La Faye, insulté dans les couplets, consentit à recevoir de l’argent, et renonça aux poursuites qu’il avait commencées ; ces excès de bassesse le rendent indigne de toute croyance. (K.)

 

 

 

 

 

RUINART (Thierry)

 

1657 - 1709

 

 

Né en 1657, laborieux critique. Il a soutenu contre Dodwell l’opinion que l’Eglise eut dans les premiers temps une foule prodigieuse de martyrs. Peut-être n’a-t-il pas assez distingué les martyrs et les morts ordinaires, les persécutions pour cause de religion, et les persécutions politiques. Quoi qu’il en soit, il est au nombre des savants hommes du temps. C’est principalement dans ce siècle que les bénédictins ont fait les plus profondes recherches, comme Martène, sur les anciens rites de l’Eglise. Thuillier et tant d’autres ont achevé de tirer de dessous terre les décombres du moyen âge. C’est encore un genre nouveau qui n’appartient qu’au siècle de Louis XIV ; et ce n’est qu’en France que les bénédictins y ont excellé. Mort en 1709.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Commenter cet article