POÉSIE - A M. François de Neufchâteau
Photo de PAPAPOUSS
A M. FRANÇOIS DE NEUFCHÂTEAU.
– 1766 –
(1)
Si vous brillez à votre aurore,
Quand je m’éteins à mon couchant ;
Si dans votre fertile champ
Tant de fleurs s’empressent d’éclore,
Lorsque mon terrain languissant
Est dégarni des dons de Flore ;
Si votre voix jeune et sonore
Prélude d’un ton si touchant,
Quand je fredonne à peine encore
Les restes d’un lugubre chant ;
Si des Grâces, qu’en vain j’implore,
Vous devenez l’heureux amant ;
Et si ma vieillesse déplore
La perte de cet art charmant
Dont le dieu des vers vous honore ;
Tout cela peut m’humilier :
Mais je n’y vois point de remède ;
Il faut bien que l’on me succède,
Et j’aime en vous mon héritier.
1 – Agé de quinze ou seize ans. Il venait de publier un Recueil de poésies qu’il avait envoyé à Voltaire. (G.A.)