ARTICLES DE JOURNAUX - Sur la mort d'Algarotti

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ARTICLES DE JOURNAUX - Sur la mort d'Algarotti

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ARTICLES DE JOURNAUX.

 

 

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SUR LA MORT D’ALGAROTTI.

 

 

 

 

Gazette littéraire, 27 Juin 1764.

 

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          Messieurs, vous avez annoncé que vous rendriez compte des événements qui intéressent les beaux-arts ; c’en est un fort triste pour eux que la perte de M. Algarotti. Il était comme votre journal, il appartenait à l’Europe. Il n’y a guère d’Etat dans lequel il n’eût voyagé, et qui n’eût servi de matière à ses divers ouvrages.

 

          Ce fut en France qu’il composa la plus grande partie de son Newtonianismo per le Dame. Il était encore fort jeune. La profonde philosophie de Newton ne paraissait pas susceptible des agréments dont M. de Fontenelle avait orné la pluralité des mondes et les tourbillons de Descartes ; l’auteur français avait à traiter deux fictions agréables ; l’Italien avait des vérités de calcul à démontrer. Cependant il imita M. de Fontenelle, s’il ne l’égala pas ; il sut plaire encore après lui ; et il eut la même clarté, s’il n’eut pas la même délicatesse.

 

          Il écrivit sur la Russie dans le temps que l’on commençait à cultiver les sciences dans ce vaste empire. Il traita plusieurs points d’histoire intéressants. On a de lui beaucoup de vers italiens pleins d’images et d’harmonie.

 

          M. Algarotti fut le premier en Italie qui soutint que, pour faire de l’opéra un spectacle complet, il fallait imiter la France, joindre des fêtes au sujet, et incorporer ces divertissements à la pièce. Il donna un plan d’Iphigénie en Aulide pour être traité dans ce goût ; mais un opéra tel que celui de France exige tant d’acteurs, tant de changements de décoration, tant de machines, qu’il est impossible aux entrepreneurs d’Italie de hasarder une si forte dépense. Il faut un grand souverain ou une ville comme Paris pour faire ce que demandait M. Algarotti. S.A.R. l’infant duc de Parme a seul fait exécuter ce projet. Ailleurs on est encore obligé de s’en tenir à l’ancien usage de faire chanter à quatre ou cinq personnages de très longs récitatifs entremêlés d’ariettes souvent étrangères à la scène, de sorte que le dialogue et les airs se nuisent réciproquement.

 

          M. Algarotti était un des plus grands connaisseurs de l’Europe en peinture, en sculpture, en architecture. Il a vu la mort avec courage dans le temps qu’il devait aimer le plus la vie, et il s’est érigé un mausolée plutôt encore par goût pour les beaux-arts que par le désir d’illustrer sa mémoire.

 

 

1 – Voyez à la Correspondance la lettre à d’Argental en date du 30 Juin. (G.A.)

 

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