CONTE EN VERS - L'origine des métiers

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CONTE EN VERS - L'origine des métiers

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L’ORIGINE DES MÉTIERS.

 

 

 

 

 

 

 

Quand Prométhée eut formé son image

D’un marbre blanc façonné par ses mains,

Il épousa, comme on sait, son ouvrage :

Pandore fut la mère des humains.

Dès qu’elle put se voir et se connaître,

Elle essaya son sourire enchanteur,

Son doux parler, son maintien séducteur,

Parut aimer, et captiva son maître ;

Et Prométhée, à lui plaire occupé,

Premier époux, fut le premier trompé.

Mars visita cette beauté nouvelle :

L’éclat du dieu, son air mâle et guerrier,

Son casque d’or, son large bouclier,

Tout le servit, et Mars triompha d’elle.

Le dieu des mers, en son humide cour,

Ayant appris cette bonne fortune,

Chercha la belle, et lui parla d’amour :

Qui cède à Mars peut se rendre à Neptune.

Le blond Phébus, de son brillant séjour,

Vit leurs plaisirs, eut la même espérance :

Elle ne put faire de résistance

Au dieu des vers, des beaux-arts, et du jour.

Mercure était le dieu de l’éloquence :

Il sut parler, il eut aussi son tour.

Vulcain, sortant de sa forge embrasée,

Déplut d’abord, et fut fort mal traité ;

Mais il obtint par importunité

Cette conquête aux autres dieux aisée.

Ainsi Pandore occupa ses beaux ans,

Puis s’ennuya sans en savoir la cause.

Quand une femme aima dans son printemps,

Elle ne peut jamais faire autre chose ;

Mais pour les dieux, ils n’aiment pas longtemps.

Elle avait eu pour eux des complaisances :

Ils la quittaient ; elle vit dans les champs

Un gros satyre, et lui fit les avances.

Nous sommes nés de tous ces passe-temps ;

C’est des humains l’origine première :

Voilà pourquoi nos esprits, nos talents,

Nos passions, nos emplois, tout diffère.

L’un eut Vulcain, l’autre eut Mars pour son père,

L’autre un satyre ; et bien peu d’entre nous

Sont descendus du dieu de la lumière.

De nos parents nous tenons tous nos goûts.

Mais le métier de la belle Pandore,

Quoique peu rare, est encor le plus doux ;

Et c’est celui que tout Paris honore.

 

 

 

 

 

[C’est là le dernier des contes mis sous le nom de Guillaume Vadé.] (G.A.)

 

 

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