SIECLE DE LOUIS XIV - CATALOGUE - Écrivains - Partie 10 - D

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SIECLE DE LOUIS XIV - CATALOGUE - Écrivains - Partie 10 - D

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CATALOGUE

 

DE LA PLUPART DES ÉCRIVAINS FRANÇAIS

 

QUI ONT PARU DANS LE SIÈCLE DE LOUIS XIV,

 

Pour servir à l’histoire littéraire de ce temps.

 

 

 

 

______________

 

 

 

 

DES BARREAUX (Jacques de la Vallée, seigneur)

 

? - 1673

 

 

Il est connu des gens de lettres et de goût par plusieurs petites pièces de vers agréables dans le goût de Sarasin et de Chapelle. Il était conseiller au parlement. On sait qu’ennuyé d’un procès dont il était rapporteur, il paya de son argent ce que le demandeur exigeait, jeta le procès au feu, et se démit de sa charge. Ses petites pièces de poésie sont encore entre les mains des curieux ; elles sont toutes assez hardies. La voix publique lui attribua un sonnet aussi médiocre que fameux, qui finit par ses vers :

 

Tonne, frappe, il est temps, rends-moi guerre pour guerre :

J’adore en périssant la raison qui t’aigrit ;

Mais dessus quel endroit tombera ton tonnerre,

Qui ne soit tout couvert du sang de Jésus-Christ (*) ?

 

          Il est très faux que ce sonnet soit de Des Barreaux ; il était très fâché qu’on le lui imputât. Il est de l’abbé de Lavau, qui était alors jeune et inconsidéré ; j’en ai vu la preuve dans une lettre de Lavau à l’abbé Servien. Des Barreaux est mort en 1673.

 

 

* Avant lui, Desportes avait dit :

 

Ne tourne point les yeux sur mes actes pervers ;

Ou, si tu les veux voir, vois-les teints et couverts

Du beau sang de ton fils, ma grâce et ma justice. (G.A.)

 

 

 

 

 

DES COUTURES (Le baron)

 

? - ?

 

 

Il traduisit en prose et commenta Lucrèce, vers le milieu du règne de Louis XIV. Il pensait comme ce philosophe sur la plupart des premiers principes des choses ; il croyait la matière éternelle, à l’exemple de tous les anciens. La religion chrétienne a seule combattu cette opinion (*).

 

 

* M. Beuchot dit avoir un manuscrit où Voltaire a écrit encore : « Le nombre de ceux qui, à l’exemple des anciens, ont cru la matière éternelle, est étonnant. » (G.A.)

 

 

 

 

 

DESHOULIÈRES (Antoinette du Ligier de La Garde)

 

? - 1694

 

 

De toutes les dames françaises qui ont cultivé la poésie, c’est celle qui a le plus réussi, puisque c’est celle dont on a retenu le plus de vers. C’est dommage qu’elle soit l’auteur du mauvais sonnet contre l’admirable Phèdre de Racine. Ce sonnet ne fut bien reçu du public que parce qu’il était satirique. N’est-ce pas assez que les femmes soient jalouses en amour ? faut-il encore qu’elles le soient en belles-lettres ? Une femme satirique ressemble à Méduse et à Scylla, deux beautés changées en monstres. Morte en 1694.

 

 

 

 

 

DESLYONS (Jean)

 

1616 - 1700

 

 

Né à Pontoise, en 1616, docteur de Sorbonne, homme singulier, auteur de plusieurs ouvrages polémiques. Il voulut prouver que les réjouissances à la tête des rois sont des profanations, et que le monde allait bientôt finir. Mort en 1700.

 

 

 

 

 

DESMARETS DE SAINT-SORLIN (Jean)

 

1595 - 1676

 

 

Né à Paris, en 1595. Il travailla beaucoup à la tragédie de Mirame du cardinal de Richelieu. Sa comédie des Visionnaires passa pour un chef-d’œuvre, mais c’est que Molière n’avait pas encore paru. Il fut contrôleur général de l’extraordinaire des guerres et secrétaire de la marine du Levant. Sur la fin de sa vie, il fut plus connu par son fanatisme que par ses ouvrages. Mort en 1676.

 

 

 

 

 

DESTOUCHES (Philippe Néricault)

 

1680 – 1754

 

 

Né à Tours, en 1680, avait été comédien dans sa jeunesse. Après avoir fait plusieurs comédies, il fut chargé longtemps des affaires de France en Angleterre ; et ayant rempli ce ministère avec succès, il se remit à faire des comédies. On ne trouve pas dans ses pièces la force et la gaieté de Regnard, encore moins ces peintures du cœur humain, ce naturel, cette vraie plaisanterie, cet excellent comique, qui fait le mérite de l’inimitable Molière ; mais il n’a pas laissé de se faire de la réputation après eux. On a de lui quelques pièces qui ont eu du succès, quoique le comique en soit un peu forcé. Il a du moins évité le genre de la comédie qui n’est que langoureuse, de cette espèce de tragédie bourgeoise, qui n’est ni tragique, ni comique, monstre né de l’impuissance des auteurs et de la satiété du public après les beaux jours du siècle de Louis XIV (*). Sa comédie du Glorieux est son meilleur ouvrage, et probablement restera au théâtre, quoique le personnage du Glorieux soit, dit-on, manqué ; mais les autres caractères paraissent traités supérieurement. Mort en 1754.

 

 

* Là finissait l’article en 1757. (G.A.)

 

 

 

 

 

D’HOSIER (Pierre)

 

1592 - 1660

 

 

Né à Marseille, en 1592, fils d’un avocat. Il fut le premier qui débrouilla les généalogies, et qui en fit une science. Louis XIII le fit gentilhomme servant, maître d’hôtel, et gentilhomme ordinaire de sa chambre. Louis XIV lui donna un brevet de conseiller d’Etat. De véritablement grands hommes ont été bien moins récompensés ; leurs travaux n’étaient pas si nécessaires à la vanité humaine. Mort en 1660.

 

 

 

 

 

D’OLIVET (Joseph Thoulier)

 

1682 - ?

 

 

Abbé, conseiller d’honneur de la chambre des comptes de Dôle, de l’Académie Française, né à Salins, en 1682 ; célèbre dans la littérature par son Histoire de l’Académie, lorsqu’on désespérait d’en avoir jamais une qui égalât celle de Pellisson. Nous lui devons les traductions les plus élégantes et les plus fidèles des ouvrages philosophiques de Cicéron, enrichies de remarques judicieuses. Toutes les œuvres de Cicéron, imprimées par ses soins et ornées de ses remarques, sont un beau monument qui prouve que la lecture des anciens n’est point abandonnée dans ce siècle. Il a parlé sa langue avec la même pureté que Cicéron parlait la sienne, et il a rendu service à la grammaire française par les observations les plus fines et les plus exactes. On lui doit aussi l’édition du livre de la Faiblesse de l’Esprit humain, composé par l’évêque d’Avranches, Huet, lorsqu’une longue expérience l’eut fait enfin revenir des absurdes futilités de l’école, et du fatras des recherches des siècles barbares. Les jésuites, auteur du Journal de Trévoux, se déchaînèrent contre l’abbé d’Olivet, et soutinrent que l’ouvrage n’était pas de l’évêque Huet, sur le seul prétexte qu’il ne convenait pas à un ancien prélat de Normandie d’avouer que la scolastique est ridicule, et que les légendes ressemblent aux quatre fils Aymon, comme s’il était nécessaire, pour l’édification publique, qu’un évêque normand fût imbécile. C’est ainsi à peu près qu’ils avaient soutenu que les Mémoires du cardinal de Retz n’étaient pas de ce cardinal. L’abbé d’Olivet leur répondit, et sa meilleure réponse fut de montrer à l’Académie l’ouvrage de l’ancien évêque d’Avranches, écrit de la main de l’auteur. Son âge et son mérite sont notre excuse de l’avoir placé, ainsi que le président Hénault, dans une liste où nous nous étions fait une loi de ne parler que des morts (*).

 

 

* Voltaire paye ici sa dette de reconnaissance à l’un de ses maîtres. (G.A.)

 

 

 

 

 

DOMAT (Jean)

 

? - 1696

 

 

Célèbre jurisconsulte. Son livre des Lois civiles a eu beaucoup d’approbation. Mort en 1696.

 

 

 

 

 

DORLÉANS (Pierre-Joseph)

 

? - 1698

 

 

Jésuite, le premier qui ait choisi dans l’histoire les révolutions pour son seul objet. Celles d’Angleterre qu’il écrivit sont d’un style éloquent  mais depuis le règne de Henri VIII il est plus disert que fidèle. Mort en 1698.

 

 

 

 

 

DOUJAT (Jean)

 

1609 - 1688

 

 

Né à Toulouse, jurisconsulte et homme de lettres. Il faisait tous les ans un enfant à sa femme, et un livre. On en dit autant de Tiraqueau. Le Journal des Savants l’appelle grand homme ; il ne faut pas prodiguer ce titre. Mort en 1688, à soixante-dix-neuf ans.

 

 

 

 

 

DUBOIS (Gérard)

 

1629 - 1696

 

 

Né à Orléans, en 1629, de l’Oratoire. Il a fait l’Histoire de l’Eglise de Paris. Mort en 1696.

 

 

 

 

 

DUBOS (l’abbé)

 

? - 1712

 

 

Son Histoire de la ligue de Cambrai est profonde, politique, intéressante  elle fait connaître les usages et les mœurs du temps, et est un modèle en ce genre. Tous les artistes lisent avec fruit ses Réflexions sur la poésie, la peinture et la musique. C’est le livre le plus utile qu’on ait jamais écrit sur ces matières chez aucune des nations de l’Europe. Ce qui fait la bonté de cet ouvrage, c’est qu’il n’y a que peu d’erreurs et beaucoup de réflexions vraies, nouvelles et profondes. Ce n’est pas un livre méthodique ; mais l’auteur pense, et fait penser. Il ne savait pourtant pas la musique ; il n’avait jamais pu faire de vers, et n’avait pas un tableau ; mais il avait beaucoup lu, vu, entendu et réfléchi. Il publia pendant la guerre de la succession, un ouvrage intitulé les Intérêts de l’Angleterre mal entendu dans la guerre présente (*). Il y prédit la séparation des colonies anglaises, comme la suite nécessaire de la destruction de la puissance française dans l’Amérique septentrionale, du besoin qu’aurait l’Angleterre d’imposer des taxes sur lses colonies, et du refus qu’elles feraient de se soumettre à ces taxes. Mort en 1712.

 

 

* Cette phrase et la précédente sont posthumes. (G.A.)

 

 

 

 

 

DUCANGE (Charles Dufresne)

 

1610 - 1688

 

 

Né à Amiens, en 1610. On sait combien ses deux Glossaires sont utiles pour l’intelligence de tous les usages du Bas-Empire et des siècles suivants. On est effrayé de l’immensité de ses connaissances et de ses travaux. De pareils hommes méritent notre éternelle reconnaissance, après ceux qui ont fait servir leur génie  à nos plaisirs. Il fut un de ceux que Louis XIV récompensa. Mort en 1688.

 

 

 

 

 

DUCERCEAU (Jean-Antoine)

 

1670 - 1730

 

 

Né en 1670, jésuite. On trouve dans ses poésies françaises qui sont du genre médiocre, quelques vers naïfs et heureux. Il a mêlé à la langue épurée de son siècle le langage marotique, qui énerve la poésie par sa malheureuse facilité, et qui gâte la langue de nos jours par des mots et des tours surannés. Mort en 1730.

 

 

 

 

 

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